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Un article de Christophe Corbier, « la communication contre l’histoire » (Le Monde, 1er mars 2005), tente d’élucider les causes profondes de l’absence de l’histoire dans le « socle commun » de connaissances prévu par la loi Fillon. Il analyse les menaces qui pèsent sur l’enseignement du « passé », histoire et langues anciennes, mais aussi sur les enseignements artistiques. « Dans un monde horizontal, où les distances paraissent s’annuler, où la multiplication des informations se substitue au regard rétrospectif et nous donne l’impression de vivre dans un présent perpétuel et toujours en mouvement, c’est la communication bien plus que la parole qui est essentielle. » « Qui voudra comprendre qu’au-delà du latin et du grec, le réel problème est la place qu’occupe le passé dans notre société ? », demande Christophe Corbier. Dans l’essai qu’elle publie cette année chez De Fallois, L’Élan démocratique dans l’Athènes ancienne (février 2005), J. de Romilly analyse cette « parole » dont parle Christophe Corbier. La parole est le ferment de la démocratie. « Qui veut prendre la parole? » ; « Au tribunal : le débat » ; « la création tragique » : ce sont les trois chapitres du livre. Discours, plaidoyers, dialogues… La voix de la Grèce ancienne nous apprend à penser, parce qu’elle nous apprend à parler et à écouter. L’essai s’achève sur les menaces qui pèsent actuellement sur les langues anciennes, et sur les moyens dont nous disposons pour défendre la culture classique. C’est un fait : la mention « La proportion des élèves de lycée étudiant une langue ancienne augmentera de 10 % » disparaît du projet de loi Fillon adopté par le Sénat le 24 mars 2005. Ces menaces ne concernent pas seulement la France – nous avons tenté de le montrer dans le numéro 60 du Café pédagogique, et cette nouvelle édition le confirme. Mais elles ne concernent pas non plus seulement les langues anciennes ou l’histoire. Il ne s’agit pas d’un complot, et les langues anciennes donnent quotidiennement la preuve de leur présence dans la culture d’aujourd’hui. Il serait néanmoins regrettable que la conjoncture menace durablement une culture classique qui ne cesse de montrer (nous tentons ici de nous en faire l’écho) sa capacité à se renouveler. Article de Christophe Corbier dans Le Monde |
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