Par Caroline d’Atabekian
Des podcasts en cours de français : pourquoi faire ? – interview de Yaël Briswalter
Yaël Briswalter est professeur de français à (établissement(s) ? ville ?), dans l’académie de Grenoble. Il est également l’auteur de la rubrique Podcast du site Lettres de l’académie.
Le Café – Depuis l’an dernier tu exploites les podcasts en cours de français. Peux-tu nous donner quelques exemples d’activités avec les élèves autour du podcast ?
Yaël Briswalter – J’aime bien faire écouter des extraits pris chez Télérama lecture. Cela peut être juste une amorce, pour donner des idées de lecture personnelle, comme Le Diable au corps, par exemple, que les élèves de troisième ont particulièrement apprécié. Certains se sont abonnés pour écouter l’ensemble de l’œuvre. D’autres ont lu les Trois contes après avoir écouté l’incipit d’Un Cœur simple. L’écoute de podcasts a donc permis d’amener les élèves à la lecture, de l’écoute de textes lus à travers leur baladeur mp3 ou, plus traditionnellement, la lecture sur papier.
Le Café – Comment cela se passe ? Travailles-tu en classe entière ? Ont-ils tous des casques ?
Y. B. – Cela se passe en classe entière, on garde un moment d’écoute, en activité décrochée, de temps à autre. Soit je branche mon baladeur sur des enceintes, soit je fais écouter sur mon portable (le volume est juste suffisant). Les podcasts de Télérama sont uniquement des fichiers sonores, mais il peut y avoir aussi des videocasts.
Il m’est arrivé, en parallèle avec l’étude d’Un long dimanche de fiançailles, de projeter un podcast fait par une autre classe sur la guerre des tranchées (sur le site web de L’Histoire en baladodiffusion). Parfois, je projette également des animations que je fabrique moi-même et que je publie sur le site Lettres de Grenoble (sur les conjugaisons, par exemple).
Le Café – Tu as parlé de l’écoute de podcasts en classe, mais qu’en est-il de la production de podcasts par les élèves ?
Y. B. – J’ai fait avec eux une expérience très profitable sur la création de podcasts sur le thème du Carnet de voyage. Nous partions de textes étudiés en lecture analytique : Le Livre des merveilles ou le devisement du monde de Marco Polo, en 5e, ou des extraits du Voyage en Orient de Nerval, des extraits de Chateaubriand, Lamartine, Flaubert, Pierre Loti en 3e, pour le XIXe siècle. Avec les six ordinateurs Apple dont nous disposons, plus le mien, les élèves devaient s’entraîner à lire le texte, et écrire un scénario de présentation avec de la musique, des images, des chapitres, en vue d’un enregistrement destiné au podcasting. Le scénario répondait des questions portant sur la voix (ton, débit, volume). Des indications de couleurs devaient figurer sur le texte à lire. Il s’agissait de décrire le plus précisément possible la musique qu’il fallait placer à tel ou tel endroit du texte. C’est en réalité un travail de création qui suit un travail d’interprétation du texte.
L’enregistrement d’extraits littéraires du Moyen-Âge, en cinquième, du XIXe siècle en troisième, a créé dans les classes une réelle émulation qui se manifestait à la fois pas une volonté de bien lire (le fait que cela soit publié est important aux yeux des élèves), et par un intérêt assez marqué vers les textes proposés.
Pour écouter les Carnets de voyage :
http://www.ac-grenoble.fr/college/aixlesbains.garibaldi/garibabel/Gari-Babel/Carnets de voyage.htmlLe Café – Tes élèves ont-ils des baladeurs numériques à eux ?
Y. B. – Une grande majorité des élèves (je dirais 20 sur 29) possède un baladeur (rares sont ceux, cependant, qui ont un baladeur vidéo : 2 sur 29). S’ils n’ont pas de connexion haut-débit, ils peuvent me donner leur lecteur mp3 ou une clé USB pour que j’y mette les fichiers.
Le Café – Pas trop de difficulté par rapport aux références musicales des élèves ? Pour les aspects techniques ? Et les problèmes de droits ?
Y. B. – Le logiciel GrarageBand (pour Mac) que nous utilisons pour la création des podcasts contient des musiques toutes faites libres de droits, accessibles par genre, instrument, ton. Je demande aux élèves de définir dans leur scénario le tempo, les instruments, le ton (triste, épique, etc). On dispose soit de musiques complètes, soit de boucles de sons d’instruments simples, soit encore de bruitages, classés par noms. Pour les intégrer au podcast, il suffit d’un glisser-déposer.
La prise en main de Garageband par les élèves se fait en 5 à 10 minutes. Par groupes de deux ils enregistrent leur texte et réalisent le montage en 40 minutes, pendant que le reste de la classe travaille à des exercices de remédiation divers. On n’a donc utilisé que Garageband, qui permet d’enregistrer, de placer des images et une bande sonore en quelques clics, de créer éventuellement chapitres et des liens, puis un fichier mp4. C’est moi qui publie ensuite les fichiers.
Les illustrations ont été soit réalisées par les élèves puis numérisées, soit prises sur Internet (site de la BnF, en indiquant la source et en créant un lien).
J’avais 29 élèves dans la même classe, sans casque, et en trois heures, chaque groupe a pu réaliser son podcast.
J’ai même refait le travail avec des sixièmes. Là, après lecture analytique de quelques Fables, on élabore un scénario, puis on vient le réaliser au tableau (au vidéoprojecteur) ; avec Garageband, la réalisation est très rapide : l’enregistrement se fait en lisant devant toute la classe. Le ton et la lecture ont été travaillés en classe entière.
Un exemple ici :
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/Podcast/536B6E6A-2DED-4094-8D62-93E0D8218329/2F12A88F-8A65-4FED-905D-483D500964E5.htmlLe Café – Et pour ceux qui voudraient faire pareil avec un PC, quel logiciel conseilles-tu ?
Y. B. – Je les renvoie vers les logiciels que l’on a testés avec mon collègue Philippe Olivier, Pod Media Creator (éditeur : BVRP), ainsi que vers le montage audio avec le très bon Audacity
Liens :
La rubrique Podcast du site Lettres de Grenoble :
http://www.ac-grenoble.fr/disciplines/lettres/podcast/Podcast/Accueil.htmlLes podcasts de Télérama-lecture :
http://www.teleramaradio.fr/