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Internet a permis la naissance de nouvelles communautés éducatives délocalisées. Mais, au croisement du mondial et du local, le net est aussi un outil pour créer ou renforcer des dynamiques locales. C’est le cas de ce réseau auvergnat qui relie enseignants, élèves, parents de lycées, collèges et écoles de la région d’Ambert. FJ- Michel Sauvade, vous êtes un des animateurs des » espaces numériques de ressources, d’information et de travail du lycée d’Ambert ». Pourquoi ce pluriel ? MS- Le site comprend les ressources du lycée d’Ambert, et concerne les 8 collèges du bassin de formation, ainsi que le primaire qui pourra progressivement intégrer l’ensemble. Le lycée d’Ambert dispose d’un serveur internet hébergé dans ses murs. Il comprend une partie spécifique au lycée, une autre au bassin de formation Livradois-Forez. Dans les deux cas, il s’agit d’une superposition d’espaces de travail destinés à des groupes différents : élèves d’une classe, élèves d’une classe dans une discipline, enseignants, parents, administration. Pour la partie bassin, principaux des collèges, professeurs d’histoire-géographie, correspondants tice. En outre deux espaces mettent en ligne le fonds documentaire du lycée et rendent possible une gestion collective du B2i au niveau du bassin. A ce jour, l’administration du lycée transmet l’intégralité des documents nécessaires aux enseignants par ce biais. Les ressources du CDI sont accessibles aux collèges voisins. Des espaces de travail sont ouverts pour l’ensemble des enseignants d’histoire-géographie (annonce de formation, organisation de voyages scolaires communs, ressources disponibles (y compris le café !)… Il y a aussi un espace réservé à la liaison 6ème-CM2 entre le collège Jules Romain d’Ambert et l’école publique de Marsac. Cet ensemble continue à croître : aujourd’hui, demande m’a été faite d’ouvrir un espace pour le collège d’Ambert. FJ- Quel modèle pour ce site ? MS- Pas de modèle particulier, c’est une évolution naturelle, enrichie par le foisonnement de la mise en ligne des uns et des autres. Par exemple, en histoire-géographie, il y avait déjà un site de mise en ligne de documents, un site des élèves pour préparer au bac, une équipe enseignante et éducative fortement motivée et compétente. Nous essayons de répondre à un besoin pédagogique, d’accroître la communication et l’échange avec les élèves en la sortant des limites figées de l’heure de cours. Si nous nous sommes engagés dans cette voie c’est que les TICE contribuaient activement à nos objectifs pédagogiques. FJ- Qui pilote ce projet ? L’institution ? Les collectivités locales ? MS- Le site est géré par Christophe Duclaux, correspondant TICE du lycée, et moi-même pour la partie bassin. Les ressources sont mises en communs : fond documentaire du CDI, outils d’évaluation du B2i, ressources mises en ligne par les autres enseignants (exercices en ligne, fiches de révision, etc.). L’idée est venue de Christophe et de moi après avoir vu le système Sharepoint au Salon de l’Éducation 2002. Le projet est piloté par la DATICE, le rectorat ayant fourni et déployé l’adresse http://www.0630001j.ac-clermont.fr. L’institution fournit les moyens. Dans l’immédiat pas d’implication directe des élus locaux : ils interviennent plutôt au niveau du matériel, par exemple l’achat de tableaux interactifs. Les écoles pourraient être équipées pour visualiser les ressources partagées à la charge des communes ou communautés de communes intéressées. FJ- Comment sont utilisés ces espaces ? MS- Mis en oeuvre à la rentrée 2003, le serveur connaît une montée en puissance, Le serveur sert de support pour les documents du cours. Le professeur charge les documents et liens sur l’espace de la classe chez lui la veille du cours. En cours les documents sont récupérés et utilisés. A la fin du cours, le professeur remplit le « cahier de texte en ligne » avec les élèves. En dehors du cours, il est donc possible d’utiliser à nouveau les documents du cours, de consulter le cahier de texte, de contacter les enseignants par mail, et même, dans le cadre du tableau interactif, de visionner la trace écrite du cours. Actuellement les développements vont en direction de la mise en ligne directement des productions des élèves sur le même principe. Par ailleurs, la mise en place du nouveau serveur du lycée devrait permettre rapidement de fusionner les espaces de travail des élèves en intranet et le site du lycée. FJ- Cette visibilité a-t-elle changé les rapports avec les élèves et les familles ? MS- Cela amène un contact privilégié avec l’enseignant et le cours qui devient plus accessible. Du coté des familles on observe un certain étonnement quand elles découvrent que le serveur leur est également destiné et leur fournit des informations « en temps réel ». FJ- Et du coté des enseignants ? MS- L’ outil favorise la mutualisation des documents entre enseignants voire FJ- Peut-on parler de la constitution d’une communauté enseignante ? MS- Le « groupe opérationnel » de base me paraît surtout être le groupe-classe autour d’une discipline : c’est l’enseignant qui impulse la dynamique en mettant à disposition des élèves des ressources pédagogiques, pour les associer ensuite à la production commune. FJ- Les enseignants n’ont-ils pas l’impression d’alourdir leur charge de travail ? MS- La mise en ligne est contraignante. Mais on ne s’inscrit pas dans une logique de résistance ou d’enthousiasme : l’outil existe, il est mis à disposition à la demande, parmi d’autres outils pédagogiques. Il n’y a pas de surenchère technologique. Le projet pédagogique doit précéder l’usage de l’outil. Les collègues peuvent se rendre compte de ce qui est déjà mis en ligne, le mettre en relation avec leurs pratiques. C’est ensuite seulement qu’ils pourront demander, s’ils le souhaitent l’ouverture de leur espace pédagogique personnel. FJ- Quelles retombées sur les pratiques pédagogiques ? MS- Une obligation pour l’enseignant de formaliser les supports de cours, de S’il y a peu de croisement disciplinaire pour le moment; l’entrée la plus favorable est celle des TPE ou des PPCP, et dans ce domaine les élèves ont pris l’habitude depuis des années de travailler de façon autonome sur leur propre matériel informatique. FJ- La transparence permise par le serveur ne risque-t-elle pas de mettre en concurrence les établissements ? MS- Les parents peuvent avec le serveur savoir quel travail est effectivement réalisé en cours. Cela peut lever bon nombre d’ambiguïtés. Le fait que l’établissement soit de petite taille dans une petite ville, donne dès le départ des relations plutôt faciles avec les parents. Pour la concurrence entre établissements, la question est celle de la transposabilité du cas ambertois. Je pense que c’est le projet pédagogique initial qui sous-tend en réalité les développements que nous connaissons actuellement. Il s’agit d’un travail sur plus de 10 ans, qui se poursuit et aboutit aujourd’hui à une véritable généralisation à l’échelle de l’établissement. Nous avons quitté le stade des expériences ponctuelles sur telle ou telle discipline pour offrir un service accessible à « coût de compétence technique » aussi réduit que possible. Le risque de ségrégation sociale est réel, et c’est pourquoi nous attendons la disponibilité des postes du nouveau CDI pour monter en puissance. Cependant, le taux d’équipement devient satisfaisant et ne pourra que se développer rapidement. Est-il vraiment différent entre une famille disposant d’une bibliothèque à domicile et une autre non ? Peut-être sur le plan du contact direct avec les enseignants, mais pas autrement à mon sens. FJ- Peut-on déjà parler d’efficacité pédagogique ? MS- C’est prématuré : il faut attendre la fin de l’année pour un bilan global. Néanmoins les premières impressions sont bonnes : le nombre d’enseignants impliqués augmente régulièrement. Demain, un seul site pour un seul et unique espace de travail personnalisé réunira enseignants, élèves et équipe éducative. Le démarrage est conforme à nos attentes, et progressivement collègues et élèves s’approprient l’outil. Avec la plate-forme Sharepoint nous avons éliminé pour l’essentiel l’obstacle de la technique pour que chacun puisse se focaliser sur la dimension disciplinaire et pédagogique. Les espaces numériques d’Ambert :
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