F. Jarraud La formation d’apprenti junior
Un encart au B.O. du 6 juillet réunit plusieurs textes relatifs à la formation d’apprenti junior et particulièrement la circulaire d’application du décret du 30 juin 2006. Celle-ci précise les procédures d’ouverture des formations, le déroulement de la formation et l’accompagnement du dispositif. On en retiendra la marginalisation scolaire de ces jeunes et les obligations pour les enseignants de collège. » L’apprenti junior inscrit dans un lycée professionnel ou un centre de formation d’apprentis reste rattaché à son collège d’origine pendant toute la durée de sa formation (article D. 337-163 du code de l’éducation) où il figure sur une liste spécifique » rappelle la circulaire qui invite les principaux à désigner » un professeur référent connaissant le jeune, plus particulièrement chargé de suivre la formation de l’apprenti junior rattaché à l’établissement ».
Si le texte prévoit le retour au collège des apprentis juniors souhaitant quitter la filière, il lui apporte des limites. » L’apprenti junior en parcours d’initiation aux métiers ou entré en apprentissage à l’issue de ce parcours peut, jusqu’à 16 ans, à sa demande, reprendre sa formation en collège… Le retour au collège s’effectue en priorité dans le collège d’origine. Il peut aussi s’effectuer au sein d’un collège du bassin de formation choisi pour sa situation géographique et son engagement à mettre en œuvre des modalités de formation adaptées aux élèves ou apprentis qui interrompent leur formation d’apprenti junior ». « Lorsqu’un élève de moins de 16 ans, à l’issue d’un parcours d’initiation aux métiers d’une année scolaire, n’est pas prêt à effectuer le choix d’un métier et d’une formation, il peut prolonger ce parcours et son projet pédagogique personnalisé doit alors être adapté en conséquence. S’il atteint 16 ans pendant la prolongation du parcours d’initiation aux métiers, il peut poursuivre celui-ci jusqu’à la fin de l’année scolaire en cours. Toutefois, passé 16 ans, il perd le droit de reprendre, sur simple demande de sa part, sa formation dans un collège. À l’issue du parcours d’initiation aux métiers, l’élève qui ne souhaite pas entrer dans une formation par apprentissage fait le choix d’une formation qui, en fonction de son âge et de son projet, peut se dérouler en collège ou en lycée professionnel. Tout élève qui, à la fin du parcours d’initiation aux métiers, ne choisit ni la poursuite de ce parcours ni l’entrée en apprentissage doit se voir obligatoirement proposer une affectation dans un établissement scolaire ». Les apprentis juniors toucheront 20% du Smic Le même texte précise que « à l’issue de chaque phase de formation, les éléments du socle commun de connaissances et de compétences acquis par l’apprenti junior sont validés et inscrits dans un livret d’apprenti junior ». Le texte n’impose pas la maîtrise du socle. Il est vrai qu’avec moins de la moitié de l’horaire d’enseignement normal (60 heures de français par an en moyenne par exemple) on voit mal comment ces apprentis, déjà en difficulté, pourraient atteindre les objectifs du socle. Pratique : Le guide pédagogique de l’apprenti junior
Le ministère publie le « guide pédagogique de l’apprenti junior » qui décrit la mise en place de ce nouveau dispositif prévu par la loi sur « l’égalité des chances ». Il concerne des jeunes à partir de 14 ans et se décompose en deux périodes : une où l’élève est sous statut scolaire (jusqu’à 15 ans) et une seconde où l’apprentissage commence (à partir de 15 ans). Evidemment la première difficulté rencontrée est d’assurer au jeune le « socle commun » prévu par la loi. Le guide a beau répéter que ce nouveau dispositif offre « une modalité différente d’accès au socle commun », on voit mal comment concrètement le cas. Prenons le cas, le plus favorable, de l’année sous statut scolaire. Voici notre jeune censé faire deux stages dans deux entreprises différentes, soit 8 à 16 semaines selon le guide. Suivons-le : il reste en moyenne 360 heures de cours pour l’ensemble des disciplines d’enseignement général (français, histoire-géo, maths, sciences, langues vivantes, eps). On voit mal comment, avec environ 60 heures annuelles de français par exemple, ces élèves, déjà présentés par le guide comme en échec, pourraient atteindre, en 3 années seulement, le niveau demandé à leurs camarades en 4 ans avec un horaire double ! Il est évident que ces jeunes quitteront le statut scolaire avec un niveau très inférieur au socle commun. L’horaire en première année d’apprenti junior devrait comprendre, pour le temps passé au collège, 15 heures hebdomadaires d’enseignement général, 9 heures de droit du travail et d’activités professionnelles, 3 heures de découverte des métiers et 3 autant d ‘activités individualisées. Le guide s’intéresse d’ailleurs beaucoup au cas des apprentis juniors qui voudront retourner au collège plutôt que poursuivre en apprentissage. Il prévoit quatre difficultés : « dans le cas de l’intégration dans une classe de 3ème DP 6h, un niveau scolaire trop bas pour assimiler les connaissances du socle commun du programme de 3ème ; dans le cas de l’intégration dans une classe de 4ème, difficultés à pallier d’inévitables lacunes et à se réadapter au rythme du collège ; difficulté à respecter les règles du comportement du collégien,… retour en collège motivé par le désir de fuir la difficulté du travail en entreprise ». Le guide demande dans ces cas de prévoir un projet personnalisé et une aide individualisée. L’autre difficulté que pourrait rencontrer le dispositif c’est qu’il nécessite un accord entre les régions et les rectorats dans le cadre des plans régionaux de développement des formations professionnelles. |
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