Par Blandine Raoul-Réa
Nous avons interrogé Anne Jumelet (coordinatrice du réseau des CDI, académie de Versailles) et Brigitte Réa (documentaliste et formatrice, académie de Versailles) pour mieux comprendre le portfolio de Versailles à travers la nouvelle plateforme I-Doc.
Le Portfolio collège est né en 2002, à l’initiative d’un inspecteur EVS de l’Académie de Versailles, avec la participation d’une vingtaine de professeurs documentalistes de l’académie qui ont travaillé à l’élaboration d’un portfolio des compétences documentaires pour les élèves du collège. Cette réalisation s’est faite à l’image de ce qui était déjà fait à l’époque pour les langues au niveau européen. Ses sources d’inspiration provenaient de ce renouvellement dans l’enseignement des langues.
Auto évaluation et intégration des compétences info documentaires dans la formation des élèves
L’objectif de ce projet est d’abord de rendre le champ des pratiques documentaires plus visible pour l’ensemble des enseignants. Mais ce projet, c’est aussi mettre en avant la possibilité pour l’élève de s’auto évaluer, ce qui est conforme à l’idée du portfolio originel. L’élève en s’auto évaluant garde une trace de ses activités dans le portfolio. Le troisième point étant que ce portfolio permet à un enseignant, quelle que soit sa discipline, de valider des compétences documentaires. Tout professeur est impliqué dans le projet des apprentissages documentaires des élèves. Ce mode d’évaluation, à l’origine du projet, était encore peu connu et peu pratiqué (2000). L’initiateur du projet était persuadé que ce mode d’évaluation était amené à se développer. Il pensait qu’il était absolument urgent de former les professeurs à une nouvelle approche de la culture qu’on appelle maintenant culture de l’information et qui à l’époque était encore embryonnaire. Il était convaincu que ça représentait une véritable aventure intellectuelle pour l’élève, culture qu’il voulait promouvoir à travers ce projet.
Pendant une année, le groupe s’est donc réuni et a créé un référentiel de compétences pour le collège comportant quatre grands domaines qui reproduisent les grandes étapes de la démarche documentaire et les items correspondants. La version papier, conçue par les initiateurs du projet, ne permettant une gestion facile des évaluations des élèves, le groupe d’expérimentation pédagogique en documentation l’a transformée en un outil numérique et convivial.
Un parallélisme avec le B2i
Dès le départ, le modèle du B2i a été retenu, c’est-à-dire celui d’une plateforme de gestion centralisée qui permettrait une validation simple, la formule papier étant relativement lourde à gérer et pour les élèves et pour les enseignants. La plateforme de Gibii, développée par Bordeaux, a été transformée pour être adaptée aux compétences info documentaires. L’an dernier, lors de la journée Intertice 2006 (co-organisée par les académies de Paris, Créteil, Versailles), une première présentation de la plateforme a eu lieu. On l’a calquée sur celle du B2i, exactement. Le fonctionnement est le même (mode administrateur : gestion des élèves, des listes de classe….). L’utilisation de cette plateforme nécessite d’engager des discussions avec les enseignants disciplinaires (ce n’est pas nécessairement le documentaliste qui valide toutes les compétences pour tous les élèves). De même, on a la double validation possible, etc. Du côté élève, l’élève peut lui-même demander sa propre évaluation sur les compétences qu’il choisit…. On peut suivre l’évolution des compétences des élèves tout au long de leur scolarité au collège.
Accompagner l’utilisation de la plateforme
Une formation – formation continue des documentalistes – a été mise en place dans l’académie sur l’évaluation des compétences info documentaires. C’est une bonne chose pour les documentalistes de l’académie car ce projet contribue à parfaire la formation initiale et leur permet de mettre en place l’évaluation des compétences documentaires au sein de leur établissement.
De plus, cette année, un des thèmes académiques retenu par l’inspection EVS et travaillé dans le cadre des réunions de bassin, était précisément l’évaluation des compétences info documentaires via le portfolio I-Doc, ce qui a permis de l’expérimenter plus largement. Est arrivé cette année aussi le niveau lycée. La lourdeur et le nombre de compétences à évaluer pour tous les élèves ne doivent pas faire peur. Il faut commencer en inscrivant tous les élèves, toutes les classes parce que ces évaluations se mènent sur la durée de la scolarité au lycée et au collège. Cela amène à concevoir une progression des acquis des élèves de la sixième à la terminale. Il y a ainsi une logique. L’utilisation de cette plateforme oblige à une certaine cohérence, à une coordination au sein des équipes. Ce mode de travail permet aussi à l’élève de travailler et retravailler une compétence avant qu’elle ne soit validée. Cette nouvelle façon de concevoir les apprentissages info documentaires doit impliquer les enseignants disciplinaires dans un projet global au sein de l’établissement. Les activités peuvent avoir lieu au CDI, en classe… Cela nécessite que les enseignants se mettent d’accord sur les compétences mises en jeu, les compétences à évaluer. Parfois cette contrainte effraie les documentalistes qui peuvent se sentir alors dépossédés de cette maîtrise des apports info documentaires. Il faut pouvoir l’assumer. Mais le documentaliste occupe là alors une position centrale.
A l’heure actuelle, 24 établissements de l’académie de Versailles ont ouvert un compte pour la plateforme I-Doc. Il y a eu quelques demandes d’académies limitrophes. On attend de pouvoir avoir le recul nécessaire pour en analyser le fonctionnement. La progression du B2i, en transformant les démarches collectives au sein des établissements, devrait rendre l’utilisation du portfolio I-Doc plus logique, plus naturelle et pour les documentalistes et pour les équipes enseignantes.
Merci à Anne Jumelet et à Brigitte Réa pour leur disponibilité.
Accès à la plate forme I-doc
http://www.crdp2.ac-versailles.fr/modules/smartsection/item.php?itemid=36