« En novembre 1996, tous les regards étaient tournés vers Rome, où les chefs d’État et de gouvernement de plus de 180 pays participant au Sommet mondial de l’alimentation (SMA) ont déclaré leur intention d’éradiquer l’un des pires fléaux pesant sur la conscience collective de la société: la faim. En vue de réaliser ce noble objectif, trop longtemps différé, les dirigeants de la planète se sont engagés à atteindre ce qu’ils ont considéré comme une étape intermédiaire, ambitieuse certes, mais réalisable: réduire de moitié, en 2015 au plus tard, le nombre de personnes sous-alimentées au niveau mondial, en prenant pour base le niveau de 1990. Dix ans plus tard, nous sommes confrontés à une triste réalité: aucun progrès n’a été réellement accompli en la matière ». Ce constat Jacques Diouf, directeur général de la FAO, l’agence des Nations Unies chargées des questions alimentaires, va diplomatiquement l’adoucir. « Comparé à la période 1990-92, le nombre de personnes souffrant de la faim dans les pays en développement n’a reculé que de trois millions, nombre tellement faible qu’il peut être assimilé à une erreur statistique…. Dans ce tableau d’ensemble, on note toutefois des signes encourageants. Malgré la réduction décevante du nombre de personnes souffrant de la faim, celle ci touche désormais un pourcentage plus faible des populations des pays en développement qu’en 1990-92, soit 17 pour cent contre 20 pour cent. En outre, les projections de la FAO montrent que la proportion de personnes souffrant de la faim dans les pays en développement en 2015 pourrait être inférieure de moitié à celle observée en 1990-92, soit une chute de 20 à 10 pour cent selon les estimations ».
En clair : la faim a reculé mais reste, compte tenu de la forte croissance démographique, un des plus urgents problèmes mondiaux. Qui est concerné ? 212 millions d’Indiens, 162 millions d’Asiatiques hors Inde et Chine, 150 millions de Chinois, 206 millions d’Africains et 38 millions de personnes vivant au Proche Orient et en Afrique du nord.
Si la faim a reculé proportionnellement an Afrique de l’Ouest et de l’est, en Chine, en Inde, c’est aujourd’hui en Afrique centrale, en Amérique centrale et dans les pays arabes qu’elle progresse le plus rapidement.
Que faire contre elle ? « Une réduction efficace de la faim passe par la mise en place de politiques cohérentes. La priorité doit être accordée au financement de l’agriculture et du développement rural. Cependant, la paix, la stabilité et une «bonne gouvernance» sont cruciales ». La faim ne touche pas également tous les membres d’une même société. Par suite pour la FAO, elle ne dépend pas que d’une situation économique elle est aussi liée à des facteurs politiques.
La première urgence pour la FAO c’est de lutter sur « deux fronts ». « Des politiques à plus long terme visant à améliorer les capacités de production doivent être associées à d’autres politiques répondant aux besoins immédiats des pauvres confrontés à l’insécurité alimentaire. Les premières doivent surtout mettre l’accent sur l’agriculture et le développement rural au profit des plus pauvres. Elles doivent également s’efforcer de créer des emplois et de faciliter l’accès des pauvres aux ressources productives, qu’il s’agisse de ressources matérielles, humaines ou financières. Les deuxièmes, quant à elles, doivent inclure la protection sociale, les transferts financiers en espèces, les interventions sanitaires et les programmes nutritionnels et alimentaires ».
Rapport annuel de la FAO