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On ne sait pas dater avec exactitude l’introduction du genre théâtral en Egypte. L’étonnement de Rift Rafa Al Tahtawi, assistant à une pièce du théâtre pendant son séjour à Paris, alors qu’il était à la tête d’une commission scientifique égyptienne, nous permet d’affirmer que cet art était encore méconnu. Son incapacité de définir ce qu’il vit, l’oblige à arabiser le terme français «théâtre» faute d’equivalence en arabe. La profession d’acteur, tout comme les juridictions civiles, la médecine et les appels pour l’abolition du voile, étaient le résultat d’une relation récente avec l’Occident, une relation d’influence et de défiance à son égard. Les biographies des pionniers de l’art en Egypte sont pleine d’histoires illustrant ce rejet. Oum Koulsoum, la diva égyptienne chantait, à ses débuts, déguisée en garçon bédouin. En effet, des années 30 aux années 60, il était rare que la décision de devenir actrice ne rimât pas avec brouilles familiales, rupture, voire exclusion de la famille. Dans les années 60, le Nassérisme et ses slogans libertaires et nationalistes a enterré les signes révélateurs de ce qui se passait réellement dans la société égyptienne, et personne, égyptiens ni arabes, n’étaient en mesure de savoir ce qui s’y déroulait réellement. Cette ignorance explique aujourd’hui le désarroi des intellectuels égyptiens qui assistent aux tentatives d’étouffer toute expression artistique ainsi qu’au port du voile par un nombre accru d’artistes. On aurait pu croire que l’Egypte des années 60 était émancipée et libérée du joug de la Charia intégriste. Alors qu’en réalité, la société égyptienne était perméable aux principes islamistes façonnés par le haut… Article de Fadi Tawfiq, publié dans BabelMed en arabe et en français. Page d’accueil de BabelMed : Lire l’article en français : Lire l’article en arabe : |
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