En adoptant, le 12 octobre 2006, une loi « tendant à réprimer la contestation de l’existence du génocide arménien » l’Assemblée nationale a pris une nouvelle loi imposant une mémoire officielle.
La décision est d’autant plus nette que les députés ont écarté un amendement qui autorisait une dérogation pour les travaux de recherche historique. Dorénavant toute négation du génocide arménien pourra entraîner 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Ce texte a soulevé la colère des historiens de « Liberté pour l’histoire ». L’association, qui comprend des historiens reconnus comme Jean-Pierre Azéma, Jean-Jacques Becker, Marc Ferro, René Rémond, Paul Veyne, Jacques Julliard etc.), milite pour la suppression de toutes les lois mémorielles (comme la loi Gayssot) et pour une liberté totale pour le travail historique.
En décembre 2005, au moment du débat sur la colonisation, ils avaient publié une pétition qui déclarait » L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant… L’histoire n’est pas la mémoire… L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas. L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’Etat, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire ».
Le 13 octobre Liberté pour l’Histoire a publié un communiqué appelant à la saisine du Conseil constitutionnel. « La France est engagée dans un processus accéléré de lois établissant des vérités d’Etat sur le passé. Alors même que le Président de la République a déclaré que « ce n’est pas au Parlement d’écrire l’histoire », le vote, aujourd’hui, d’une nouvelle loi sur le génocide arménien constitue une véritable provocation. Si profond que soit le sentiment de solidarité que nous éprouvons pour les victimes de l’histoire, nous élevons une protestation solennelle : cette nouvelle loi s’inscrit dans un mouvement rapide d’appropriation de l’histoire par des mémoires particulières et de recul des libertés démocratiques ».
En janvier 2006, Claude Lanzmann avait attaqué la position de Liberté pour l’Histoire. » La loi Gayssot (loi qui punit les négateurs du génocide juif) n’est pas une limitation de la liberté de l’historien, mais se déduit au contraire de la rigueur propre à sa discipline : elle n’est rien d’autre que le rappel de l’obligation de vérité… Le négationnisme n’est pas, comme on veut nous le faire croire, le fait de quelques illuminés inoffensifs qu’on pourrait facilement museler en déléguant aux historiens «sérieux», pour reprendre un mot de madame Chandernagor, le soin de dire le vrai. Le négationnisme fut le moteur et l’arme du crime nazi, qui effaçait ses propres traces à l’instant et au coeur même de son accomplissement. En un sens, le crime parfait a été accompli et ceux qui disent qu’il n’a pas eu lieu sont les héritiers directs des tueurs. La loi Gayssot n’opprime personne, n’exerce nulle contrainte, elle défend des valeurs consubstantielles à la démocratie ».
Appel de « Liberté pour l’histoire »
Appel de « Liberté pour l’histoire »
Dossier spécial du Café