« Donner le meilleur est plus important que donner plus » affirme l’OZP (Observatoire des zones prioritaires), une association qui regroupe des enseignants et cadres éducatifs des zep. L’affirmation résume la pensée de l’OZP : il faut mettre de l’argent dans le fonctionnement et la formation des équipes enseignant en zep plutôt que dans l’allègement des effectifs élèves.
Estimant « qu’il faut tirer les leçons de 25 ans d’expérience », l’OZP estime que » dans les zones où il n’y a pas de projet local adapté, inter degrés et partenarial, la réduction des effectifs par classe n’entraîne pas à elle seule de progrès décisif, contrairement aux conclusions de certaines études. Des mesures dérogatoires de gestion des ressources humaines sont nécessaires pour garantir la présence, dans les territoires les plus en difficulté, d’équipes capables de travailler collectivement autour d’un projet. Ces équipes ont plus besoin de temps et d’accompagnement que de primes compensant la pénibilité du travail… Resserrer l’éducation prioritaire, ce n’est pas d’abord concentrer les moyens budgétaires, c’est garantir aux territoires très défavorisés que, grâce à un dispositif dérogatoire, des pratiques susceptibles de réussir y seront mises en oeuvre ».
Pour l’OZP, » Il faut généraliser les pratiques pédagogiques qui ont réussi dans certaines ZEP et développer une véritable innovation pédagogique pour que les besoins spécifiques de tous les élèves soient mieux pris en compte. Il s’agit de développer le travail en équipe et une démarche de projet, en particulier pour enseigner à des groupes hétérogènes ; former l’ensemble des équipes à l’analyse de pratiques, à l’évaluation, au travail en partenariat ; placer des projets culturels forts au coeur des apprentissages, à l’opposé de tout repli frileux sur les apprentissages fondamentaux ; faire vivre des dispositifs pédagogiques tels que les cycles à l’école primaire, les Programmes Personnalisés de Réussite éducative (PPRE), les Itinéraires de Découverte, etc. », toutes choses qui relèvent davantage d’un changement de perspective pédagogique que de moyens supplémentaires.
L’OZP appelle à différencier les zep. » Une action encore beaucoup plus radicale que celles proposées ci-dessus sera nécessaire dans les quelques territoires très peu nombreux où tout est réuni pour que l’exclusion sociale, la grande pauvreté et maintenant les clivages ethniques se transmettent de génération en génération. Dans ces territoires en détresse, que l’OZP nomme Sites Urbains Prioritaires en Education (SUPE), c’est l’ensemble de l’équipe pédagogique qui pourra être constituée par rassemblement autour d’un projet. La contribution de la politique de la Ville y sera décisive ».
Ainsi pour l’OZP, les zep pourraient devenir une sorte de laboratoire pour l’éducation nationale où se prépareraient des réformes pour l’ensemble de l’Ecole.
Le Manifeste