« Même lorsqu’on prend acte du fait que le ministre ne condamne plus la liberté pédagogique, on n’en regrette pas moins vivement ses prises de position de rentrée parce qu’elles ont déjà engendré la défiance de certains parents envers les enseignants » déclare Rémi Brissiaud, maître de conférence à l’IUFM de Versailles, dans Libération.
« Et l’affaire est loin d’être close. En effet, au CP, certains élèves restent longtemps sans savoir lire. C’est inévitable pour de nombreuses raisons, dont le fait, par exemple, qu’un élève né en janvier et un autre né en décembre ont presque un an de différence. Or de nombreux parents, aujourd’hui, croient de bonne foi à la supériorité de la méthode syllabique telle que Gilles de Robien l’a définie dans ses interventions. Les 22 chercheurs l’ont rappelé : cela n’a aucun fondement scientifique mais les parents l’ont tellement entendu sur les ondes et lu dans les journaux ! Plus l’année scolaire s’écoulera, plus les parents des enfants qui présentent un rythme d’apprentissage moins rapide seront tentés d’accuser le maître …. Que faire aujourd’hui pour tenter de réparer les dégâts déjà occasionnés et pour favoriser le retour à une certaine sérénité ? Depuis de nombreuses années, la quasi-totalité des enseignants utilisent des méthodes qui combinent des approches synthétiques et analytiques de la correspondance lettres-sons. Le ministre, qui aime employer des mots que tout le monde comprend, ne devrait plus se refuser aujourd’hui à utiliser le mot «mixte» pour qualifier ces méthodes. Et il devrait maintenant déployer autant d’énergie à vanter les mérites des méthodes mixtes qu’il en a déployé jusqu’ici à vanter ceux de la syllabique. Le fera-t-il ? »
Article de Libération
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