Le fait du jour : EPEP : Parents et enseignants sont contre
Le ministre ira-t-il contre les associations de parents et les syndicats enseignants ? Une nouvelle fois, un projet ministériel réunit les mécontentements.
Cette fois ci, il s’agit des EPEP (Etablissements publics du premier degré). Le projet de décret autorise les communes à créer des EPEP qui regroupent des écoles maternelles et élémentaires. L’établissement bénéficie de la personnalité morale et permet « une gestion mutualisée des moyens destinés aux écoles » (art. 1). Il semble bien que ce souci de gestion soit la cause première des Epep.
A la tête de l’Epep, le texte institue un conseil d’administration composé à 50% de représentants des communes, les 50% restant étant partagés entre enseignants et parents. Le texte donne donc le pouvoir aux collectivités locales. Un directeur exécute les décisions du CA.
Pour le ministère, « il s’agit d’une expérimentation qui vise à l’amélioration de l’offre éducative sur un territoire donné et à la gestion mutualisée des moyens… Elle devrait permettre de renforcer l’articulation entre les actions en temps scolaire et périscolaire et de coordonner les différentes politiques éducatives, notamment les dispositifs de réussite éducative ».
Dans un communiqué commun, les enseignants du Snuipp, du Se-Unsa, de l’Unsen Cgt et du Sgen-Cfdt, et les parents de la Fcpe, de la Peep et de l’Unaf manifestent leur opposition à ce texte. « Nos organisations sont favorables à une large réflexion sur l’organisation des écoles et la fonction de directeur d’école. Pour autant toute modification profonde du fonctionnement de l’école ne peut s’accomplir qu’après un large débat avec les enseignants, les parents, les élus et plus généralement l’ensemble des citoyens… L’absence de concertation sur ce point et la précipitation avec lesquelles le ministère procède pour un texte de cette importance nous amènent à demander solennellement de retirer ce point de l’ordre du jour du CSE ».
Le projet de décret est fixé à l’ordre du jour du Conseil supérieur de l’éducation du 25 janvier.
Texte du décret (en pdf)
Déclaration commune
Pour lire les pdf
Editorial : Ecole cherche ministre
Votre mission est impossible ». C’est ainsi que Pascal Bouchard ouvre ce petit livre qui interpelle en ces termes le futur ministre de l’éducation. Et Pascal Bouchard sait ce qu’il dit. La première qualité de l’ouvrage c’est qu’il est écrit par une des personnes qui connaissent le mieux l’Ecole. Pascal Bouchard a enseigné pendant 20 ans avant de devenir le patron de la principale agence de presse spécialisée en éducation. Cette double expérience lui donne une vision unique : celle de la base et celle d’un fin connaisseur de l’institution comme en témoignent de nombreuses (et savoureuses !) anecdotes.
Vous avez compris que la seconde qualité de l’ouvrage c’est celle de l’écriture. Voilà un ouvrage que l’on prend en main et que l’on ne quitte qu’après l’avoir dévoré. Un exploit pour un ouvrage sur un sujet aussi ardu.
Toute la première partie de l’ouvrage tend à démontrer l’impuissance du futur ministre. « Vous ne comprendrez rien aux enseignants ni à votre ministère si vous ne vous convainquez pas que toute mesure est illusoire, que la classe est une « boîte noire ». Pourquoi ? Parce que les décisions ministérielles sont ignorées, la chaîne hiérarchique impuissante (« on parle beaucoup d’autorité dans votre ministère quand il s’agit des relations entre le maître et ses élèves. On en parle bien peu lorsqu’il s’agit des adultes »), il y a des réticences au changement et même un courant de pensée qui invite les enseignants à résister à toute injonction de la société. Ainsi le ministre risque fort de pédaler dans le vide.
Alors pourquoi cet ouvrage ? Pascal Bouchard ne s’en tient évidemment pas là. Il nous amène à réfléchir à ce que devrait être l’Ecole en croisant deux réflexions : une sur les demandes de la société, une sur les principes sur lesquels l’Ecole devrait s’appuyer.
« Vous n’avez pas besoin d’être convaincu par les « pédagogues » de mettre fin à « l’élitisme républicain » cher à l’autre camp. Le baby boom se transforme en papy boom, les entreprises ont besoin d’embaucher plus de cadres que n’en produit le système. A tort ou à raison elles estiment qu’elles doivent diversifier leurs recrutements.. Vous êtes sommé de faire u moindre collège de la banlieue la plus lointaine une pépinière de talents ». Ainsi P. Bouchard ne croit pas en « l’inflation scolaire » mais mise sur une forte demande de cadres. Du coup, pour lui, la démocratisation de l’Ecole s’impose aussi bien à un ministre de droite que de gauche ainsi que quelques principes.
Car P. Bouchard n’hésite pas à aborder le débat de fond sur les principes qui doivent fonder l’Ecole. L’Ecole est-elle une institution ? Doit-elle viser l’employabilité immédiate des élèves ou la formation à moyen terme ? Doit-elle individualiser ou fabriquer un tissu social en mêlant des jeunes de milieux différents ? Comment peut-elle s’ouvrir aux autres acteurs de l’éducation ? Comment assurer l’égalité territoriale ? Autant de questions qui sont en effet au centre de tout débat sur l’Ecole.
Cela amène P. Bouchard à finalement énoncer trois propositions et à inviter le futur ministre à les suivre. Pour remédier à la crise de l’Ecole il préconise la création d’une nouvelle hiérarchie administrative : un super établissement réunissant le premier et le second degré sur un territoire donné. A la tête de ce « bassin scolaire », un président orienterait les choix pédagogiques. Il en attend plus de cohérence entre l’école et le collège, deux mondes qui s’ignorent, et par suite un meilleur accompagnement des élèves et la constitution d’équipes enseignantes.
La deuxième réforme consiste à s’appuyer sur les conseils économiques et sociaux régionaux pour mener la réflexion sur l’Ecole. La troisième cherche à faire évoluer les carrières enseignantes en ouvrant des portes de sortie pour les enseignants fatigués.
C’est donc par la bande et surtout par le local que P. Bouchard voit le salut de l’Ecole. « Aucune réforme ne peut s’appliquer au niveau de la nation, sans des aménagements locaux. Les moyens nécessaires seront mieux répartis au niveau local que vos services ne pourront jamais le faire en appliquant une grille nationale. La question que vous devez régler en urgence n’est pas tant celle des remèdes que du cadre de leur discussion ».
Cette décentralisation de l’éducation, nous voyons bien qu’elle est effectivement en marche. Puisque l’Etat manque de moyens et est incapable d’assurer le pilotage pourtant nécessaire du système éducatif, on voit les acteurs locaux intervenir chaque jour un peu plus pour régler les difficultés des établissements. Au point que Jacques Auxiette, président de la commission éducation de l’Association des régions de France, déclarait aux Rencontres nationales de l’Education, en novembre dernier, « il faut un Service Public Régional de l’Education, avec un projet éducatif portant sur des actions et des missions, sur les propres compétences de la Région, et financées par le Conseil Régional. Les CA des établissements seraient saisis de ces possibilités et liberté aux équipes pédagogiques de s’en emparer ou pas ». on sait que l’éducation est décentralisée chez nombre de nos voisins au moins partiellement (les programmes sont encore souvent nationaux). Cette démarche peut redonner aux établissements le souffle qui leur manque. Soyons gré à Pascal Bouchard d’avoir orienté la réflexion vers ces questions essentielles.
Restent les interrogations. Les modifications de structure suffisent-elles à impulser des changements de mentalité ? N’est-ce pas en attendre trop ? L’Ecole n’a-t-elle pas d’abord besoin d’un consensus sur ses objectifs et ses missions ? Peut-on dire que gouvernances de gauche et de droite soient identiques pour l’Ecole ? Il semble bien que ce soit construite récemment une pensée de droite sur l’Ecole, c’est du moins ce qui nous est apparu lors de la convention de l’UMP. Enfin l’ouvrage sous-estime deux débats qui nous semblent cruciaux pour l’avenir de l’Ecole : l’inflation scolaire et les moyens. Les deux sont liés. Si l’on pense que l’Ecole fabrique trop de diplômés il est légitime de diminuer ses moyens. Si l’on pense que la France a besoin d’une économie basée sur l’innovation, alors l’investissement scolaire prend de l’importance et l’objectif de 80%, voire de 100% comme chez certains pays développés, d’une classe d’âge au bac doit être atteint.
Ces réserves faites, l’ouvrage de Pascal Bouchard est susceptible de faire évoluer le débat sur l’Ecole positivement. Il est agréable à lire. Deux qualités qui invitent à le découvrir.
Pascal Bouchard, Ecole cherche ministre, courage exigé, Paris, ESF, 2006, 126 pages.
Présentation
Le système : Pour François Dubet, l’école à la française a vécu
« Il faut sans doute un peu de courage et de volonté de convaincre pour faire comprendre qu’une page de l’histoire scolaire se tourne ». Dans une tribune du Monde, le sociologue François Dubet interpelle les politiques et appelle à inventer une nouvelle école.
« Que doit-on apprendre à l’école aujourd’hui ? Faut-il se résigner au fait que les programmes sont construits pour les élèves qui feront de longues études et doit-on continuer à orienter les autres par défaut vers les formations techniques et professionnelles parce qu’ils sont indignes des voies royales ?… A quoi servent les études ? Dans une société où chacun va à l’école longtemps, les diplômes sont indispensables et l’échec scolaire se transforme en handicap social. En même temps, les diplômes protègent de moins en moins des risques de la précarité et du déclassement. Dans ce contexte, notre société doit-elle continuer à tout miser sur l’école et ne faut-il pas imaginer que la formation scolaire s’articule à d’autres types d’apprentissage ? Il n’est ni juste ni efficace que tout semble joué à la sortie des études, et c’est faire peser sur l’école une espérance qui sera fatalement déçue que de ne pas rompre avec un modèle qui ne vaut que pour la part de la jeunesse qui réussit les concours les plus sélectifs ».
Ecartant les tentations du repli vers le passé, de »l’égalité des chances » et de « toujours plus de moyens », F. Dubet invite à tourner les yeux vers certains systèmes éducatifs étrangers. « N’importons aucun système, mais il y a un peu d’autisme national à ne pas vouloir savoir comment s’y prennent certains pays pour avoir de meilleurs résultats, moins d’inégalités, moins de violence, et pour faire que les élèves y semblent plus aimer l’école que chez nous. Il ne faudrait pas que la grandeur de nos idéaux et de notre passé scolaire nous enferme dans des illusions qui ne sont peut-être que des ressassements ».
Article du Monde
La classe : Qui fait la Grande lessive ?
Actuellement il y a environ 25 000 personnes engagées dans La grande lessive, nous confie Joëlle Gonthier. L’essentiel des participants se situe en France, cependant le projet se propage à grande vitesse hors des frontières (Québec, Belgique, Espagne…).
« La simplicité de la proposition, la facilité de la mise en oeuvre du dispositif, la modicité de son coût, son caractère fédérateur, mais aussi sa poésie sont soulignés par la plupart des personnes. En fait, c’est comme si La grande lessive répondait à un besoin d’expression artistique et de partage, dans une période où la posture majoritaire proposée à ceux qui apprécient l’art, sans être artiste, est celle de la consommation culturelle de masse ».
Rappelons-le : La grande Lessive a lieu le 25 janvier. » La Grande Lessive repose sur le détournement d’une pratique familiale commune et incontournable. Le dispositif propose ainsi une version accessible de l’exposition, mais aussi de la pratique artistique. Il s’agit le jour venu d’étendre le matin une feuille de format A4 à l’aide de pinces à linges sur un fil tendu dans un lieu convenu. Un dessin, une photographie, un collage, une peinture… réalisés pour l’occasion de préférence hors de l’école seront accrochés par leur auteur qui signera au dos de la réalisation. Le soir, chacun reprendra ce qui portera désormais trace du regard porté par d’autres ». Le Café a annoncé le 6 décembre ce projet un peu fou de Joëlle Gonthier. Le pari c’est que nos écoles, nos salles des profs, nos cours de récréation se couvrent le 25 janvier de dessins, de photos, de collages, simplement accrochés à une ficelle par une modeste pince à linge ». Vous aussi participez à cet événement !
« Ce qui oeuvre dans la Grande lessive, c’est aussi le réseau que l’on tisse autour de soi, le lien social créé. Le 25 janvier le fil sera celui de la corde à linge, mais aussi celui qui aura permis l’existence de cet événement : celui de la toile de l’internet qui, à la condition de le décider, réunit comme jamais ceux qui agissent ».
Inscrivez-vous !
L’élève : Les blogs scolaires à Autrans
» Comparée à la France, l’école québécoise est à l’avant-garde lorsqu’il s’agit d’utiliser les nouvelles technologies en classe ». Mario Asselin n’a sans doute pas tort. Il rend compte dans le quotidien québécois Le Soleil des journées d’Autrans auxquelles ont participé de Québécois auteurs de blogs scolaires.
Article du Soleil
Autrans 2007
Histoire : Un Dossier de l’ingénierie éducative sur l’histoire
Le numéro de décembre des dossiers de l’ingénierie éducative (n°56) est consacré à l’histoire, sous le titre « Des outils pour l’histoire ». Au menu de ce numéro des contributions présentent les enjeux de l’usage des TIC en histoire : monter une séance TICE en histoire ; l’opération « une clef usb pour les jeunes enseignants » ; la mutualisation des ressources des sites académiques ; etc. Deux tribunes libres s’interrogent sur l’usage d’Internet en histoire. Cinq exemples d’applications pédagogiques sont proposées par des enseignants : autour des hyperpaysages, du film de fiction,de l’usage du Web… Cinq contributions pratiques exposent des usages pédagogiques d’outils et ressources : utiliser les sites de visites virtuelles ; le projet Dakini ; l’usages des sites « Jalons pour l’histoire du temps présent » et « lesite.tv. Deux articles réfléchissent au devenir du « cabinet d’histoire » et à la mutualisation entre enseignants.
Un numéro dense qui allie avec un certain bonheur réflexions et approches pratiques. Les contributeurs sont variés : corps d’Inspection, enseignants et interlocuteurs académiques, archivistes, chercheurs. Un panorama à la fois riche, intéressant et « pratique ».
Le sommaire et plusieurs articles en téléchargement
SMS : Les programmes de ST2S au CSE
Le Conseil supérieur de l’éducation devrait se prononcer le 25 janvier sur le projet d’arrêté fixant le programme de l’enseignement des sciences physiques et chimiques, le programme de l’enseignement de la biologie et physiopathologie humaines, le programme de l’enseignement des sciences et techniques sanitaires et sociales pour la classe terminale et relatif aux activités interdisciplinaires pour le cycle terminal de la série Sciences et technologies de la santé et du social (ST2S). La filière ST2S remplacera la filière SMS à la rentrée 2007.
Textes des programmes (en pdf)
Musique : Radio classique lycéens avec la Société générale…
Depuis le début de l’année scolaire, une émission de radio mensuelle est animée par des lycéens, après préparation avec leur professeur d’éducation musicale sur Radio Classique. Cette expérience de « Radio Classique Lycéens » a fait ses preuves avec d’excellentes émissions qui témoignent de la qualité de l’engagement des lycéens. Vous pourrez le découvrir vous-même avec le prochain rendez-vous, mardi 23 janvier 2007. A 21h, les lycéens d’Alain Fournier de Bourges évoqueront Mahler et la musique populaire. A 22h leurs camarades du lycée Pierre et Marie Curie de Châteauroux feront revivre la liaison entre Chopin et George Sand.
Selon un communiqué ministériel, c’est maintenant « Mécénat Musical Société Générale « , une association montée par la Société générale, qui soutient l’émission. Il faut bien sûr remercier cette association qui rend possible ce remarquable projet.
Mais on aurait pu penser que le ministère, qui prétend accorder une grande importance à l’éducation culturelle et artistique, porterait cette expérience exemplaire.
Communiqué