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Avec ses 22 épreuves de calcul mental, ses 1915 pages programmées contenant 855 images ou animations, ses 1745 réponses à fournir pour 520 références de questions mémorisées, le site « Amicollège » de Thomas Crespin avait retenu l’attention de Didier Missenard dans la rubrique maths du Café pédagogique n°45. C’est aussi que près de 140 établissements utilisent le site, ce qui est vraiment énorme ! Au-delà du succès nous avons voulu savoir dans quelles conditions ce projet avait vu le jour. Quelle image des mathématiques anime T. Crespin ? Dans quel contexte institutionnel, avec quelles représentations pédagogiques un jeune enseignant français réalise-t-il un site pédagogique aujourd’hui ? FJ- Comment est né ce projet ? TC- C’est une réalisation très personnelle. Je me suis formé tout seul aux langages de programmation et pendant trois années j’ai patiemment appris le PHP, SQL, Java, Flash, Xml… J’ai aussi passé beaucoup de temps à concevoir l’organisation du site, à en imaginer l’architecture. Au début je voulais simplement transposer mon cours sur Internet pour que les élèves puissent le consulter. Je n’imaginais pas pouvoir un jour emmener une classe entière en salle informatique pour étudier un chapitre. Par contre j’avais l’idée qu’avec l’informatique on pouvait réaliser des animations, ce qui est évidemment impossible au tableau noir. J’avais même une idée précise : le chapitre sur les translations en 4ème. Finalement mon projet a évolué. Je me suis attaché à la réalisation des animations et j’ai commencé par le programme de 6ème que j’ai renforcé avec des modules de calcul mental. Je suis arrivé à l’idée de tout mettre en ligne : à la fois le cours, les exercices et des activités. Il y a de nombreux sites qui proposent tel ou tel point précis. Moi je veux couvrir une année entière avec tout ce que je fais en classe. L’aboutissement pour moi ce serait de pouvoir emmener mes élèves 4 heures par semaine en salle informatique. Ils travailleraient tous avec leur cahier comme en cours. FJ- On voit les mathématiques intégrer un contenu plus culturel, historique, qui permet aux élèves de comprendre ce qu’est une découverte et une démarche scientifique alors que la réduction des maths à une suite d’exercices peut assécher les intérêts. D’autre part, l’informatique n’est-elle pas plutôt un outil pour gérer l’hétérogénéité. Pourquoi emmener tous les élèves sur les mêmes parcours ? TC- Mon site intègre des séquences historiques par exemple sur l’histoire des nombres, sur Euclide. L’informatique permet d’individualiser le rythme. Les élèves font tous un socle commun avec les mêmes exercices mais à leur rythme personnel. Les plus rapides peuvent effectuer les travaux de recherche de fin de chapitre pendant que les plus lents terminent leurs exercices. En même temps le professeur a le temps de s’occuper individuellement des enfants. Il est débarrassé du rôle de sanction et accompagne les jeunes. Les élèves acceptent beaucoup mieux l’erreur quand c’est la machine qui la signale. Ainsi l’ordinateur permet de régler des problèmes de comportement. Je travaille en ZEP et c’est impressionnant de voir comment les élèves se concentrent sur les exercices. Un grand silence règne dans la salle, une atmosphère de sérénité. Ils se questionnent, s’entraident. Quelle différence avec les cours habituels ! Cependant on peut utiliser le site de plusieurs façons : individuellement, en classe sur un thème précis par exemple. FJ- Quels modèles savez-vous utilisés pour la construction du site ? TC- Aucun. Je suis parti de mon idée et je l’ai construite petit à petit. Je n’ai reçu aucune formation. Si je me souviens bien je n’ai pas vu un seul ordinateur, encore moins de conception de séquence informatique, quand j’étais en IUFM. J’enseigne depuis 7 ans et je me suis auto-formé. FJ- Quels échos avez vous de ce site du côté des élèves, des parents, de l’institution ? TC- En ZEP rurale de nombreux élèves n’ont pas encore Internet. Mais j’ai des échos positifs de certains parents et quelques élèves. Par contre j’ai été blessé par l’absence de soutien de l’institution. Le site de Thomas Crespin : |
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