Les difficultés d’apprentissage scolaire : bilan d’étape
Jacques Fijalkow, université de Toulouse
En 2000, le rapport Ringard sur la dyslexie et la dysphasie, est suivi par le plan d’action pour les enfants atteints d’un trouble spécifique du langage valide l’existence de la dyslexie.
Le récent rapport de l’INSERM sur les « troubles mentaux » et le dépistage, qui explique qu’un enfant sur huit souffre d’un trouble mental en France, suscite des vives réactions, tant sur ses résultats que sur la méthodologie. L’amendement Accoyer, ainsi que plusieurs rapports et publications, font état d’une bataille d’idée sur la place des psychothérapies, dans lequel se mêlent de plus en plus confusément la Loi et la Science, comme en témoigne la loi sur la « prévention de la délinquance » : on s’oriente vers le « repérage des perturbations du comportement dès la crèche et la maternelle.
Une pétition s’y oppose : « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans », et recueille 200 000 signatures.
Dans l’enseignement primaire, les initiatives ministérielles sur la lecture, la grammaire, le calcul mental ou le vocabulaire cherchent la légitimation scientifique avant de prendre corps dans la modification des programmes, entraînant une grande désespérance chez les enseignants qui perdent leurs repères.
De plus en plus, les références biologiques prennent le dessus sur les références sociales ou sociologiques, à partir des théories anglo-saxonnes. On lie l’expertise des praticiens, dans un modèle mécaniciste qui limite la place du sujet les interactions entre les différents facteurs. C’est pourquoi la nécessité d’une approche historico-culturelle semble plus que jamais nécessaire pour ne pas se laisser enfermer dans une prégnance totale de l’idéologie dominante.
Michel Brossard, université de Bordeaux II
Notre réflexion a commencé en 1987, lors de la parution de Pensée et Langage et Vygotski aujourd’hui, de Bronkaert et Schneuwly. Vingt ans après, il est toujours nécessaire de voir les prolongements actuels, dans l’espace francophone, dans l’espace de la formation.
Les traductions de Vygotski se font de plus en plus nombreuses, rendant accessible tout son corpus. Sa pensée est désormais largement intégrée dans certains champs de la recherche, notamment dans les didactiques. Pour notre colloque, on ne va pas en rester à l’exposition de recherches, mais chercher à comprendre ce que chacun emprunte, met en œuvre, retravaille, pluralise, voir abandonne des idées de Vygotski. Quid du lien entre apprentissage et développement ? Avons nous des matériaux empiriques pour en savoir plus ? Quels rapports entre psychologie du développement et didactique ? C’est le sens du titre de notre colloque : « Vygotski ET les recherches en éducation et en didactique »
Faudra-t-il envisager de refonder les disciplines des sciences de l’Éducation ? À nous d’en discuter…
Sommaire du dossier
Édito : Vygotski, un outil pour penser la classe ?
Prolégomènes… pour débuter ou pour aller plus loin
Deux filons à s’approprier, pour ne pas oublier d’enseigner
Comment faire du nouveau avec de l’ancien ?
Une question nécessaire sur la question du développement
Regardons en même temps ce qui se passe dedans et ce qui se passe dehors…
Approche socio-historique des premiers apprentissages
Entre un historien et un antiquaire…
Du contexte à la construction du sujet cognitif