Par Serge Pouts-Lajus
Entretien avec Jean-Marc Morisset, professeur de physique appliquée au lycée polyvalent Jules Ferry à Versailles
Vous enseignez à des classes de BTS maintenance industrielle. On imagine des élèves particulièrement motivés. C’est bien le cas ?
Sur le papier, c’est vrai, ils sont motivés. Mais ils sont souvent surtout motivés par le diplôme et par le fait de sortir Bac+2 ou Bac+3. Dans les faits, ils ne se donnent pas toujours les moyens de réussir. Mais au bout du compte, il faut reconnaître qu’ils y arrivent.
Dans votre discipline, l’informatique est très présente.
Oui, elle est très présente et depuis longtemps. Elle l’est d’abord dans les instruments que l’on utilise : l’oscilloscope, le tableur, le traitement de texte. Mais l’informatique n’est pas, en tant que telle, au programme des sciences physiques. Les élèves d’aujourd’hui sont baignés dans l’informatique. Alors oui, on peut dire qu’il y a de l’informatique partout dans le cours de physique appliquée.
L’informatique fait un pas de plus aujourd’hui dans votre classe avec l’arrivée de ce tableau numérique interactif, le TNI. Dans quelles circonstances avez-vous intégré ce nouvel outil dans vos pratiques ?
Je fais partie du groupe GEP, groupe expérimental pédagogique de physique, animé par un IPR, qui réunit 6 professeurs de sciences physiques de l’académie de Versailles. Il y a un an et demi, le CRDP nous a offert 6 TNI que nous avons, chacun de notre côté, installé dans nos classes. C’est la première leçon que nous retirons de cette expérimentation : il est indispensable que le TNI soit installé à demeure dans une salle avec son vidéo-projecteur fixé au plafond. La solution du chariot mobile s’avère catastrophique : il faut recalibrer en permanence, c’est agaçant.
Comment s’est passée cette année d’expérimentation du TNI dans votre classe ?
Tout au long de l’année scolaire, nous avons tous utilisé systématiquement le TNI dans nos cours, avec l’objectif d’en extraire toute la richesse et d’en évaluer l’impact pédagogique. Pour ce qui me concerne, j’ai axé ma démarche sur deux types d’usages : l’association du TNI et d’un site Web et les constructions géométriques.
En classe de TP/TD où le TNI est installé, nous travaillons à partir de problèmes. Les textes des problèmes sont mis en ligne sur un site que j’ai créé il y a maintenant plusieurs années : http://perso.orange.fr/jean-marc.morisset
En classe, nous récupérons le texte du problème. Un élève vient le corriger au tableau. La correction qu’il rédige sur le TNI est enregistrée et exportée dans un fichier au format Word vers un autre site (que j’ai spécialement créé pour cela : http://jeanmarc.morisset.free.fr/
Dans ce fichier, le texte écrit au tableau apparaît comme une image. Pour se rendre compte, il suffit d’aller sur le site, de choisir par exemple les activités du mois de mars : http://jeanmarc.morisset.free.fr/mars.htm
et de consulter le texte d’un problème : http://jeanmarc.morisset.free.fr/Maint_Indust/ond.doc sur l’onduleur à 4 interrupteurs électroniques que nous avons traité le 13 mars et tout aussi facilement la correction : http://jeanmarc.morisset.free.fr/Maint_Indust/ond_cor.doc
Nous procédons de cette façon pour chaque séquence de TD. De cette façon, les élèves disposent en ligne de la trace de tout ce qui a été fait en classe.
Dans ma salle de cours, je n’ai pas de TNI et je n’ai donc pas encore réfléchi au type d’usages que je pourrais avoir pour le cours.
Savez-vous si les élèves consultent le site et s’il leur est effectivement utile ?
Je n’ai mis un compteur en place que depuis un mois. Le nombre de consultations n’est pas très élevé mais les élèves me disent que ça leur est utile. Une chose que j’ai observée en classe, c’est que lorsqu’ils viennent corriger au tableau, ils ajoutent à la correction des indications sur certains détails de calcul, les astuces, les pièges, les choses auxquelles ils devront penser au moment des révisions.
Comment s’est passée l’expérimentation pour les constructions géométriques ?
J’ai travaillé sur les constructions vectorielles qu’il est impossible de réaliser avec exactitude devant les élèves. Grâce aux outils de tracé géométrique du TNI, je peux réaliser une construction exacte, avec de vraies valeurs. Je peux aussi demander aux élèves de venir la faire eux-mêmes au tableau. C’est un avantage important sur le plan didactique.
Vos collègues du GEP ont-ils eu le même type d’usages que vous ?
Non, chacun a expérimenté en fonction de son niveau d’enseignement. Les collègues qui enseignent en collège par exemple ont utilisé le TNI comme une bibliothèque d’images pour construire devant les élèves les schémas de montages des expériences. Un autre a plutôt travaillé sur les constructions de courbes en association à des lectures de grandeurs réelles. Nous disposerons en fin d’année d’un ensemble important de résultats sur les usages pédagogiques du TNI dans notre discipline.
En complément, citons ici plusieurs sites, nationaux ou académiques, proposant des témoignages d’accompagnement d’uitlisation des tableaux interactifs :
http://revue.sesamath.net/spip.php?article21
http://ww3.ac-creteil.fr/datice/spip.php?article68
http://www.ac-creteil.fr/medialog/ARCHIVE55/tbi55.pdf
http://datice.scola.ac-paris.fr/fileadmin/pedagogie/TNI/TBI_Espagnol__Rennes.pdf
http://www.phychim.ac-versailles.fr/donnees/tni/index.htm