L’Ecole peut-elle fabriquer de bons citoyens ?
L’année électorale s’est ouverte sur ces images des files d’attente, fin décembre, où des jeunes attendaient pour s’inscrire sur les listes électorales. On sait que l’âge est un facteur important pour la participation électorale. Selon une étude CSA de 2002, les 18-24 ans ont le plus fort taux d’abstentionnisme (40%) parmi les électeurs. Plus récemment, un sondage réalisé pour l’association « Graines de citoyens » montre que 79% des jeunes âgés de 18 à 25 ans ont une mauvaise image des hommes et femmes politiques. Une petite majorité des jeunes dit s’intéresser à la politique (57%), mais sans grand enthousiasme : seuls 16% s’y intéressent « tout à fait ». Tous ces faits intéressent l’Ecole, chargée de transmettre les valeurs démocratiques et de « fabriquer » de « bons » citoyens, c’est-à-dire des citoyens exerçant pleinement leurs devoirs.
C’est d’ailleurs devenu un lieu commun que d’affirmer l’existence d’un lien entre l’éducation et la construction démocratique. Cette opinion n’est d’ailleurs pas pour rien dans les motivations des enseignants et leur foi en leur métier. Ainsi Lipset a montré que les individus éduqués acceptent mieux les valeurs démocratiques. D’autres auteurs (Nie, Corbett, Przeworski) ont pu montrer que les individus ayant un haut niveau éducatif votent plus largement pour les partis démocratiques. L’éducation serait donc un élément déterminant de la construction démocratique et de la stabilité politique. On a pu ainsi mettre en relation le niveau d’instruction et les choix politiques aux élections de 2002. On avait ainsi trois fois moins de chances de voter Le Pen avec un diplôme du supérieur qu’avec un simple bac…
Mais est-ce bien l’Ecole qui explique ce décalage ? Thomas Siedler, professeur à l’université d’Essex, a étudié le rapport entre la prolongation de la scolarité et la construction démocratique en Allemagne.
De 1949 à 1969, la scolarité obligatoire a été prolongée. Et parallèlement la vie démocratique s’est développée dans le pays. Il a pu mettre en évidence le rapport entre le développement de l’Ecole et celui des pratiques démocratiques. Ainsi prolonger l’école d’un an est corrélé avec 4% de plus de chances de s’intéresser à la politique ou 3% de participer à une manifestation politique ou encore cela augmente de 5% la possibilité de signer une pétition.
Pour autant il estime n’avoir aucune preuve que ces corrélations sont réellement en lien avec le développement de l’Ecole. D’autres facteurs lui semblent avoir joués : les expériences vécues sous Hitler et l’importance des liens intergénérationnels par exemple.
Que tirer de ces contradictions ? Calculer la rentabilité même démocratique de l’éducation est chose difficile. La rentabilité diminue sans doute avec l’augmentation du taux de scolarisation : il est peut-être plus difficile de transmettre les valeurs démocratiques aux milieux les plus défavorisés. Mais ces résultats sont à la hauteur de la construction démocratique : un perpétuel défi à relever. Il nous incombe donc de construire la démocratie dans et à l’école.
Les présidentielles
Famille, école, justice, emploi, environnement, immigration… A travers 18 grands thèmes et de nombreux extraits vidéos, l’INA nous invite à redécouvrir les enjeux des élections présidentielles. Qui se souvient de Marcel Barbu ? Le site part aussi à la pêche aux candidats qui ont cherché les suffrages des français depuis 1965. Enfin chaque élection peut être vécue à travers une sélection d’actualités. Voilà un bel outil d’éducation civique pour faire réfléchir ls élèves sur la vie politique.
L’Europe a 50 ans
Le 25 mars 2007 marquera le 50ème anniversaire du Traité de Rome qui a créé la Communauté économique européenne. La présidence allemande de l’Europe rappelle l’événement dans une brochure qui retrace l’histoire de la construction européenne et montre l’action de l’Europe.
« Cette rétrospective des 50 dernières années révèle une réussite sans précédent. Nous, Européens, pouvons être fiers de ce que nous avons réalisé: la CEE fondée le 25 mars 1957 est devenue une Union à 27 États membres qui, après les douloureuses expériences de la guerre, des expulsions et de la misère, unit aujourd’hui le continent européen dans la paix et apporte à celui-ci un niveau de prospérité et de stabilité qu’il n’avait jamais connu auparavant. Le marché intérieur qui fonctionne selon des règles uniformes pour plus de 450 millions de consommatrices et consommateurs ainsi que la monnaie commune contribuent chaque jour à notre prospérité et à notre sécurité économique. L’espace Schengen signifie des frontières ouvertes pour les citoyens. Grâce à l’espace commun de justice, de liberté et de sécurité, l’Union européenne fournit par ailleurs une importante contribution à la sécurité commune. Vers l’extérieur, l’Union est devenue une puissance commerciale de premier plan et un facteur important dans la politique internationale ».
http://www.eu2007.de/fr/The_Council_Presidency/treaties_of_rome/index.html
http://www.eu2007.de/fr/The_Council_Presidency/download_docs/50_Jahre_EU_franz.pdf
****http://www.cafepedagogique.fr/dossiers/constit/index.php
Un projet de Charte de la laïcité
Selon Le Monde, le Haut Conseil à l’intégration a proposé au premier ministre une Charte de la laïcité qui rappellerait la neutralité religieuse dans les lieux publics. Parmi les principes avancés dans la charte : « tous les usagers ont un égal droit d’accès aux services publics » ils « ont le droit d’exprimer leurs convictions religieuses, dans les limites du respect de la neutralité du service public et du bon fonctionnement de celui-ci » On lit aussi : « Lorsque la vérification de l’identité est nécessaire, ils doivent se conformer aux obligations qui en découlent »
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-860937@51-861142,0.html
La peine de mort inconstitutionnelle ?
« Il est ajouté au titre VIII de la Constitution un article 66-1 ainsi rédigé : « Art. 66-1. – Nul ne peut être condamné à la peine de mort. » L’Assemblée nationale a adopté en première lecture le 30 janvier un projet de loi rendant impossible le retour de la peine de mort.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/ta/ta0662.asp
La Fondation Abbé Pierre dénonce une politique du logement anti-sociale
« Le non-logement concerne non seulement ceux que l’on nomme les exclus, mais aussi tout ceux dont la situation économique ou sociale est un obstacle à l’accès au logement. Il se manifeste en milieu rural comme dans le centre des villes, les banlieues et les zones touristiques, et d’une manière plus générale sur tous les territoires qui connaissent une pénurie de logements accessibles. La nouveauté de ce phénomène réside donc autant dans l’importance du nombre des situations repérées que dans leur diffusion dans le corps social et sur le territoire ». Dans son rapport annuel, la Fondation Abbé Pierre fait plus que montrer l’importance de la crise du logement. Elle en analyse les causes et désigne les responsables.
« Le non-logement est donc un phénomène qui s’est développé de façon insidieuse et qui, bien souvent, continue à échapper aux dispositifs de prise en charge institutionnelle…. Il est aujourd’hui urgent d’agir et pour cela, faire admettre que le non-logement est la manifestation de l’insuffisance et de l’inadaptation des réponses que la collectivité publique apporte à la crise du logement : saturation des structures d’hébergement et affaiblissement des moyens alloués aux associations gestionnaires, baisse de solvabilisation par les aides personnelles au logement, recrudescence des expulsions locatives…, absence de fluidité du parc social et production neuve à loyer accessible insuffisante; de même qu’il tient à l’insuffisance d’autres politiques que celles du logement dont les effets sont externalisés : carences du secteur psychiatrique pour accueillir les malades à leur sortie, politique d’accueil de l’immigration pour le moins décalée par rapport aux flux migratoires réels, politique carcérale qui ne se préoccupe guère de la réinsertion des prisonniers à la sortie de prison ».
Des thèmes qui sont développés dans deux chapitres sur les constructions de logements et sur la paupérisation de la population.
« Les responsables de la politique du logement conduite ces dernières années énoncent que celle-ci a été dirigée prioritairement vers les couches moyennes et les catégories populaires. Pourtant, qu’il s’agisse du parc HLM ou du secteur privé, les mesures adoptées ont privilégié la partie supérieure de l’offre : le PLS plutôt que les « véritables » logements sociaux (PLUS et PLAI), et le locatif privé à loyer intermédiaire plutôt que les logements conventionnés accessibles aux ménages modestes. La relance de la construction sur laquelle le gouvernement communique abondamment serait alors un leurre pour les couches populaires évidemment, mais aussi pour les classes moyennes qui seraient en quelque sorte dupées ». La Fondation précise que « en 2006 comme en 2005, plus de 400 000 logements ont été mis en chantier, permettant enfin de couvrir le niveau des besoins quantitatifs en logement, mais jamais si peu de produits nouveaux destinés à des ménages à revenus modestes n’auront été présentés sur le marché ! De l’ordre de 170 000 mises en chantier correspondent, en 2005 comme en 2006, à des logements qui seront attribués sous conditions de ressources ou à des loyers inférieurs à ceux du marché, alors qu’ils étaient près de 210 000 en 2000 (la construction annuelle se situait alors à 310 000 logements). La part de ces logements est donc maintenant de 41 % de la construction, contre 67 % en 2000… La politique du logement conduite dans la période récente relègue donc au second plan les préoccupations sociales ».
Mais la Fondation poursuit l’analyse jusqu’aux causes économiques de la crise. « Le niveau de revenu des ménages et son évolution sont trop souvent méconnus et insuffisamment pris en compte. Qui sait et prend en compte le fait que seul un dixième des salariés à temps plein touche plus de 3 000 euros nets par mois et qu’un tel salaire n’est donc pas un salaire de « classe moyenne » ? Qui sait que près de 50% des salariés du secteur privé touchent moins de 1 400 euros nets par mois (et 30% moins de 1 200 euros) ? Qui sait que la France compte 4 millions de salariés payés au SMIC et qu’ils n’ont jamais été aussi nombreux1 ? Si les discours politiques véhiculent l’idée d’une France peuplée d’une large classe moyenne, la réalité est autre. La moitié des ménages ont ainsi un revenu inférieur à 2 050 par mois, soit un peu plus de 2 SMIC nets (après impôts, et prestations sociales comprises) et surtout, la plus grande partie de la population, celle qui n’a d’autre ressource que son seul travail, vit désormais une situation de quasi stagnation ».
Pour la Fondation, « une partie des classes moyennes est engagée dans un processus de déclassement. Les classes moyennes connaissent, selon les propos de Louis Chauvel, « un grand renversement … Pour la première fois en temps de paix, la situation globale de la jeune génération est moins favorable que celle de ses parents ». Tout se passe en fait comme si les fruits de la croissance économique depuis 1975 étaient réservés aux plus de 45 ans ».
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/rml.html
Le rapport du commissaire européen épingle la France
Après le rapport du comité européen de prévention de la torture (décembre 2003) et le rapport du comité contre la torture des Nations unies (novembre 2005), le rapport du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe du 15 février 2006 est la troisième condamnation prononcée par une instance internationale contre les pratiques de l’Etat français à l’encontre des étrangers.
Il dénonce les conditions de maintien en zone d’attente qui souvent s’accompagnent d’entorses aux droits des personnes. Un exemple : la pratique des renvois immédiats alors que les personnes ont droit à un jour franc pour saisir un avocat. Elle serait également appliquée à des mineurs. Des brutalités policières sont également constatées.
Les conditions de rétention sont elles aussi pointées du droit car « loin de satisfaire aux normes minimales ». Le rapport demande la fermeture du centre d’Arenc à Marseille. La présence d’enfants dans ces centres a été constatée alors que les conditions de vie y sont inadaptées.
La procédure de demande d’asile est jugée discriminatoire par le commissaire européen. La politique d’immigration, ou plutôt d’expulsion, du gouvernement fait du chiffre mais s’éloigne de plus en plus de normes internationales en matière de droits de l’homme.
http://www.cimade.org/actus/comm109.htm
http://www.cimade.org/downloads/CommDH(2006)2_F.doc
Centres de rétention : l’horreur selon la Cimade
« La situation ne s’est pas arrangée. Elle s’est aggravée ». Le rapport 2005 de la Cimade sur les centres de rétention fait honte. Il signale des conditions de « rétention » inacceptables et des personnes qui n’ont rien à faire en rétention.
http://www.cimade.org/publications/rapport2005.htm
La loi sur la parité politique est publiée
La loi « tendant à promouvoir l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives » est parue au J.O. du 1er février. Le texte prévoit l’instauration d’une obligation de parité entre hommes et femmes dans les exécutifs des communes de 3 500 habitants et plus, ainsi que dans les exécutifs régionaux.
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=INTX0600103L
Un appel pour Van Ruymbecke
« Ne nous trompons pas, derrière le juge, c’est nous, citoyens, qui sommes atteints. C’est pourquoi j’appelle les femmes et les hommes de ce pays à se mobiliser pour que nous exigions l’inscription définitive de l’indépendance de la Justice dans notre Constitution ». Corinne Lepage lance un appel de soutien au juge Van Ruymbecke menacé de sanctions.
« Nous, citoyens de ce pays, nous ne pouvons plus accepter ce viol des institutions. La justice doit être indépendante du pouvoir politique. Nous réaffirmons le principe de séparation des quatre pouvoirs : Politique, économique, judiciaire et médiatique ». La candidate aux présidentielles demande la création d’un Conseil Supérieur de la Justice élu et indépendant du pouvoir exécutif et la saisine de ce conseil par tout citoyen du fait d’un dysfonctionnement grave de la justice ou la mise en cause de la responsabilité d’un magistrat.
http://justice-independante.over-blog.com/