– Lecture : Robien recule
« Suite à un courrier de Pierre Frackowiak, le ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a pris acte de ses regrets et a pris bonne note de l’affirmation de sa loyauté à l’égard des textes officiels ». Le communiqué du 31 octobre de G. de Robien ne promet pas l’enterrement de la procédure disciplinaire lancée contre Pierre Frackowiak, cet inspecteur de l’éducation nationale poursuivi pour avoir critiqué la méthode préconisée par le ministre. Mais pour l’intéressé, il « va dans le sens de l’apaisement… Je (l)’interprète comme un pas vers une issue positive de la procédure disciplinaire ».
Le même jour, selon l’AFP, Roland Goigoux a appris qu’il pourrait participer à deux séminaires officiels de formation sur la lecture.
– Un rapport de l’inspection souligne le trouble créé chez les professeurs d’école
« Les dernières semaines ont créé, chez les parents comme chez les maîtres, un trouble préjudiciable à un fonctionnement serein de l’école. Il est aujourd’hui nécessaire de rassurer les parents et de conforter l’action des professionnels de terrain en disant clairement la confiance dans le travail réalisé ». Demandé par Gilles de Robien au début de l’année, en pleine campagne médiatique sur la méthode syllabique, le rapport de l’Inspection générale sur « l’application de la circulaire du 3 janvier 2006 et de l’arrêté du 24 mars 2006 sur l’apprentissage de la lecture », rédigé par Viviane Bouysse, Philippe Claus, Michèle Leblanc et Martine Safra, ne cache rien du trouble qui touche les enseignants.
Il souligne autant l’impact de la campagne de Sos Education que les dérapages ministériels. » Au-delà des incidents internes à l’Éducation nationale, qui ne sont pas sans effets sur les personnels enseignants et sur les inspecteurs – tensions dans certains conseils d’IEN, questions vigoureuses dans les instances paritaires -, c’est la publication dans la presse quotidienne régionale d’encarts de l’association SOS éducation qui a suscité de réelles inquiétudes sur le terrain4. L’amalgame fait entre manuel et « méthodes », la mise en cause explicite des enseignants ne sont évidemment pas acceptés de professionnels qui font leur métier sérieusement. Les maîtres se sentent sous surveillance ou remis en cause par des parents inquiets ».
Il atteste du sérieux du travail des enseignants. Certes, « la prise en charge de l’hétérogénéité des élèves demeure délicate…, la continuité des apprentissages entre grande section de maternelle et CP est mal assurée ». Mais « le temps consacré à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dépasse souvent ce qui est demandé dans les programmes… les enseignants ont conduit une vraie réflexion sur les supports de l’apprentissage de la lecture…, (ils) ont engagé le travail sur le code qui leur est demandé ».
Le ministre a-t-il vraiment changé l’enseignement de la lecture ? L’Inspection sauve les apparences : » Les maîtres du cours préparatoire sont très conscients de la responsabilité qui est la leur. Ils travaillent avec un grand sérieux et prennent à c˛ur leur mission. La circulaire du 3 janvier 2006 et l’arrêté modificatif des programmes ne leur ont pas posé de problème. Ils mettent en place un apprentissage structuré, probablement davantage et plus tôt qu’ils ne le faisaient, et engagent pour la plupart l’étude systématique des relations graphèmes phonèmes ».
Mais ce que montre surtout le rapport c’est que les enseignants ont continué la réflexion amorcée autour des programmes de 2002. Les injonctions du ministre de changer de manuels sont restées lettre morte. Ne cherchez pas de méthode syllabique dans les classes. Selon l’inspection, qui acquiesce à ces choix, les maîtres utilisent Ribambelle, Ratus, Abracadalire, Mika ou Que d’histoires, des ouvrages qui permettent des approches mixtes.
Très logiquement l’Inspection invite au calme. Pour elle, il faut » poursuivre le travail engagé sur le terrain en évitant dans l’immédiat la publication de nouveaux textes ». La dernière recommandation sonne fort rue de Grenelle. » Aider les enseignants à retrouver de la sérénité : faire confiance aux maîtres de CP et aux cadres intermédiaires, qui ont montré dans leur immense majorité leur engagement et leur sérieux. Si possible, en communication publique, tendre à corriger les représentations mécanistes qui ont pu s’installer dans le grand public… Les maîtres doivent mobiliser des stratégies et des techniques variées pour prendre en charge la variété des fragilités, des difficultés, des atouts et richesses de leurs élèves. C’est là leur responsabilité, c’est là que réside leur expertise professionnelle, qui peut certes être perfectionnée mais qui doit être respectée ».
Le rapport de l’Inspection amènera-t-il le ministre à condamner la campagne de Sos Education ?
http://media.education.gouv.fr/file/39/9/3399.pdf
Jean-Emile Gombert appelle à la désobéissance :
« Aucun chercheur sérieux ne peut prétendre connaître la bonne méthode de lecture ! Les résultats scientifiques conduisent à affirmer la nécessité d’enseigner, dès le début du Cours Préparatoire, les correspondances entre les lettres et les sons, mais ils ne permettent pas de trancher sur la meilleure façon d’y parvenir : par une méthode syllabique (le b-a- ba), par décomposition des mots en unités de plus en plus petites, ou par une démarche qui combine ces 2 approches… Il est erroné d’affirmer que la recherche scientifique impose l’utilisation de la « méthode syllabique », et qu’elle serait la mieux adaptée au fonctionnement du cerveau. Il est insensé de rendre cette méthode obligatoire, de sanctionner les Inspecteurs qui en dénoncent le simplisme, et d’interdire aux formateurs d’expliquer, en accord avec les textes officiels, la complexité de l’enseignement de la lecture. Face à des instructions contraires aux textes, il convient d’initier un large mouvement de grève du
zèle, de refuser d’enfermer l’enseignement de la lecture dans le b-a- ba ; en d’autres termes, il convient d’appliquer les textes, donc de désobéir au Ministre qui les caricature ». Dans un article adressé à Education & Devenir, Jean Emile Gombert, professeur de Psychologie du développement cognitif à l’université Rennes 2, appelle clairement à la désobéissance devant les décisions ministérielles sur la lecture.
M. Gombert est un spécialiste de l’apprentissage de la lecture. Ses travaux sur le déchiffrage et sur le décodage ont été parfois utilisés par Gilles de Robien pour appuyer sa décision d’imposer la méthode syllabique.
Par exemple, le très récent DVD « Apprendre à lire » diffusé par le ministère de l’éducation nationale auprès des enseignants, utilise son autorité pour justifier les thèses ministérielles. Au prix, il est vrai, de coupes sévères dans les propos de M. Gombert, comme le Café l’a démontré récemment. Le ministère avait simplement coupé les propos hostiles à la méthode syllabique de M. Gombert…
Finalement, la manoeuvre se retourne contre ses auteurs. Cette déclaration, signée très clairement « Caution récalcitrante » répond à cette manipulation et rétablit la pensée de M. Gombert.
http://education.devenir.free.fr/Lecture.htm#zele
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2006/10/index021006.aspx
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/contribs_dvdlecture.aspx
http://www.bienlire.education.fr/01-actualite/document/gombert.pdf#search=%22gombert jean emile%22
Lecture : Brissiaud répond à Robien
« Même lorsqu’on prend acte du fait que le ministre ne condamne plus la liberté pédagogique, on n’en regrette pas moins vivement ses prises de position de rentrée parce qu’elles ont déjà engendré la défiance de certains parents envers les enseignants » déclare Rémi Brissiaud, maître de conférence à l’IUFM de Versailles, dans Libération.
« Et l’affaire est loin d’être close. En effet, au CP, certains élèves restent longtemps sans savoir lire. C’est inévitable pour de nombreuses raisons, dont le fait, par exemple, qu’un élève né en janvier et un autre né en décembre ont presque un an de différence. Or de nombreux parents, aujourd’hui, croient de bonne foi à la supériorité de la méthode syllabique telle que Gilles de Robien l’a définie dans ses interventions. Les 22 chercheurs l’ont rappelé : cela n’a aucun fondement scientifique mais les parents l’ont tellement entendu sur les ondes et lu dans les journaux ! Plus l’année scolaire s’écoulera, plus les parents des enfants qui présentent un rythme d’apprentissage moins rapide seront tentés d’accuser le maître …. Que faire aujourd’hui pour tenter de réparer les dégâts déjà occasionnés et pour favoriser le retour à une certaine sérénité ? Depuis de nombreuses années, la quasi-totalité des enseignants utilisent des méthodes qui combinent des approches synthétiques et a nalytiques de la correspondance lettres-sons. Le ministre, qui aime employer des mots que tout le monde comprend, ne devrait plus se refuser aujourd’hui à utiliser le mot «mixte» pour qualifier ces méthodes. Et il devrait maintenant déployer autant d’énergie à vanter les mérites des méthodes mixtes qu’il en a déployé jusqu’ici à vanter ceux de la syllabique. Le fera-t-il ? »
http://www.liberation.fr/opinions/rebonds/215172.FR.php
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/calcul_index.aspx
– Journée d’action des directeurs le 22 novembre
S’il cherche à apaiser le terrain de la lecture, Robien ouvre un nouveau front en tentant de casser l’action des directeurs d’école. Il vient de demander aux recteurs et aux inspecteurs d’académie de menacer de retrait de salaire les directeurs qui ne renverraient pas les documents administratifs. Il tente sans doute de jouer à quite ou double, au moment où il espère que la signature du protocole « Direction d’école » par le Syndicat des Enseignants rende le front du refus plus fragile. Les prochains jours seront déterminants pour l’avenir du mouvement : les directeurs vont-ils abdiquer devant la menace, ou au contraire réagir plus fort ?
« Contrairement à ce qu’affirme le ministère, le mouvement des directeurs et directrices d’écoles se poursuit ». Le Snuipp et le Sgen-Cfdt réagissent à la déclaration du ministère annonçant la fin du mouvement des directeurs. Ils soulignent que « 30% des enquêtes de rentrée, malgré les pressions du ministère, sont toujours bloquées ». Les deux syndicats, qui n’ont pas signé le protocole d’accord proposé par le ministère, demandent une meilleure reconnaissance de la fonction de directeur.
Le Snuipp-Fsu et le Sgen-Cfdt appellent « leurs organisations départementales à faire du mercredi 22 novembre une journée nationale d’actions ».
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article1219.html
– Langues : PrimLangues lance un concours de poèmes
Poésie en liberté et PrimLangues, le site institutionnel du ministère français de l’Education nationale, organisent un concours de poèmes en langues étrangères. Entre le 1er novembre 2006 et le 31 janvier 2007, les classes d’écoles primaires du monde entier seront invitées à déposer un poème (5 à 20 lignes maximum) dans leur langue maternelle en se connectant sur le site www.poesie-en-liberté.org. Du 31 janvier 2007 au 31 mars 2007, les classes françaises de cycle 3 de France métropolitaine, seront invitées à participer au concours PrimLangues « dire un poème en langue étrangère » en choisissant un poème parmi ceux déposés lors de la phase précédente.
http://www.primlangues.education.fr/php/actualites.php
– L’Université d’automne de La Londe refait l’Ecole
Ca fait six ans que ça dure, et manifestement ça ne se guérit pas. Plus de 400 enseignants des écoles qui traversent la France et paient leur place pour aller entendre, trois jours durant, une quarantaine de chercheurs en éducation… L’attrait de la mer et de l’été indien varois ? Certes, le bonus est apprécié. Mais il faut attendre la fin de la soirée (ou parfois la nuit) pour voir errer quelques grappes prenant l’air. Parce que de 8h 30 du matin à 22h, ça carbure… Toutes les deux heures, changement de cavalière. Le speed-dating de la pédagogie, le coq-à-l’âne professionnel : les maths, l’EPS, le sexisme à l’école, la maternelle la littérature de jeunesse, la place de l’art à l’école, la notation, l’informatique, l’école rurale, l’usage de sa voix (eh oui, c’est le premier outil professionnel…), la liaison CM2-6e… Comment choisir ?
Cette année encore, il a bien fallu constater que la potion a pris. Certes, les débats ne se sont pas forcément limités à l’empathie, thème de la conférence en plénière de Boris Cyrulnik : Goigoux ne s’est pas gêné pour discuter en toute franchise de ce qui fâche en lecture, Guérin a prôné le changement de structures scolaires en essuyant les doutes de la salle devant les carences de pilotage institutionnel, MC Courteix a défendu bec et ongle la nécessité de l’intégration des élèves handicapés, face à une salle confrontée chaque jour aux manques de moyens d’accompagnement, Garcia-Debanc a prôné un enseignement exigeant de l’ORL, Brissiaud et Charnay ont développé avec verve leurs options pour les maths…
Découvrez le dossier spécial du Café sur l’université d’automne du Snuipp.
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/univsnuipp06_index.aspx
– Comment l’art vient aux enfants ?
L’Observatoire de l’enfance en France et l’INRP en partenariat avec Le Monde de l’éducation organisent le 29 novembre à Vitry (94) un séminaire sur l’éducation artistique dans l’enseignement primaire.
Contact : contact@observatoire-enfance.org
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/collmat_index.aspx
– Convention avec l’Usep
Le ministère publie la convention le liant à l’Union sportive de l’enseignement du premier degré (Usep). Elle prévoit l’organisation de rencontres sportives et le développement de l’apprentissage à la vie civique et associative.
http://www.education.gouv.fr/bo/2006/37/MENE0602407X.htm
– L’Ecole de proximité au Sénat
« L’Ecole de proximité est le socle historique de notre système éducatif. C’est le cadre le plus performant pour la réussite de tous les élèves ». Du passé à l’avenir, les partisans de l’école de proximité mobilisent aussi bien Jules Ferry que Célestin Freinet. Ils ont une certitude :le modèle d’école qui leur tient tant à coeur est à même de répondre aux problèmes de l’école française. Et si c’était vrai ? Les défenseurs de l’école de proximité ont tenu congrès à Paris le 18 octobre avant d’inviter les Français à (re)découvrir leurs écoles au Salon de l’éducation le 19 novembre. De bonnes occasions pour écouter leurs arguments et comprendre ce qui motive ce mouvement.
http://ecoledeproximite.free.fr/
– Mixité sociale et sectorisation dans FSC
« Oui, des études récentes montrent que selon les territoires, les chances de réussite des élèves peuvent être différentes. Cela s’explique en partie par la plus ou moins grande mixité sociale des écoles et des établissements ; par la stabilité ou l’instabilité des équipes, par l’expérience ou à l’inexpérience des professionnels, par la coopération des différents acteurs en interne et à l’externe de l’école. Or, les familles ne sont pas égales face à ce qui au final s’agrège et constitue cet « effet territoire » car certaines, parce qu’elles ont plus de ressources peuvent s’en affranchir plus facilement que d’autres ». Fenêtres sur Cours n°290 offre un important dossier sur la sectorisation.
Il mêle témoignages d’enseignants et de chercheurs comme la géographe Catherine Barthon et la sociologue Brigitte Monfroy. Pour elles, l’école garde sa place dans la lutte contre la ségrégation. « Certaines observations locales montrent en effet que la mixité résidentielle n’a pas forcément d’incidence sur la mixité à l’école. Pour cette raison, il faut aussi chercher des solutions du côté de l’école. C’est d’abord en travaillant à rendre plus égalitaire l’offre de formation et en maintenant un objectif commun de réussite pour tous les élèves que l’on réduira les écarts. On sait aujourd’hui que là où se mettent en place des expérimentations, du travail en équipe, des fonctionnements innovants dans certains quartiers défavorisés, la réussite des élèves et l’attrait du projet pédagogique suffisent à rendre de nouveau attractives ces écoles et à leur conférer davantage de mixité. Le vrai défi à relever aujourd’hui est sans doute à chercher du côté de ces expériences en les transférant et en assurant leur pérennité ».
http://www.snuipp.fr/IMG/pdf/fsc290.pdf
– Les radios scolaires en podscast
Ecoutez les émissions de l’école d’Hénouville, de l’école Houot ou de celle de l’Amiral Courbet (par exemple) sur votre ordinateur ou votre lecteur mp3. C’est ce que propose Thierry Coz dont le site accueille déjà une trentaine d’émissions. Bientôt dans le Café, le témoignage de ces enseignants sur les bonheurs et les difficultés de ce genre de projet…
Les podcats
http://podcast.ac-rouen.fr/
– Maternelle : Pour ou contre la collation ?
La collation est présente dans de très nombreuses écoles maternelles. C’est un moment important pour apprendre à vivre ensemble. Mais le Bulletin de liaison des enseignants de l’Essonne (n°38) nous apprend que c’est aussi une pratique contestée.
En effet la collation habitue l’enfant à un cinquième repas quotidien ce qui n’est pas sans conséquence sur son poids. Pour Joëlle Haize, conseillère pédagogique, « la collation ne doit pas être un moment ritualisé qui perd tout objectif éducatif mais elle doit entrer dans un véritable projet construit et réfléchi ».
A lire aussi dans ce même numéro : les mises au point de chercheurs sur les activités langagières en maternelle, celle de Georges Paret sur les premiers apprentissages numériques ou de Jacky Delarge sur l’apprentissage de la lecture en Grande section.
http://www.ia91.ac-versailles.fr/IMG/pdf/ble91_38.pdf
Rappel : Le Journal d’une grande section
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/devanne_i7l.aspx