« En France, les inspections générales ont tenté de fournir des réponses à la question des acquis des élèves. A leur grande surprise, non seulement il est difficile d’apporter des éléments précis à cette légitime question, mais la majorité des acteurs semble ne pas s’en soucier ».Alain Bouvier présente ce nouveau numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres par cette constatation : il est bien difficile de connaître ce qu’apprennent les élèves.
« Comment les enseignants savent-ils ce que savent leurs élèves ? Quels outils et quelles méthodes emploient-ils ? A quelle comparaison avec d’autres se livrent-ils ? Quel impact ces résultats ont-ils sur l’organisation pédagogique ?… Malgré l’existence de standards nationaux… ou de programmes nationaux il est difficile de normer les évaluations faites en classe ».
Mission impossible ? Pas tout à fait. « Les gros investissements financiers consentis dans tous les pays… ont permis de réussir la scolarisation de quasiment tous les enfants… Par contre, depuis une décennie, les résultats des systèmes éducatifs sont stables. En outre en terme de justice sociale, la situation globale est préoccupante ». D’où l’intérêt des évaluations internationales, pas tant pour faire un palmarès que pour détecter des solutions et des remèdes.
Ces enquêtes internationales, comme Pisa, sont analysées dans ce numéro. Il se penche aussi sur plusieurs pays. Ainsi Singapour où après une politique axée sur l’élévation rapide des connaissances,le pays aborde une seconde révolution. On parle maintenant d’apprentissage transactionnel et transformatif. Le pays tout entier est soumis à l’injonction de s’élargir au monde selon le slogan « Connecting our homes, connecting global ». Une exigence qui rend la tache difficile au système éducatif.
Cette connectivité reconnaît aussi que la transmission de compétences s’effectue aussi hors de l’école. Une dimension qui est maintenant prise en compte en Allemagne. « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication notamment l’ordinateur et Internet jouent également en Allemagne un rôle croissant dans l’accroissement et l’approfondissement des connaissances des jeunes ».
En France, pour Roger-François Gauthier, le socle commun pose enfn la question de l’évaluation du système éducatif. Mais il remet en cause le modèle. « La logique du socle commun…n’est pas compatible avec la compensation généralisée des lacunes dans un domaine par des performances dans un autre : le règne de la moyenne ne peut que s’en trouver contesté. Elle promeut une logique où les élèves sont appelés à faire leurs les objectifs des apprentissages… Elle est une invitation faite à tous de privilégier la continuité des apprentissages de la scolarité obligatoire sur les tronçonnements des disciplines et des niveaux ». Chercher à savoir que savent les élèves n’est pas sans effet sur l’Ecole…
Que savent les élèves ? Revue internationale d’éducation Sèvres, n°43, décembre 2006, CIEP.
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