Voyages dans leurs fiefs :
En Poitou-Charentes, la démocratie participative en marche Quelle politique éducative mènerait Ségolène Royal ? On peut, on doit même, consulter son programme. Mais il nous est paru intéressant d’observer son action en tant que présidente de région. Dans cette région Poitou-Charentes, conquise sur J.P. Raffarin, Ségolène Royal a-t-elle développé une politique éducative originale ?
« L’éducation est au cœur des priorités de la région » proclame le site Internet du Conseil régional. C’est aussi ce que montre le budget régional où l’éducation et la formation sont les premières dépenses (400 M). Pour autant le Conseil régional met en avant sa maîtrise du budget : une baisse de l’endettement, des économies, un taux d’endettement et une pression fiscale inférieurs à la moyenne nationale. Poitou-Charentes ferait partie du « carré vertueux » des 4 régions les mieux gérées.
Pourtant certaines dépenses nous ont fait sourire. Ce fut le cas en juin dernier quand le Conseil régional a décidé d’offrir à chaque interne une paire de… charentaises ! (les mêmes internes bénéficient depuis 2004 du prêt d’un ordinateur portable). Passons outre : le budget régional aligne des dépenses que l’on retrouve ailleurs : la gratuité des manuels scolaires et du matériel professionnel, le haut débit dans tous les lycées (un petit exploit quand même dans une région rurale), des actions de lutte contre le décrochage, un développement rapide et soutenu de l’apprentissage… Où trouver la « patte » de S. Royal ?
Une innovation majeure : le BPL. La politique éducative de S. Royal a pourtant un élément unique. La présidente du Conseil régional a innové en 2005 avec « le budget participatif lycéen » (BPL), maintenant généralisé auprès des 93 lycées et EEA de la région. L’idée est résumée dans un slogan où on reconnaîtra des thèmes de la campagne présidentielle : « Partager les décisions pour prendre les bonnes. Décider ensemble pour agir juste ».
Plutôt que de décider ce qui est bon pour les établissements, le Conseil régional a mis en place une procédure consultative qui à terme devrait concerner 10% du budget. Chefs d’établissement, mais aussi professeurs, personnels non-enseignants, parents d’élèves, lycéens sont invités à choisir ensemble les projets qu’ils estiment prioritaires pour mieux vivre et travailler au lycée. La consultation s’organise en deux réunions. Durant la première, les participants travaillent en sous-groupes et formulent des propositions. Les demandes sont ensuite chiffrées par les services régionaux. Lors d’une seconde réunion, les participants débattent des projets prioritaires. Proviseur ou lycéen, chacun dispose de 10 voix qu’il peut affecter librement sur les projets présentés. Le Conseil régional adopte les demandes par ordre de priorité.
Le BPL peut financer des projets d’amélioration de la vie lycéenne. Ainsi un lycée poitevin a acquis avec cet argent un mini bus, un établissement des Deux Sèvres a investi dans un journal lycéen. Le BPL sert aussi à aménager ou équiper des locaux. Un EREA a fait construire un préau, un lycée a aménagé un terrain de basket, un autre une maison des lycéens. Le BPL peut aussi financer des projets inter-établissements comme une aide aux échanges culturels.
Mais le BPL semble aller plus loin. Il favorise l’investissement dans la vie de l’établissement, le dialogue entre les différents acteurs (professeurs, lycéens, parents etc.) et finalement la qualité du climat scolaire. Il semble aussi marquer un style personnel et un rapport plus démocratique au pouvoir. « Après avoir vanté les mérites de la Démocratie Participative, Madame la Présidente innove avec la Démocratie Silencieuse. Le silence, voilà bien pour Madame la Présidente, le meilleur débat démocratique » estime l’opposition UMP. « La démocratie participative est devenue une réalité dans notre région, avec par exemple la généralisation des budgets participatifs des lycées, qui permettent de faire des choix au plus près des attentes de celles et ceux qui vivent et travaillent dans les établissements » répond la majorité PS. Ce qui est sûr c’est que les deux opinions ont droit de parole. Dans la région de S. Royal le débat est autorisé. Le Conseil régional Poitou Charentes http://www.cr-poitou-charentes.fr Le budget participatif lycéen http://www.democratie-participative.fr/
Dans les Hauts-de-Seine, quand le pouvoir local s’impose dans les collèges Que nous apprend la politique éducative menée par Nicolas Sarkozy dans les Hauts-de-Seine ?
Le premier budget de France. N. Sarkozy a succédé à Charles Pasqua à la tête d’un département qui a une caractéristique forte : c’est le département le plus riche de France. Aussi, même si l’éducation n’est pas la priorité du conseil général (c’est le logement), les collèges (ils sont une centaine) bénéficient de 102 millions de dépenses d’investissements et 9 millions pour le soutien scolaire. Isabelle Balkany pilote l’action éducative du département.
Des investissements dans les nouvelles technologies. Le conseil général soutient un projet de télévision éducative sur Internet, le Canal éducatif à la demande. Celui-ci commence à diffuser des cours gratuits sous format vidéo pour le collège et le lycée. Le département a également un projet d’ENT, l’Environnement numérique des collèges 92. Pour le moment il est seulement en expérimentation dans 6 collèges.
L’autre point fort du département c’est le soutien scolaire. Il prend différentes formes : ateliers pédagogiques regroupant une quinzaine d’élèves pour construire un projet, études du soir, fréquentées par 8 000 collégiens, 2 soirs par semaine pour aider aux devoirs ou revoir ses méthodes. Il y a aussi Premis, un ensemble d’ateliers qui visent à développer l’estime de soi chez les jeunes en leur faisant réaliser quelque chose de concret. Pour les élèves les plus en difficulté, le conseil général teste un « internat pour la réussite » qui accueille 18 élèves.
Le Conseil général à l’assaut des collèges. Le département paye directement les médiateurs éducatifs. Mais la première particularité des Hauts-de-Seine c’est que le conseil général apporte des compléments de rémunération aux principaux et aux enseignants qui contribuent à ces dispositifs. C’est assez rare pour être souligné. Le département n’hésite pas à s’affranchir d’un tabou qui veut que le personnel éducatif se pense dans un cadre national. Ici l’autorité du président du conseil général s’étend par ce biais dans chaque établissement. Le pouvoir local s’impose au collège. Le conseil général
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