Chronique d’un deuxième trimestre en moyenne section
« Même si des difficultés proprement graphiques persistent chez certains, la notion de mot (séparer par exemple les mots en recopiant un titre) est acquise, ainsi que celle de la permanence de l’écrit (par exemple, revenir à la ligne quand on n’a plus de place, alors que l’original n’occupe qu’une ligne). La capacité de concentration, en situation d’écoute dans l’espace-livres comme pendant les activités aux tables, augmente de façon régulière ». Depuis le début de l’année scolaire, Bernard Devanne nous permet de suivre les progrès des enfants de cette moyenne section de maternelle dans l’acquisition du lire et écrire.
Bien avant l’arrivée au C.P., avec des méthodes actives, les enfants découvrent la lecture et l’écriture, et aussi le vivre ensemble, le fonctionnement de la clase avec ses rituels.
Cette remarquable chronique de B. Devanne, professeur à l’IUFM de Basse-Normandie, montre l’absurdité de certains discours officiels sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Le prochain épisode sera publié en septembre. « Ce sera l’occasion, toutes énergies retrouvées, de relancer la réflexion sur les enjeux d’apprentissage de l’école maternelle dans le sens de la réussite de tous… en pensant à tous ces enfants de CP auxquels on imposera, dès la même période, une longue expérience de l’insignifiance, l’enseignement préalable et systématique de la combinatoire ».
La Chronique de B. Devanne
(On trouvera en bas de la chronique les liens vers les épisodes précédents)
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/devanne_ms2.aspx
Diversifier en toute équité : l’exemple québécois
« L’éducation est un bien public qu’il convient de protéger; que la sélection des élèves a un effet négatif sur l’ensemble du système éducatif; que le caractère hétérogène de l’enseignement secondaire, dans la classe comme dans l’école, est une richesse et non un obstacle à la réussite du plus grand nombre d’élèves; que l’équité entre tous les élèves du secondaire est un enjeu primordial ». Voilà une affirmation qui susciterait des réactions ici en France. C’est pourtant l’avis officiel du Conseil supérieur de l’éducation du Québec.
Dans un rapport intitulé « Diversifier en toute équité« , le CSE étudie avec lucidité le lien entre les projets pédagogiques des établissements québécois et les pratiques discriminantes. « Les projets pédagogiques particuliers applicables à un groupe d’élèves ont certes des effets positifs : la reconnaissance et la promotion de champs d’intérêt dans divers domaines de formation; un plus grand nombre d’élèves intéressés et stimulés; des équipes enseignantes motivées et mobilisées; des parents plus intéressés et davantage satisfaits de l’école secondaire; des commissions scolaires et des écoles plus dynamiques. Toutefois, ils ne sont pas sans risque de dérive : la dévalorisation et la perte d’estime de soi des élèves exclus des projets convoités; des classes ordinaires aux profils d’élèves moins diversifiés; la répartition inégale du poids de l’intégration des élèves handicapés et des élèves en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage et la concurrence entre les écoles secondaires où l’image de l’école l’emporte sur les visées éducatives ».
Du coup le CSE propose 16 mesures pour lutter contre ces dérives. Il recommande de rendre les projets accessibles à tous les élèves. « Le Conseil invite particulièrement les directions d’école, les parents et la communauté d’appartenance de l’école à considérer les besoins de l’ensemble des élèves au moment de décider du caractère sélectif ou non des projets pédagogiques particuliers offerts dans leur établissement ».
Le système éducatif québécois n’ignore pas les discriminations, les écoles élitistes, voire les violences racistes, comme en témoigne récemment un nouvel attentat contre une école juive. Mais on retiendra de cette étude un engagement qui serait réellement innovant si l’enquête internationale Pisa n’avait déjà affirmé sa validité : les établissements scolaires, leurs élèves, la société dans son ensemble ont à gagner à rechercher l’hétérogénéité. Il n’est pas inutile de le rappeler ici, en France, aux candidats à la présidentielle.
Le rapport