Où en est-on du dispositif « seconde carrière » des enseignants ?
Par Catherine Terseur, association AIDOPROFS
Présenté aux enseignants comme une contrepartie à la réforme des retraites en 2003, le dispositif « seconde carrière » permet théoriquement à tout enseignant du premier ou du second degré, totalisant au moins quinze années d’enseignement de changer de carrière. Un peu plus d’un an après la parution de l’arrêté du BOEN fixant les modalités de recrutement, qu’en est-il de ce dispositif ?
La question de la seconde carrière n’est pas, en soi, un phénomène nouveau. Pour certaines professions – les sportifs de haut niveau, les militaires, les pilotes – elle constitue d’ailleurs une norme. Concernant les enseignants, la question est plus singulière. Même si, au fil des temps, l’image du hussard noir de la République entré dans l’enseignement comme en religion tend à s’estomper (tout en étant toujours reprise dans bon nombre d’œuvres littéraires ou cinématographiques par exemple), l’idée qu’un enseignant puisse, à un moment donné de sa carrière, souhaiter changer de métier n’est pas si banal.
Pourtant, depuis la réforme des retraites en 2003 qui a allongé de plusieurs années la carrière des enseignants, la situation n’est plus exactement la même. Soudainement l’âge est devenu un élément déterminant pour bien exercer son métier. Qui ne se souvient pas de ces images d’enseignants alors en grève qui, évoquant leurs conditions de travail, rappelaient par exemple qu’en maternelle tout le mobilier était conçu à la taille des enfants et qu’il devenait au fil des années plus difficile de s’asseoir sur les chaises minuscules. Et même si physiquement les enseignants avouaient pouvoir « tenir », beaucoup se demandaient si après quarante années, le décalage de génération entre des élèves toujours jeunes et des enseignants vieillissants ne finirait pas par devenir un handicap.
C’est dans ce contexte qu’est née l’idée du dispositif seconde carrière, présenté à l’époque comme la solution miracle qui devait permettre à 500 enseignants dès la rentrée 2004 et à 1 000 enseignants les années suivantes de trouver un emploi au sein d’un autre ministère ou de la fonction publique territoriale. Trois ans plus tard, il n’est pas nécessaire de connaître de l’intérieur le ministère de l’Éducation Nationale pour se rendre compte que ce dispositif, en dépit des textes officiels qui ont pu paraître, peine beaucoup à se mettre en place. Et c’est bien pour essayer de lui donner un nouveau souffle que le ministère de l’Éducation Nationale a créé, a créé, auprès du directeur général des ressources humaines, une mission « seconde carrière ».
Constituer un réseau de partenaires fiables
Quels sont donc les objectifs de cette mission ? Pour Philippe Garnier, un des acteurs de cette mission, la réponse est sans équivoque. Pour permettre à des enseignants qui ont enseigné quinze ans ou plus de se reconvertir, il convenait, en premier lieu, d’aller à la rencontre des futurs recruteurs, de tester leur représentation de ce public, de les interroger sur leurs attentes et leurs besoins. Car, si au sein des personnels du Ministère de l’Éducation nationale, une expérience pédagogique de quinze ans ou plus a tendance à être valorisée, le point de vue d’un directeur des ressources humaines d’un autre ministère, d’un conseil régional, général ou même d’une ville est souvent bien différent. L’enseignant expérimenté peut par exemple être soupçonné d’immobilisme, d’incapacité à s’adapter à un autre contexte professionnel…
De manière plus large, il est souvent difficile à ces recruteurs potentiels d’imaginer en quoi les compétences d’un enseignant pourraient leur être utiles. Comme le souligne Pierre-Yves Duwoye, directeur des personnels enseignants interrogé par Laurent Fargues dans un article extrait de la Lettre de la modernisation de l’État, « il n’y a pas de lien naturel entre le métier d’enseignant et les autres postes de la fonction publique ». Et le journaliste d’ajouter « en clair, rien ne dit qu’un professeur de technologie fera un bon ingénieur ou qu’un professeur de français se moule sans difficulté dans un emploi de rédacteur ».
Pour Philippe Garnier, ce point est fondamental. Des postes pourront être accessibles aux enseignants si, et seulement si, un référentiel des compétences acquises par des enseignants au bout de 15 ans d’ancienneté est clairement établi : « tout le monde croit connaître ce métier mais peu connaissent toutes les tâches qui existent autour du présentiel ».
Sait-on par exemple qu’un chef de travaux dans un lycée professionnel est très au fait du tissu économique et social de la région dans laquelle il exerce, que ce même enseignement professionnel comporte plus de 250 spécialités ou disciplines souvent de très haute technicité, qu’un professeur principal acquiert, au fil des années, des compétences dans l’animation d’équipe, que les dispositifs didactiques imaginés par les enseignants pour faciliter l’apprentissage de leurs élèves sont des compétences très recherchées pour des postes de chefs de projet car elles démontrent une haute maîtrise des concepts…
Ces quelques mois d’échanges et de rencontres laissent Philippe Garnier confiant. En effet, il constate chez ses interlocuteurs « un bon état d’esprit » qui lui laisse espérer des ouvertures importantes dans les mois à venir.
Créer un vivier d’enseignants motivés
Des postes, oui mais pour qui et pour combien d’enseignants ? Là encore, la mise en place n’est pas simple dans la mesure où le dispositif « seconde carrière » doit s’appliquer au niveau national. Il convient donc de définir une procédure commune qui pourra s’appliquer à tous les rectorats. Concrètement, cela signifie créer un vivier d’enseignants motivés pour « faire autre chose », à qui un travail d’accompagnement sera proposé en amont (rendez-vous carrière, bilan de compétences…). Suite à cette première étape, les dossiers des enseignants retenus passeraient alors en commission selon le dispositif décrit dans la note du BOEN n°36 du 6 octobre 2005.
Lorsque nous évoquons les chiffres, Philippe Garnier reste prudent. On compte aujourd’hui près de 350 000 enseignants qui ont une expérience d’enseignement de quinze ans. Le dispositif seconde carrière ne peut ni ne doit tous les concerner (en premier lieu parce que tous ne souhaitent pas changer de métier !). Pas question non plus de reprendre les chiffres miraculeux annoncés par François Fillon au moment du lancement du dispositif. Philippe Garnier préfère s’en tenir à une estimation plus modeste : « quelques dizaines par an, ce sera déjà très bien » annonce-t-il car, rappelle-t-il, il convient de bien prendre en compte toutes les spécificités propres au métier d’enseignant (à commencer par le calendrier scolaire qui est un frein très fort à la mobilité des enseignants en cours d’année). « Être modeste dans les chiffres, réaliste dans la procédure, ambitieux dans la réussite », telle est la conclusion de Philippe Garnier. Prochaine étape donc : rentrée 2007. A cette date les rectorats devraient être en ordre de bataille pour accueillir la première « promotion seconde carrière ».
L’arrêté au BO n°36 du 6 octobre 2005
http://www.education.gouv.fr/bo/2005/36/MENP0502046A.htm
Le décret
http://www.legifrance.gouv.fr/texteconsolide/SSHCX2.htm
Réaction UNSA Education
http://www.fen.fr/modules.php?name=News&file=article&sid=367
Diaporama réalisé par le SNES
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=1854
UGFF-CGT
http://www.ugff.cgt.fr/pdf/fonct_publ/fonct_publ_113/fonct_publ_113_16_17.pdf
Les postes se rapportant au dispositif de « seconde carrière » prévu par l’article 77 de la Loi Fillon. Huit postes sont proposés pour l’instant et il faut poser sa candidature avant le 25 avril 2007, après avoir bien lu si vous remplissez les conditions d’accès à ce dispositif
http://www.ac-paris.fr/article.php3?id_article=239
Les bonnes pistes du mois pour évoluer professionnellement dans le domaine artistique
Par Rémi Boyer de l’association AIDOPROFS
Régulièrement, le site web de la Cité de la Musique publie des postes susceptibles d’intéresser des enseignants de musique. Les détachements y sont rares, mais ces postes peuvent être une évolution professionnelle pour enseignants ayant pris une disponibilité pour convenances personnelles.
L’association IRMA (Information et Ressources pour les Musiques Actuelles) constitue une vraie mine d’emplois et de stages dans différents domaines artistiques : musique, arts plastiques, audiovisuel, mais aussi dans le domaine de la communication événementielle. Beaucoup d’offres concernent des associations, et peuvent intéresser des enseignants du privé, ou des enseignants du public en disponibilité.
http://www.irma.asso.fr/emploi/
Un enseignant qui souhaite évoluer professionnellement dispose de compétences transférables : celles qu’il exerce bien souvent sans le savoir. L’enseignant transmet son savoir, donc il sait communiquer. Ce site propose de nombreux stages en matière de communication, mais aussi d’édition. Effectuer un stage l’été, durant les vacances scolaires, peut-être un moyen d’ajouter à son CV une expérience professionnelle différente, toujours utile.
http://www.profilculture.com/annonce/annonce_liste.php?id_annonce_secteur=3&session_reset=1
Dans le domaine des arts plastiques, ce site recèle parfois des postes intéressants, souvent à l’étranger.
http://www.pourinfos.org/cat-emploi-tit-offres-d-emploi-formations
L’académie de Paris vient de mettre en ligne des postes spécifiques dont certains de non enseignants. La liste est impressionnante.
http://www.ac-paris.fr/article.php3?id_article=237
Dans le Café 81, nous avons évoqué les concours ITRF. La publication des postes mis au concours est imminente (le site indique « à la mi-avril », puisque les inscriptions débutent le 25 avril) et sera accessible sous ce lien :
http://www.education.gouv.fr/cid248/inscription-suivi-de-candidature-saisie-des-voeux.html
L’association AIDOPROFS peut vous aider à rédiger le rapport d’activité, qui, joint à votre CV et une lettre de motivation, que nous aidons aussi nos adhérents à rédiger, constitue le dossier permettant d’être déclaré admissible à l’épreuve orale d’entretien.