Selon le ministère « il s’agit d’adapter ces textes à l’enseignement d’aujourd’hui » La rue de Grenelle présente le projet de décret sur les décharges à sa façon. A en croire le ministère, il ne changerait pratiquement rien.
Ainsi s’agissant de l’heure de première chaire, le ministère estime que » avec ce nouveau dispositif, qui reconnaît la charge de travail supplémentaire que représente la préparation à une épreuve du bac (« bacs blancs », corrections de copies…) la moitié des professeurs de lycée continuera d’avoir une heure de service en moins et 70% de ceux qui bénéficiaient de l’heure de 1ère chaire continueront d’avoir l’heure de préparation au baccalauréat ». La formulation est flatteuse mais confirme finalement qu’un tiers des professeurs concernés perdra l’heure de chaire.
L’audit, qui inspire ce texte, vise en réalité à créer 3 000 emplois d’enseignants en faisant porter la charge de ces postes sur les épaules des professeurs du secondaire. Le chiffre précis a été établi pour 2007 à hauteur de 10% du volume des décharges. Quitte à ce que le ministre définisse des catégories de façon assez souple pour arriver pile à ce chiffre. Le coût moyen pour les enseignants concernés a été évalué par l’audit à près de 1 500 euros par an.
Il est évidemment difficile de camoufler ces baisses de salaire. On retiendra cependant de la démarche ministérielle quelques aspects positifs.
Il est intéressant de noter que le communiqué justifie le maintien de certaines décharges par exemple en faisant allusion aux bacs blancs et aux corrections de copies.
Mais de ce projet, on retiendra surtout cet extrait : « Il est essentiel de reconnaître et de mieux valoriser la diversité des missions des enseignants aujourd’hui : enseignement bien sûr, mais aussi actions d’éducation et de formation qui viennent le conforter, comme l’encadrement d’activités pédagogiques particulières au bénéfice des élèves de l’établissement ou d’un réseau d’établissements; la coordination d’une discipline ou d’un champ disciplinaire, d’un niveau d’enseignement, ou d’activités éducatives au titre d’un établissement ou d’un réseau d’établissements ou encore la formation et l’accompagnement d’autres enseignants ».
On pourrait voir dans ces deux extraits l’amorce d’une redéfinition du métier et du temps de travail des enseignants.
Certes le texte ne fixe pas de date pour la prise en compte officielle de ces nouveaux dispositifs. Et il est certain que le budget, qui, lui, entre en application en 2007 ne prévoit que des suppressions de postes. Il est évident que ce qu’atteste l’argumentaire ministériel c’est la détermination gouvernementale à aller jusqu’au bout pour faire porter aux enseignants du secondaire une partie du redéploiement budgétaire vers le supérieur.
Mais le texte est aussi un argument pour ceux qui souhaitent une redéfinition du métier. Un dossier qui ne pourra cependant avancer qu’à condition que celle-ci ne soit pas simplement un alibi pour des manoeuvres comptables. Dans ce cas cette politique pourrait bien rendre impossible toute évolution du métier. C’est le risque que prend Gilles de Robien.
L’Assemblée nationale a adopté le 17 novembre le projet de budget de l’éducation nationale, entérinant ce texte.
Sur le site ministériel
Sur la question des décharges
Dépêche AFP