Entretien avec Wolf Halberstadt, Inspecteur pédagogique régional d’AllemandQuelle est la position de l’inspection d’Allemand relativement aux labos multimédias de langues ? L’inspection suit cette initiative avec un grand intérêt. Nous constatons avec plaisir que de plus en plus d’établissements sont équipés et de plus en plus de professeurs d’Allemand utilisent ces salles multimédias. Nous observons des progrès dans les usages même si la situation générale n’est pas encore optimale. Quel intérêt trouvez-vous à ces équipements ? Notre approche est évidemment pédagogique. Nous pensons qu’il s’agit d’un équipement bien adapté pour l’apprentissage des langues vivantes, en particulier il se prête bien aux entraînements à la compréhension auditive, à l’expression orale en continu ou en interaction. C’est d’autant plus important que nous constatons que les élèves sont souvent sous-exposés à la langue et notamment à des documents audio authentiques. De plus, le labo multimédia est un outil qui permet de proposer à l’élève des tâches variées et de renforcer ainsi l’approche actionnelle de l’apprentissage. Ceci correspond aux programmes rénovés de langues vivantes et au cadre européen commun de référence. Le professeur peut donner une mission à chaque élève et évaluer par exemple finement la qualité de son expression orale. Il s’agit là des qualités potentielles de ces équipements. Mais qu’en est-il dans la réalité ? Les professeurs que vous rencontrez et qui les utilisent exploitent-ils les capacités pédagogiques que vous venez de présenter ? Ce n’est pas aussi simple. Les matériaux pédagogiques actuellement sur le marché proposent par exemple des exercices automatisés ou des QCM. Ces logiciels peuvent présenter un intérêt pour des activités annexes de remédiation. Mais ils ne sont plus au cœur de la pédagogie que nous souhaitons mettre en place. Les choses sont claires. Vous disiez que la situation n’est pas optimale. Quelles difficultés les enseignants rencontrent-ils dans l’usage des laboratoires multimédias ? Il y a d’abord des difficultés techniques et des réticences à utiliser un équipement qui, il faut bien le dire, n’est pas d’un usage simple. Pour aider les enseignants, nous organisons des stages de formation dans le cadre du programme académique de formation continue. Nous privilégions les aspects pédagogiques. L’outil cependant a ses propres exigences et je pense que ceci est positif, car il fait avancer la réflexion et la pratique des enseignants dans le sens que nous souhaitons. Il oblige les enseignants à programmer l’apprentissage et à intégrer le maniement de l’outil à l’intérieur de la séquence. Les laboratoires multimédias sont une incitation au travail en équipe. Il faut que dans un même établissement, tous les professeurs de langue puissent suivre la même formation. Des expériences intéressantes existent déjà ; elles permettent d’harmoniser les pratiques des professeurs de langues, notamment dans le domaine de l’évaluation de l’expression et de la compréhension. Les laboratoires exigent un effort important pour produire des ressources. Tous les enseignants n’y sont pas prêts. Comment surmonter cette difficulté ? La réponse, c’est la mutualisation des ressources. Mais je voudrais insister sur le fait que cette difficulté n’est pas propre aux labos multimédias. C’est un besoin général : les professeurs ont besoin de ressources pour faire travailler de manière équilibrée les cinq activités langagières. Un enseignant seul ne peut pas y parvenir, il doit faire appel aux ressources de l’édition, privée ou publique, ainsi qu’à la mutualisation. Entretien : Serge Pouts-Lajus |
|