Bref historique
En 1971, une loi générale impose aux entreprises privées de cotiser pour permettre de développer la formation continue des salariés. Mais elle ne s’impose pas à l’Etat, toujours très prompt à expliquer aux autre ce qu’il ne s’applique pas à lui-même. En 1972, les instituteurs en activité bénéficient d’un texte instaurant le droit à la formation (on parle alors de » recyclage » !), d’un crédit de formation de 36 semaines sur sa carrière (rarement utilisé jusqu’à ce jour faute de moyens budgétaires), d’un corps de remplaçants spécialisé (le Brigade de Formation continue) permettant la continuité du service public et la formation sur le temps de travail. L’Ecole Normale et les Inspecteurs assurent le pilotage du dispositif. La formation n’est pas obligatoire, sauf pour les enseignants devenant directeur d’école. Initialement national, le cadrage se fait progressivement par le niveau académique, en lien avec les départements. Il faut attendre la mise en place de la LOLF en 2006 pour que le niveau rectoral reprenne le pilotage des dépenses aux IA. Les IUFM, très largement occupés par le pilotage de la formation initiale (nombreux changements de type de formations, augmentation des flux liée au renouvellement générationnel) peinent à donner des réponses complètes aux demandes spécifiques du » développement professionnel » inscrit dans les textes successifs sur la formation continue. L’articulation avec les IEN et les conseillers pédagogiques reste souvent problématique, ces derniers ne bénéficiant toujours pas d’un statut clair. Globalement, chaque année, un enseignant sur trois participe à une action de formation continue, en dehors des conférences pédagogiques, désormais transformées en » animations pédagogiques « . Ces dernières années, les contraintes budgétaires ont amené la suppression d’importants moyens de remplacement et de crédits, ramenant parfois la formation à sa plus simple expression : la formation statutaire des directeurs d’école, l’accompagnements des débutants inscrit dans la loi (généralement sans parvenir à l’obligation réglementaire de 3 semaines en T1 et 2 semaines en T2), et les stages » trois semaines » contraints par la mise en stage des enseignants stagiaires à l’IUFM (PE2). Pour le Second Degré, il faut attendre 1982 et la révolution des MAFPEN (Missions Académiques à la Formation des Personnels) pour une véritable effervescence des pratiques en formation continue, parallèle au développement de la notion de projet local. Totalement autonome du pouvoir hiérarchique, les MAFPEN se centrent sur l’innovation, au risque parfois de se couper d’un suivi exigeant des pratiques professionnelles majoritaires. Un brusque retour de flamme a lieu en 1999, avec la suppression sans concertation des MAFPEN et le retour de la formation continue sous le contrôle des inspecteurs et des rectorats. Les équipes de formateurs sont dispersées ou intégrées aux IUFM sans que ceux-ci ne soient généralement en mesure de les intégrer à leurs priorités. Il faut dire à leur décharge qu’à partir des années 90, comme dans le primaire, l’érosion des moyens a été rude : l’inspection générale fait état d’une baisse de 100 000 journées stagiaires par an. Une part non-négligeable des moyens disponibles est également aspirée par les différentes actions nationales, initiées par la DESCO ou les corps d’inspection, mais prise en charge financièrement par les services académiques. Ces formations, qui profitent essentiellement aux cadres intermédiaires du système éducatif, consomment une part significative des ressources de chaque académie, sans réel contrôle possible par le niveau académique. Patrick Picard
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