Par Françoise Solliec
Les organisateurs d’Intertice, qu’ils soient représentants des académies ou de la Cité des sciences et de l’industrie, ont bien voulu nous décrire leurs objectifs et nous faire revivre la préparation de cette manifestation.
La manifestation « Intertice, Carrefour des usages pédagogiques en Île-de-France ». organisée par les académies de Paris, Créteil et Versailles en partenariat avec la Cité des sciences et de l’industrie, et avec le soutien de la région Île-de-France, est désormais ancrée et annoncée dans les événements nationaux de l’Éducation. C’est un temps fort de réflexions et de bilan des actions menées pour la recherche et le développement pédagogique d’usages des TICE en Île-de-France et au-delà, comme le montre la croissance du nombre d’inscrits, de 1000 en 2005 à près de 3000 cette année.
Le travail de préparation mobilise les différents partenaires très en amont, puisque le choix de la date s’effectue près d’un an à l’avance, mais l’essentiel de l’activité s’est concentrée cette année sur les trois derniers mois avant la manifestation, après que les lieux aient été définitivement arrêtés. Le cadrage est en effet maintenant acquis et les acteurs bien rôdés, notamment les représentants des missions et des groupes disciplinaires TICE académiques volontaires pour participer à la manifestation. Néanmoins, le groupe opérationnel de six personnes mis en place pour décider de la répartition des espaces et coordonner les différentes propositions d’activités a eu fort à faire dans ce laps de temps pour finaliser l’occupation d’une cinquantaine de stands sur plus de 2000 mètres carrés, pas forcément bien adaptés à cet usage, et planifier la presque centaine d’animations, ateliers et conférences proposées pendant la journée.
La logistique est lourde. D’une part, il faut assurer l’installation proprement dite des stands et des ateliers, avec plus d’une centaine de connexions internet et de plusieurs centaines de matériels divers comme ordinateurs et périphériques en réseaux, videoprojecteurs, tableaux interactifs. D’autre part, il faut organiser la liaison avec les partenaires, institutionnels ou industriels, assurer la communication écrite de l’événement, garantir l’information et l’inscription en ligne, et accueillir et renseigner le public le jour J.
Cette année, la priorité a été très clairement affichée de montrer des usages pédagogiques et l’utilisation des matériels n’est intervenue qu’en support de ces usages, y compris sur les stands des commerciaux comme Intel, Apple ou D-Link. Un important travail a été conduit pour présenter dans le salon tous les usages repérés dans les académies et donner des exemples dans les situations les plus variées, de manière à ce que chacun puisse s’y reconnaître ou y trouver un intérêt. Pour la première fois, les organisateurs ont aussi tenté de définir des parcours adaptés aux profils des visiteurs (premier degré, disciplines du second degré, ressources spécifiques utilisées par des communautés, évolutions des matériels), tant pour les guider dans la visite des stands que pour les aider à choisir parmi les animations. Un accueil spécifique a été mis en place pour les personnels de direction (un peu plus d’une cinquantaine en ont effectivement bénéficié) et les personnes ressources des établissements.
Dans la très grande variété des thématiques et des exemples déjà signalée, on pouvait noter une entrée en force de l’utilisation de l’image numérique aussi bien comme ressource que comme outil.
Une dimension supplémentaire a été donnée à cette édition d’Intertice, en en faisant le lieu d’événements spécifiques, tels la remise de prix du concours de Une du CLEMI, qui a attiré beaucoup des élèves primés et quelques parents, ou la distribution des clés USB aux néotitulaires de l’académie de Versailles. Les lycéens des CAVL, invités, ont pu s’entraîner à jouer les reporters et à interviewer quelques-unes des personnes présentes sur le salon.
http://www.lyceens.ac-versailles.fr/article.php3?id_article=137
http://melies.ac-versailles.fr/webradio/
Pour la Cité des sciences de Paris-la Villette, qui a pourtant l’habitude de recevoir du public, Intertice représente l’une des plus importantes manifestations annuelles. Particulièrement soutenue par le Carrefour numérique, la cyber-base de la Cité dédiée à la découverte et à l’apprentissage des TIC, cette journée est l’occasion de renforcer les liens avec le public scolaire, en accueillant spécifiquement des enseignants. Les équipements ont beaucoup évolué dans les établissements et les animateurs de la cyber-base sont très intéressés à voir comment les experts pédagogiques utilisent les nouvelles plates-formes ou font du tableau interactif un instrument de création. Les technologies de l’information et de la communication fournissent une excellente opportunité de croisement entre les activités culturelles ou de loisirs exercées dans espaces publics numériques ou les maisons de jeunes et celles d’apprentissage et d’ouverture exercées dans le milieu scolaire. Un salon tel qu’Intertice devrait ainsi déboucher sur une programmation de mini événements plus pointus, où se retrouveront enseignants et animateurs.
Pour les trois académies, Intertice a pour objectif de créer une dynamique pédagogique fondée sur l’utilisation de nouveaux matériels. Depuis trois ans, cette manifestation s’avère être un point d’appui pour développer un travail coopératif et favoriser les initiatives communes des divers groupes pédagogiques d’intégration des TICE. Ainsi, les stands disciplinaires sont organisés conjointement, les propositions d’activités sont régulées sans encombre et les participants commencent à bien se connaître et à prendre des initiatives d’animation sur les stands, pour être en contact le plus direct possible avec les visiteurs. « On a gagné en crédibilité » affirme Pascal Cotentin, conseiller TICE du recteur de Versailles, qui admet volontiers par ailleurs qu’Intertice est « le carrefour des usages de ceux qui utilisent déjà ». « On voit néanmoins des progrès, car il y a de plus en plus de personnes qui veulent utiliser les outils sans tout réinventer ». Il est vrai que dans les nombreuses applications présentées, certaines ont de quoi séduire comme le cahier de textes ou des fiches d’accompagnement d’usages et de ressources.
La présence cette année de plus d’une centaine d’inspecteurs du premier et du second degré est aussi un gage de l’intérêt grandissant des personnels qui souhaitent renouveler leur pratique. Cependant, la faible participation des représentants des collectivités locales, une cinquantaine seulement, montre qu’il y a encore beaucoup à faire pour que les communes rentrent vraiment dans la problématique des utilisations pédagogiques de ces nouveaux outils. Ce n’est à l’évidence pas le cas pour le conseil régional d’Ile-deFrance, ni pour la plupart des conseils généraux qui, en même temps qu’ils soutiennent leur effort pour les dotations d’équipement, affichent un intérêt marqué pour les usages pédagogiques et la réussite scolaire.