Reza Bardien est responsable des partenariats pour l’éducation en Afrique du Sud et plus globalement pour le continent africain. Plusieurs expériences d’innovation pédagogique sud-africaines ont été présentées lors du sommet » Innovative Teachers « . Il nous a paru intéressant de voir de plus près ce qui se passe en Afrique, ce qu’un partenariat avec une entreprise multinationale comme Microsoft peut apporter à un continent pour qui l’éducation est sans doute plus qu’ailleurs le soutien indispensable de son développement. Café « Comment l’innovation pédagogique existe-t-elle en Afrique ? » Reza Bardien « Il existe déjà des innovations pédagogiques dans beaucoup de pays en Afrique. Certaines sont excellentes mais la question pour moi est de savoir comment développer, étendre ces innovations pour qu’elles bénéficient à plus de monde. C’est cela le challenge. Il faut organiser des rencontres entre chercheurs et praticiens pour aider les enseignants innovateurs à développer des idées. » Café » Les questions de santé, d’alimentation, de conflits ne placent-elles pas la question de l’éducation en second plan ? Comment motiver parents et enfants à aller à l’école ? » Reza Bardien « Il existe beaucoup de défis à relever en Afrique mais dans chaque pays, l’éducation n’est pas isolée sur son île, mais prend tout son sens dans son environnement. Ce contexte n’empêche pas l’innovation mais au contraire est un ingrédient pour stimuler l’innovation, la rendre plus performante. Il existe des initiatives qui ont des incidences positives pour la communauté sur des sujets comme la sécurité alimentaire, le SIDA ou les conflits armés. » Café « L’éducation a-t-elle un impact sur la résolution de ces questions ? » Reza Bardien « Je suis persuadé que oui. L’éducation lorsqu’elle est innovante contribue à résoudre ces problèmes. En proposant un niveau plus élevé et une implication plus grande des élèves dans leurs apprentissages, contribue à trouver des solutions. L’éducation est une étape importante car la résorption des problèmes passe par l’information et le changement des comportements, par des politiques volontaires et des ressources. Je pense donc que l’école innovante contribue activement à l’amélioration de bon nombre de ces questions « . Café « On voit des prises de position des dirigeants sur l’utilisation des tice en éducation, comme lors du dernier sommet de la francophonie à Bucarest. Est-ce la même chose pour les pays anglophones ? » Reza Bardien « Je pense qu’il existe dans pas mal de pays africains de fortes volontés politiques de trouver des solutions incluant l’éducation mais souvent leur réalisation nécessite des soutiens, des partenariats, une vision claire des pouvoirs publiques sur le travail à effectuer avec les agences internationales dans leur pays, comment ils veulent travailler avec les agences et aussi avec les entreprises privées. Et cela est assez nouveau puisque jusqu’à présent, la plupart des gouvernements ont plutôt recherché des solutions internes, sans s’ouvrir réellement vers des partenariats avec des organisations ou des entreprises internationales. Or, pour faire évoluer l’éducation, ils ont besoin de soutiens extérieurs. » Café « Quelle sorte de soutien : de l’argent, de l’ingénierie ? » Reza Bardien « Je pense que l’argent est une des ressources nécessaires mais l’argent ne résout pas tous les problèmes. Le recours à des expertises, la découverte de meilleures pratiques, savoir comment des pays ont innové, ont trouvé des solutions sont des moyens importants également. Pas seulement en Afrique, il existe des initiatives partout dans le monde qui peuvent s’appliquer en Afrique. Ici, nous avons perdu beaucoup d’enseignants à cause du SIDA, ils ne pourront être remplacés avant cinq voire dix ans. Il faut donc trouver des solutions pour l’éducation basées sur les process, les dispositifs qui sont adaptées à l’Afrique. » Café « Des formations de formateurs, des échanges de pratiques, des rencontres entre enseignants de différents pays sont organisés en Afrique. Par exemple, des enseignants tunisiens sont venus dernièrement au Burkina Faso pour parler de leur utilisation des tice dans leurs pratiques pédagogiques. Qu’en pensez-vous ? » Reza : Bardien « Je pense que les principales voies d’évolution sont les collaborations. Les rencontres de travail entre enseignants de différents pays sont très importantes mais encore plus à l’intérieur des pays ou des aires géographiques. C’est le cas en France, je crois où les communautés d’enseignants ont un rôle important. Je pense que les opportunités d’échanges d’idées, de pratiques autour de l’utilisation des tice pour partager les expériences vont se développer dans les mois à venir » . Café : « Quel peut être l’apport de Microsoft pour l’éducation en Afrique ? » Reza Bardien : « Nous contribuons à favoriser les convergences entre les pouvoirs publics des différents pays car les expériences pédagogiques innovantes sont disséminées sur tout le continent.. Nous pouvons donc favoriser les échanges entre enseignants des différents pays et faire connaître ce qui se passe ailleurs, rendre compte d’initiatives, de réussites et des éléments favorisant la réussite de ces initiatives. Assurer la connaissance de ces dispositifs, est l’une des contributions de Microsoft les plus importantes et les plus efficaces pour les partenariats en Afrique. Beaucoup des initiatives que nous repérons ne nécessitent pas obligatoirement beaucoup de ressources mais sont plutôt des innovations pour travailler mieux. Nous souhaitons être surs que nous contribuons à des solutions nationales, qui peuvent être généralisées et non à des initiatives isolées, des expériences localisés qui ne peuvent exister ailleurs. Nous voulons contribuer au partage des expériences en éducation, faciliter la formation des enseignants. Le modèle d’enseignement développé par Microsoft peut servir de base aux enseignants pour être adapté aux contextes locaux. Il ne peut être utilisé tel quel, étant donné les contraintes économiques et technologiques en Afrique mais ses principes sont valables ici aussi. Nous souhaitons aussi fournir des éléments de réflexion pour les gouvernements afin d’analyser les conditions de réussite de l’éducation et de l’inclusion des tice dans l’enseignement et favoriser l’inclusion des tice dans les dispositifs d’enseignement, intégrer des éléments de » l’école du futur » dans les réformes. » Café : « Nous avons vu au cours du sommet « Innovative Teachers » des expériences menées dans des écoles sud-africaines. Existe-t-il une « école du futur » en Afrique du Sud comme celle de Philadelphie ? » Reza Bardien : « Non, mais il existe des écoles qui développent des pratiques pédagogiques, des utilisations de TICE comparables à l’école de Philadelphie. Ce sont des exemples isolés et il faut partager ces expériences, répandre ces bonnes pratiques en particulier avec les écoles publiques qui ont beaucoup de défis à relever. » Page publiée le 01-12-2006 Sommaire :
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