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Robien se félicite des réseaux Ambition réussite
» L’égalité des chances est une exigence républicaine qui appelle le consensus et l’engagement de chacun d’entre nous… Priorité du Gouvernement, elle est au coeur de l’ambition de l’Éducation nationale : faire réussir tous les élèves… Je n’insisterai pas sur les nouveaux moyens que j’ai mobilisés. Je veux surtout insister sur la nouvelle logique qui préside à leur utilisation. Elle se résume en quatre mots-clés : ciblage, responsabilisation, innovation, et ambition ». Le ministre de l’éducation nationale réunissait mardi 16 janvier des chefs d’établissement des 249 réseaux Ambition réussite (les écoles et collèges les plus en difficulté dans les Zep) pour faire le bilan d’une année de son « plan de relance de l’éducation prioritaire ».
« Aujourd’hui, toutes les décisions que j’ai annoncées ont été mises en oeuvre , en particulier la mise à disposition de 1 000 enseignants supplémentaires. Ces moyens seront naturellement confirmés pour la prochaine rentrée scolaire… plus de 75 % des enseignants correspondent au profil défini par les comités exécutifs. Ce sont des enseignants expérimentés, dont la moyenne d’âge est de 37 ans … Les assistants pédagogiques sont progressivement recrutés… Vous le voyez, grâce à votre mobilisation, cette première année a été un succès, et nous avons très largement tenu les objectifs que nous avions annoncés » .
Le propos démentait lui-même l’affirmation. Le ministre reconnaît qu’un « professeur expérimenté » sur quatre est en fait un débutant et que plus d’un an après son lancement il n’a toujours pas recruté les assistants pédagogiques promis.
Mais peut-être avait-il quelque chose de nouveau à offrir à cette « priorité gouvernementale » ? Pour les équipes éducatives, Gilles de Robien a promis une prime annuelle de 1 000 euros aux principaux et adjoints des collèges Ambition réussite, l’ouverture d’un site spécialisé, une clé USB pour les enseignants du secteur et quelques parrainages prestigieux. Il envisage d’ouvrir en 2007 une quarantaine de lycées Ambition réussite et d’offrir à ces lycéens un soutien scolaire gratuit. Rien n’a filtré sur le sort des établissements prioritaires EP2 et EP3.
Quelle alternative au plan Ambition réussite ?
En évoquant « l’exigence républicaine » Gilles de Robien situe parfaitement la place que doit prendre l’éducation prioritaire dans le système éducatif français. Même si les jours du plan Ambition réussite semblent comptés, la question demeurera pour les successeurs du ministre actuel. Peut-on recommander une politique pour aider les élèves en difficulté scolaire ?
Les insuffisances du plan Robien. Car on saurait se satisfaire du plan « Ambition réussite » lancé par le ministre. Celui-ci hiérarchise les établissements classés en Zep au point de ne retenir que 249 réseaux en première catégorie (EP1), les autres étant appelés plus ou moins rapidement à perdre les quelques moyens supplémentaires dont ils disposent. Quant aux EP1, eux-mêmes ne bénéficient que d’un saupoudrage de moyens : 1000 enseignants supplémentaires dont on a vu qu’ils n’étaient pas forcément expérimentés et des assistants d’éducation bien difficiles à recruter tant leur salaire et leur perspective de carrière sont sans rapport avec les tâches qu’on leur confient.
Ce que dit la recherche. La question de l’enseignement prioritaire est intrinsèquement liée à la démocratisation de l’enseignement. C’est dire que le nombre d’études est réduit. Elles ont pourtant été synthétisées par Marcel Crahay (Améliorer l’école, PUF 2006).
A vrai dire peu a été dit sur les pratiques pédagogiques. Cela donne d’autant plus de poids au Manifeste de l’OZP, qui, en décembre 2006, souhaitait « généraliser les pratiques pédagogiques qui ont réussi dans certaines ZEP et développer une véritable innovation pédagogique pour que les besoins spécifiques de tous les élèves soient mieux pris en compte. Il s’agit de développer le travail en équipe et une démarche de projet, en particulier pour enseigner à des groupes hétérogènes ; former l’ensemble des équipes à l’analyse de pratiques, à l’évaluation, au travail en partenariat ; placer des projets culturels forts au cœur des apprentissages, à l’opposé de tout repli frileux sur les apprentissages fondamentaux ; faire vivre des dispositifs pédagogiques tels que les cycles à l’école primaire, les Programmes Personnalisés de Réussite éducative (PPRE), les Itinéraires de Découverte, etc. ». Et il est vrai que les résultats sont inégaux d’un établissement zep à un autre et que certains collèges zep, cela a été constaté dans l’académie de Nantes par exemple, obtiennent des résultats supérieurs à des établissements de centre ville.
Par contre plusieurs recherches ont porté sur les dispositifs à établir. Et d’abord sur la taille des classes. Or , de l’étude de Glass, Cahen, Smith et Filby en 1982, à celle de l’enquête Star en 1999, « tous les résultats confirment l’intérêt des classes à effectifs réduits ». C’est aussi sur cette hypothèse qu’a travaillé récemment un chercheur français, Thomas Piketty. Il a pu mettre en évidence qu’une réduction forte du nombre d’élèves par classe a un effet net sur les résultats scolaires. La démonstration était assez forte pour que l’étude, éditée par le ministère, soit immédiatement retirée. (C’était le Dossier 173 de la Dep)…
Faut-il alors individualiser l’enseignement ? Le modèle du préceptorat flotte plus ou moins derrière cette conception qu’on a vu réapparaître derrière les PPRE. Des travaux montrent l’inefficacité de l’individualisation: « plus le rythme et les conditions d’apprentissage sont déterminés parles élèves eux-mêmes, plus la probabilité est grande quels différences interindividuelles s’accroissent » estime M. Crahay.
Une autre politique. Une autre politique peut être dessinée. On pourra s’appuyer sur un exemple qui a fait ses preuves : celui des établissements « Excellence en ville » mis en place en Angleterre. En offrant du tutorat et du soutien scolaire, ils ont sensiblement relevé le niveau de leurs élèves. Cette hausse s’explique à la fois par le soutien scolaire, l’aide comportementale et le rétablissement de l’estime de soi réalisé par le tuteur et la baisse de l’absentéisme qui en découle.
Cette politique implique d’abord des moyens réels pour les établissements zep ou au moins les EP1 et certains EP2. Il faut tout l’enthousiasme de certaines équipes pédagogiques pour croire que l’on puisse se passer d’une baisse réelle et forte du nombre d’élèves par classe. C’est certainement une erreur et il faut oser affirmer en cette période où on veut réduire le budget de l’enseignement secondaire, qu’il faut investir massivement dans les zep. Il y a là un effort que la République doit aux enfants des milieux défavorisés.
Les réactions des syndicats
« Lors du séminaire sur le bilan du dispositif « ambition réussite », le ministre de l’Education nationale a fait des annonces qui reflètent surtout le manque d’engagement de son gouvernement pour relancer l’éducation prioritaire » affirme le Se-Unsa. » Faut-il rappeler en effet que les 1000 postes d’enseignants affectés dans les 249 réseaux EP1 l’ont été par redéploiement à la rentrée 2006 ? Faut-il rappeler qu’aucun moyen n’est envisagé à la rentrée 2007 pour aider les écoles et les établissements EP2 qui font pourtant partie eux aussi de l’éducation prioritaire ? » déclare le syndicat qui dénonce « la défaillance de pilotage et le manque d’ambition du ministère ».
» Plutôt que de répondre aux besoins réels des établissements concernés, des écoles aux lycées, le ministère a choisi de recentrer sa politique sur un très petit nombre d’établissements, abandonnant progressivement tous les autres, qui cumulent pourtant des difficultés sociales parfois tout aussi importantes » dénonce le Snes qui évoque le « renoncement » gouvernemental. . » Il ne s’agit plus d’assurer la réussite de tous les élèves » estime le Snes.
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