Quel avenir après le bac ? Que deviennent les bacheliers inscrits en université ? Le ministère publie une étude qui retrace le parcours de la cohorte entrée en6ème en 1989. 63% ont obtenu un bac et 36% se sont inscrits en deug. Mais ces taux cachent de fortes différences selon le type de bac. 73% des bacheliers généraux obtiennent un diplôme universitaire supérieur, contre 13% pour les bacheliers technologiques et 3% pour les bacheliers professionnels. A l’issue de la première année de deug, 37% des bacheliers généraux redoublent ou se réorientent contre 66% des bacheliers technologiques et 50% des bacheliers professionnels. Mais 41% d’entre eux arrêtent leurs études. L’entrée sur le marché de l’emploi En 2004, que sont devenus les jeunes sortis de l’enseignement supérieur en 2001 ? Une étude du Céreq suit le parcours de ces 368 000 personnes. Elle montre que le taux de chômage varie fortement selon la formation suivie. En tête, les formations courtes de santé (infirmière, assistante sociale) n’affichent que 2% de chômeurs et ont une rémunération équivalente à celle des jeunes sortant d’une école de commerce (13% de chômage) ou de maîtrise (13%). Si pour les formations universitaires le taux de chômage est inversement proportionnel à la durée des études (docteurs 9%, licenciés 11%), il est particulièrement faible pour les formations professionnelles. 9% des détenteurs d’un BTS sont au chômage (7% seulement pour un BTS industriel). Les licences professionnelles s’insèrent correctement sur le marché de l’emploi : 9% contre 12% pour les licences générales avec un salaire supérieur (1400 euros contre 1300). Des données à nuancer selon les formations précisément suivies. Cependant l’accès aux emplois de cadre se referme : en dessous de bac +5, il est difficile d’y accéder : 90% des sortants d’école d’ingénieur sont cadres, 68% des titulaires de DEA et DES, 36% seulement des titulaires d’une maîtrise. De nouvelles règles d’orientation au collège et au lycée Gilles de Robien a présenté de nouvelles procédures d’orientation pour les collégiens et lycéens. Elles font suite au rapport Hetzel. Il s’agit de lutter contre l’échec des étudiants dans l’enseignement supérieur : 80 000 sorties par an sans diplôme supérieur, un taux de chômage de 11% après la sortie de l’université. Pour cela, Robien croit en la professionnalisation des formations supérieures. Il a d’ailleurs annoncé l’ouverture de 225 nouvelles licences professionnelles en 2007. Le nouveau dispositif comprend 4 niveaux : – en première : une procédure identique sera mise en place en première dès la rentrée 2007. – en terminale : les lycéens rempliront un dossier unique d’orientation contenant leurs demandes. Il sera soumis à un avis du conseil de classe en janvier. Celui-ci sera transmis à l’université qui exprimera elle aussi son avis. Le système est expérimenté dans les académies de Nantes et Poitiers dès cette année. Il sera étendu pour la rentrée 2008 à toutes les académies hors Ile-de-France. – en université : « l’université délivrera un avis sur les choix d’inscription souhaités par l’élève. Il ne s’agit évidemment pas de sélection, mais d’un conseil, pour éviter les inscriptions dans des filières inadaptées. Le choix final restera sous l’entière responsabilité du bachelier« . Cette procédure concernera 180 000 jeunes dès cette année. Parallèlement les universités sont invitées à « porter une plus grande attention à l’insertion professionnelle de leurs diplômés, à mieux identifier les gisements d’emplois existants ou en voie d’émergence. Le but est de mettre en place à l’université des systèmes d’orientation et d’insertion professionnelle qui soient en prise avec le monde de l’emploi et le tissu socio-économique local« . – STS IUT : le ministre a annoncé une réglementation qui aura pour objectif de faciliter l’entrée des bacheliers professionnels et technologiques en STS. « Il y a éviction (de ces jeunes) par les bacs généraux. On travaille à des mesures qu’il est encore trop tôt pour décrire. Il doit y avoir une réalité de la présence des bacheliers professionnels et technologiques dans ces sections« . Le ministre souhaite utiliser toutes les capacités des STS qui ne sont pas assez remplies. Imposer l’entrée de ces bacheliers en IUT semble plus difficile. « Orientation active » ou sélection sociale ? La nouvelle procédure « d’orientation active » mise en place par le gouvernement semble satisfaire tout le monde. Un nombre croissant d’universités l’utilise et, en ce moment même, les professeurs de terminale hésitent d’autant moins à donner un avis d’orientation qu’ils ont le sentiment d’aider leurs élèves. Toutefois la nouvelle procédure introduit une rupture dans l’histoire éducative du pays et constitue une régression sociale sans précédent. Pourtant, l’origine de cette réforme se trouve dans des préoccupations unanimement partagées. Le conseil européen de Lisbonne a souhaité voir les états européens augmenter leur taux de diplômés du supérieur à 50% d’une génération. Cela implique de diminuer un taux d’échec en université qui reste très important. Chaque année 80 000 étudiants quittent le supérieur sans diplôme. Un étudiant sur trois est réorienté. Seulement 39% des bacheliers technologiques obtiennent le Deug. Un taux qui descend à 17% pour les bacheliers professionnels. Quel gâchis ! En octobre 2006, pour lutter contre cela, le rapport du recteur Hetzel a recommandé l’instauration d’une procédure d’orientation qui est devenue officielle en janvier 2007. Le conseil de classe du second trimestre de terminale émet un avis d’orientation qui est communiqué à l’établissement d’enseignement supérieur. Celui-ci conseille l’étudiant et prend une décision de maintien ou non de l’étudiant à la fin du premier semestre universitaire. Comme le proclame le ministre : il y a orientation et non sélection. Le vilain mot est en effet dangereux pour un gouvernement. Et actuellement la procédure semble satisfaire tout le monde. Les jeunes ont le sentiment qu’ils bénéficient d’une aide réelle. Les parents pensent qu’on va s’occuper de leur enfant. Les universitaires pensent qu’ils vont avoir moins d’étudiants et qu’ils seront mieux adaptés aux études universitaires. Et pourtant nous devons attirer l’attention des parents, mais aussi des enseignants, sur les conséquences néfastes d’une « orientation active » qui n’apporte pas de solution réelle aux lycéens. La première tromperie concerne la personnalisation de l’orientation. Si le conseil de classe du lycée va émettre un avis réellement personnel, les universités, à de rares exceptions près, n’ont pas les moyens humains qui leur permettraient un réel suivi des étudiants. Dès octobre, le ministre de l’enseignement supérieur avait reconnu que les universités n’embaucheraient pas de personnel pour suivre cette orientation. On a donc toutes les raisons de penser qu’elle se fera de façon mécanique et que l’entretien prévu avec l’étudiant sera simplement une information de la décision administrative. La logique qui sous-tend la procédure est tout de toute façon celle de la sélection. A l’étudiant qui a du mal à suivre, il n’est pas prévu d’apporter une aide spécifique. Selon la morale officielle de la responsabilisation, il doit ou réussir dès les premiers mois ou dégager. A la fin du premier semestre universitaire, l’établissement prendra une décision qui s’imposera à l’étudiant à qui on fera valoir que « le conseil de classe puis l’université l’avaient prévenu ». L’université aura le droit d’exclure, c’est-à-dire de sélectionner ses étudiants, en cours de première année selon les critères qu’elle se fixera elle-même. On laisse imaginer si les lycées appliquaient la même règle… La procédure, qui se limite à l’éjection automatique, ne constitue évidemment pas une réponse digne d’un état démocratique aux difficultés d’une partie de sa jeunesse. Elle a aussi la particularité de méconnaître les causes d’échec des bacheliers technologiques et professionnels dans le supérieur. Elle ignore qu’un étudiant sur dix arrête ses études pour des raisons économiques. Un taux moyen qui doit être trois ou quatre fois supérieur pour ces bacheliers largement issus des milieux défavorisés. Reste quand même 30 ou 40% d’échec nous dira-t-on. Le ministre feint de croire que ces étudiants viennent en université parce qu’ils sont mal informés et que l’information qui leur sera donnée dans le cadre de la procédure Hetzel les aidera. C’est peut-être vrai pour une partie d’entre eux. Mais la plupart arrivent en université parce qu’ils n’ont pas trouvé place en BTS ou en IUT. C’est tellement vrai que le rapport Hetzel lui -même demande la création de 50 000 places en BTS. Une demande qui est restée lettre morte. Par conséquent le nombre de bacheliers technologiques et professionnels demandant à aller en université va rester le même. La différence c’est qu’ils seront exclus au bout de quelques mois. La procédure n’apporte donc aucune réponse à la formation supérieure de ces jeunes des milieux populaires. C’est pourquoi on peut douter qu’elle s’inscrive réellement dans le cadre l’optique européenne de 50% de diplômés du supérieur. Une perspective qui est d’ailleurs officiellement remise en question par les experts gouvernementaux du Conseil d’analyse stratégique qui dénoncent « l’inflation scolaire ». Quelle est alors la motivation du gouvernement ? Je crains qu’elle ne soit que budgétaire. Les universités françaises manquent effectivement de moyens. En diminuant le nombre de bacheliers inscrits en université, le gouvernement croit avoir touché trois objectifs. Dégager des moyens dont les universités ont bien besoin. Eviter toute remise en cause de l’enseignement secondaire et supérieur dans la préparation intellectuelle des jeunes. Faire jouer la sélection sociale en réservant les filières universitaires aux milieux sociaux favorisés. Alors que les conseils de classe des lycées préparent les décisions d’orientation, il faut qu’ils en envisagent dès maintenant toutes les conséquences. La procédure d’orientation active respecte-elle le droit de tous les jeunes à l’éducation ?
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