« C’est la fin du blog. Une procédure disciplinaire est engagée contre moi par le principal du collège. Il me reproche globalement de donner une image très négative du collège et de la façon dont il est géré. Cette procédure pourrait déboucher sur un blâme et une mutation d’office. Je pensais être parvenu à respecter mon devoir de réserve, je pensais être honnête dans ce que je rapportais et dans la façon dont je le rapportais. Apparemment je me trompais« .
Après l’affaire Garfield, qui avait abouti à la sanction d’un principal de collège qui évoquait sa vie professionnelle sur son blog, l’administration a donc décidé de poursuivre un professeur de collège.
Pourtant, intitulé « La vie palpitante d’un prof en zep », le blog en question ne se limitait pas à décrire les problèmes de discipline rencontrés dans un collège difficile. Il allait au–delà évoquant plus globalement le système éducatif, les ouvrages médiatiques sur l’Ecole et aussi les petits bonheurs de la journée d’un enseignant amoureux de son métier.
Tout cela il le faisait anonymement : le nom de l’auteur, celui de l’établissement n’apparaissent pas sur le site. On voit mal alors comment l’accusation de porter préjudice au collège peut être maintenue. A moins qu’on entende par là le regard, parfois sévère, jeté sur le principal de ce collège anonyme. L’intéressé s’est reconnu et estime sans doute son autorité attaquée.
Cette nouvelle affaire montre à quel point Internet bouscule l’Ecole. Dans ce cas le blog heurte une hiérarchie peu habituée à voir ses décisions soumises au débat. Il rend aussi visible la vie interne de l’établissement dans un système qui craint ce genre d’information et ne la diffuse qu’au compte goutte d’indicateurs soigneusement calibrés.
Peut-elle pour autant échapper au débat et à la transparence ? Paradoxalement, avec les ENT, l’administration fabrique elle-même les outils qui devraient ouvrir l’Ecole et faire évoluer les relations à l’intérieur et à l’extérieur de l’Ecole. Mauvais jours pour Anastasie !