Le tabac est une drogue mortelle et la décision d’interdire totalement de fumer dans les établissements scolaires est sans aucun doute cohérente avec la mission d’un établissement scolaire. Pourtant, justement parce que le tabac est une drogue, son application dans les établissements risque d’être délicate.
Le ministère a annoncé qu’il mettrait en place un site Internet où les chefs d’établissement pourraient télécharger des documents de signalisation. C’est bien. Mais c’est un peu court ! A l’évidence, nombre de chefs d’établissement se demandent comment ils vont, en quelques semaines, réussir à appliquer une politique qui jusque là a été rejetée à de nombreux endroits.
Un lecteur du Café pourrait bien les y aider. Il nous signale une brochure québécoise qui prend à bras le corps le problème et indique des pistes pour chasser le tabac des établissements. Au Québec aussi, le problème s’est posé de façon urgente : la loi interdisant le tabac a été adoptée en juin 2005 avec application au 1er septembre 2006. Elle prévoit une amende pour le fumeur mais aussi pour l’autorité gérant l’établissement si un élève ou un professeur fume, ou si du tabac est échangé dans l’établissement.
Une philosophie : l’approche Ecole en santé. La lutte contre le tabagisme s’ancre au Québec dans une philosophie plus large que le Café pédagogique avait présenté en mars 2006 : l’école en santé. « L’approche suggère d’agir simultanément sur l’ensemble des facteurs-clés du développement des jeunes (estime de soi, compétences sociales, saines habitudes de vie, comportements sains et sécuritaires, environnements favorables, services préventifs)…Basée sur une démarche de planification globale et concertée entre l’école, la famille et la communauté, l’approche vise à construire, à partir des acquis et de meilleures pratiques, une complémentarité et une continuité au sein des interventions ».
Cette approche suppose donc du transdisciplinaire et des liens (on va le voir) avec les parents. Il y a aussi l’idée que les adultes doivent être des modèles. « Ce que les éducateurs et les administrateurs font dans une école parle aussi fort, plus parfois, que ce qu’ils disent. Les jeunes découvrent des façons d’être chez les adultes qui comptent pour eux. La mise en cohérence des matières à l’étude avec les façons d’étudier et d’être notés, avec le climat d’une école ou avec les apports des services complémentaires, a une tout autre portée que des exhortations périphériques ».
Une démarche concrète : responsabiliser. Pour que l’interdiction de fumer soit effective, le rapport québécois met en évidence l’importance de convaincre des groupes clés : le conseil d’établissement, les parents et le conseil des élèves.
Intéressons-nous aux délégués élèves. » Dans l’esprit d’une démarche concertée, la collaboration des jeunes de l’école est essentielle à l’élaboration et à la mise en oeuvre de la stratégie. Il est reconnu que leur implication directe dans l’organisation d’actions de sensibilisation auprès de leurs pairs est des plus efficaces pour mobiliser ceux-ci et avoir un effet positif sur leurs attitudes et comportements… La stratégie devrait être conçue de manière à refléter la réalité et les préoccupations du milieu à l’égard du tabac tout en tenant compte des ressources et des activités déjà en place. Les individus qui se reconnaîtront dans les principes de la stratégie trouveront une plus grande motivation à lui apporter leur soutien que ceux qui n’y verront qu’une simple application de mesures restrictives ».
Pour le rapport il ne s’agit pas seulement d’élaborer une échelle de réparations pour les fumeurs. Il faut partir de leur sentiment réel. Et pour cela il incite à organiser un sondage chez les adultes et chez les élèves sur leur attitude face au tabac et à l’interdiction. Ces documents serviront également à évaluer l’efficacité des mesures prises.
Enfin il faut aider ceux qui veulent arrêter de fumer et pour cela leur proposer des solutions : parrainages, lien avec les ressources anti-tabac du secteur etc.
Des documents. Le ministère québécois propose les documents capables d’accompagner la stratégie. Lettres aux parents, au personnel et aux élèves. Mémos pour les uns et les autres. Mais aussi des exemples de sondage auprès des grands et des petits pour construire une conscience communautaire sur ce problème.
A l’école québécoise, le tabac pourrait avoir au moins cet avantage indirect : faire évoluer nos représentations et peut-être nos pratiques ?
Le guide québécois
Rappel : la circulaire
Rappel : Ecole en santé dans L’Expresso du 13/03/06