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L’évaluation, renouveau de l’éducation.
L’évaluation, renouveau de l’éducation Le développement de l’évaluation sous toutes ses formes en éducation ne serait-il pas en train de remodeler le paysage éducatif français ? Plusieurs éléments récents peuvent nous donner raison : le rapport de l’IGEN de juillet 2005 sur les acquis des élèves, le numéro 43 de la revue du CIEP dont le dossier est « que savent les élèves », l’ouvrage de Claude Thélot, Christian Forestier et Jean Claude Emin « Que vaut l’enseignement en France ? » (Stock 2007). Ces écrits témoignent que cette question est de plus en plus sur le devant de la scène alors qu’elle n’est pas si nouvelle si on en juge par les travaux d’André de Peretti, ceux de l’ADMEE, ou encore les travaux de docimologie qui mettent en cause les notes. La loi d’orientation de 1989 amenait progressivement à cette préoccupation pour l’évaluation (au travers des cycles par exemple) et c’est surtout l’apparition des livrets d’évaluation à l’école primaire (1995) qui a mis en évidence cet axe. Les derniers textes officiels publiés par l’Education nationale sont empreints de cette préoccupation en commençant par la LOLF (Loi Organique Loi de Finance) qui figure au premier rang de la circulaire de rentrée 2007. Cette loi qui pose le pilotage par objectif et évaluation de ces objectifs sur la base d’indicateurs (publiés en annexe de la circulaire de rentrée) De quoi est-il réellement question ? De l’évaluation ou du contrôle ? La distinction peut paraître mince, mais en fait elle pose la question de l’intention réelle du processus d’évaluation, sa finalité. Dans le cadre de la LOLF, les choses sont claires, l’Etat souhaite savoir ce qui se fait des moyens mis dans tel ou tel secteur. Mais en exprimant clairement cette intention, l’ensemble de la représentation nationale a montré son souci de rendre des comptes. Dans le même temps l’émergence de ce questionnement témoigne du flou général qui jusque qu’à présent servait de repère pour piloter le système. Rendre des comptes, est un des aspects de cette évaluation, donner à voir et à comprendre en est un autre trop souvent négligé. Or quel que soit l’objet de l’évaluation c’est entre ces deux pôles que se situe le débat. Le bulletin de note est une forme de compte rendu qui donne très peu de chose à voir de ce que sait l’élève. Le livret de compétence (tel celui annoncé pour le socle commun) pourrait donner à voir une foule de détails mais tout aussi incompréhensibles. Regardons ce qui se passe actuellement avec les livrets d’évaluation de l’école primaire pour comprendre comment la volonté de donner à voir l’apprentissage peut se traduire par étouffer d’un surcroît d’informations techniques celui que l’on veut informer, peut-être encore pour qu’il ne sache pas. Car si l’on accepte assez facilement l’idée de rendre des comptes d’une activité, on a beaucoup plus de mal à rendre visible son processus. L’exemple de la difficulté de mise en oeuvre du B2i est assez révélateur de cela. Quelles informations peut-on obtenir sur le processus au travers d’un suivi régulier par l’intermédiaire d’un logiciel comme Gibii ou Sitiz ? Des informations sur ceux qui apprennent mais aussi des informations sur les pratiques collectives de l’établissement : quels enseignants utilisent les TIC, dans quelle classe, pour quelles pratiques…. L’arrivée annoncée d’un livret de compétence pour le socle commun va conforter ce développement. Les réticences des enseignants portent déjà sur l’idée que l’on va passer son temps à évaluer et que l’on oubliera d’enseigner. Or l’évaluation qui est proposée est avant tout l’expression de ce qui se passe pendant l’enseignement (processus) et pas seulement à la fin (contrôle terminal…). Autrement dit le projet est de ne pas systématiquement séparer les temps d’évaluations des temps d’enseignement. Cette évolution inquiète fortement car les modèles ne sont pas très clarifiés (même dans l’esprit des chercheurs). TPE, IDD, B2i, troisième colonne du bulletin scolaire (proposition pour le collège de l’an 2000) sont autant de signes de cette tendance et des résistances afférentes. A l’instar de François-Roger Gauthier (IGAEN) on peut penser que nous sommes devant une situation d’opposition qu’il va falloir dépasser. Notre système éducatif va devoir travailler sur le fond la question de l’évaluation. Sur le fond c’est à dire en commençant par faire faire à chacun de nous un travail sur l’évaluation de son activité professionnelle et non pas seulement en débattant du sujet ou en subissant les nouvelles mesures imposée d’en haut. A ne pas faire faire ce travail le ministère pourrait provoquer une levée de récriminations qui ne seraient autre que l’expression d’une « insécurité » professionnelle. Bruno Devauchelle |
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