« Apprendre en dehors de la salle de classe doit être au coeur des activités des écoles. Les enfants peuvent apprendre énormément de visites culturelles à l’étranger ou simplement dans le voisinage ». Le ministre anglais de l’éducation, Alan Johnson, mettait ses actes en rapport avec ses propos en annonçant le 28 novembre la création d’un Conseil indépendant chargé de faciliter les voyages scolaires. Doté de 4 millions d’euros, ce Conseil aidera au montage financier des voyages et assistera les enseignants dans la prévention des risques. L’initiative est bien accueillie par le Nasuwt, syndicat enseignant, et on devrait voir arriver sur le continent davantage de jeunes Britanniques.
Happy End ? Pas vraiment. Car vérité d’un côté de la Manche, erreur en deçà… Ecoutons un enseignant de la région Centre (en lycée) : « cette année, le voyage que j’ai monté pour la section européenne aura lieu en faisant « les fonds de tiroir » (reliquats de précédents voyages, fonds du projet d’établissement) mais pour l’an prochain, le problème est entier… Du coup, avec les collègues de langue, nous avons décidé de ne pas proposer de voyages l’an prochain ».
Depuis l’année dernière les enseignants sont confrontés à des difficultés pour assurer le financement des voyages. En effet, plusieurs Chambres régionales des comptes ont remis en question une pratique fréquente pour financer les voyages scolaires : faire bénéficier les accompagnateurs de la gratuité, le coût de leur voyage étant pris en compte dans les versements des familles. Ces décisions ont fait grand bruit. Si dans certains établissements les enseignants ont l’habitude de payer leur part, dans la plupart des cas ils refusent de payer pour accompagner les élèves en arguant que l’accompagnement est un travail qui dépasse largement l’horaire habituel du professeur.
Le ministère a publié cet été une mise au point où il rappelle les décisions des Chambres régionales des comptes. « Il est important de rappeler que ces observations ne constituent, en aucune façon, une remise en cause de la gratuité de ces voyages pour les accompagnateurs, qu’ils soient enseignants ou bénévoles » affirme la Desco. « En effet, les enseignants accompagnateurs, qui exercent une mission au service de l’établissement, sont considérés comme étant en activité de service, tout comme les accompagnateurs bénévoles qui contribuent occasionnellement au fonctionnement du service public. Le financement des voyages pour les accompagnateurs doit donc être recherché parmi les modalités mentionnées précédemment (à l’exception de la participation des familles) ».
Les établissements sont invités à puiser dans leur budget (au détriment d’autres dépenses), les fonds du Foyer socio-éducatif (en clair : les enseignants doivent se débrouiller pour organiser des animations qui rapportent pour financer le voyage), à demander l’aide d’une collectivité locale (mais souvent celles-ci davantage sollicitées ont cessé leurs aides), ou à solliciter « les subventions d’entreprises privées » . Encore cette dernière solution semble remise en question dans au moins une académie où le rectorat s’est opposé à un don d’un voyagiste au FSE correspondant aux frais des accompagnateurs. Le don doit profiter à tous…
Comme si ces difficultés ne suffisaient pas, un nouveau frein est apparu dans certains établissements où le chef d’établissement exige pour autoriser un voyage que les collègues remplacent les enseignants absents. » Notre principale était partie en voyage scolaire l’an dernier, je me demande comment elle organiserait son propre remplacement ! » commente un professeur…
Conseils d’Eduscol
Rappel : Dans l’Expresso il y un an