Voir aussi : Quelques principes possibles pour une éducation démocratique
L’École obligatoire entretient un rapport organique avec l’État. À ce titre, l’État doit garantir que chaque élève qui quitte l’institution scolaire doit maîtriser les fondamentaux de la citoyenneté. Il doit pouvoir comprendre le monde et la société dans lesquels il sera amené à exercer son rôle tant sur le plan personnel, professionnel que politique. C’est pourquoi les connaissances scolaires enseignées pendant la scolarité obligatoire doivent être structurées par les champs constitutifs de « l’identité citoyenne ». C’est en se demandant, d’abord, ce que doit savoir, comprendre et maîtriser un citoyen qu’on doit élaborer les programmes scolaires. Les disciplines universitaires académiques doivent ensuite être mobilisées comme disciplines contributoires et cela sans exclusive. Il est, à cet égard, regrettable que des disciplines universitaires comme la médecine ou le droit soient exclus de la formation scolaire ou n’y interviennent que très indirectement : repenser l’éducation scolaire en termes de fondamentaux de la citoyenneté devrait permettre de reconstruire le champ des savoirs scolaires en s’émancipant des rapports de forces disciplinaires hérités des siècles derniers. Dans cette perspective, l’ensemble des savoirs scolaires peut être regroupé en deux grands types : les « savoirs transversaux » et les « savoirs spécifiques ». Les « savoirs transversaux » sont, tout à la fois, les outils de construction de la personne et les conditions d’acquisition et de communication des savoirs spécifiques. Ils concernent deux dimensions indissociables : savoir communiquer et savoir créer.
Les « savoirs spécifiques » conditionnent l’accès à une citoyenneté lucide et solidaire. Ils touchent à des problèmes majeurs que, selon la formule d’Octave Gréard, il y a plus d’un siècle, « nul n’a le droit d’ignorer ».
Afin de concrétiser et d’incarner dans les programmes scolaires, sous forme de « socle commun », ces fondamentaux de la citoyenneté, il conviendrait de fixer à chaque niveau de classe l’objectif suivant : « chaque élève devra réaliser, au cours de l’année scolaire, trois projets individuels ou collectifs, un sur chacun des champs de savoir spécifiques ci-dessus. Dans chacun de ces projets, il devra utiliser les connaissances prévues au programme de la classe et témoigner du niveau d’exigence requis par sa classe en matière de communication et de création. » À l’École primaire, ces projets seront accompagnés par les professeurs des écoles, avec, quand cela sera possible, l’appui d’intervenants extérieurs. Ils seront présentés aux familles en fin de chaque trimestre. Au collège, chaque projet devra être accompagné au moins par deux professeurs de deux disciplines différentes. En fin de collège, chaque élève présentera l’ensemble de ses projets devant un jury et la soutenance de ces derniers donnera lieu à la délivrance du Brevet des collèges. Dans le cadre du suivi des projets menés, chaque année, par les élèves, les professeurs seront amenés à détecter les difficultés de ceux-ci : ces difficultés, une fois identifiées, feront l’objet de remédiations individuelles ou collectives. Toute remédiation devra être ponctuelle et porter sur un objectif spécifique. Elle sera organisée au sein de l’école ou de l’établissement dans le cadre d’un travail d’équipe systématique. Philippe Meirieu – Page publiée le 07-02-2005 Voir aussi : Quelques principes possibles pour une éducation démocratique
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