Genève s’interroge sur l’opportunité d’un retour des notes
« Le vrai débat est politique et économique: la classe aisée veut réintroduire les notes pour rendre l’école plus sélective. Eliminer rapidement les élèves en difficulté permettrait de réduire les coûts… Pour les parents paumés, les notes ne changent rien. Pour les aider, il faudrait accorder plus de moyens aux élèves en difficulté » affirme l’un. « Il faut que les élèves soient confrontés le plus tôt possible à la note. Ils doivent pouvoir se situer par rapport à leurs camarades. Dans le monde du travail, ils seront confrontés à cette compétition. La mission de l’école est de les préparer à cela »pense l’autre. A quelques jours d’un referendum sur le retour du redoublement et des notes, selon Le Temps, les enseignants du canton de Genève s’affrontent sur les notes. Une question qui mérite réflexion…
http://www.letemps.ch/template/regions.asp?page=7&article=189545
Genève, laboratoire des fusions conservatrices
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2006/europe_75_accueil.aspx
A Genève : l’Ecole enjeu de la bataille politique du 24 septembre
A l’issue d’une guerre qui a commencé il y a des mois, dimanche 24 septembre, les citoyens genevois sont invités à trancher. Une « votation populaire » les invite à se prononcer sur l’Ecole.
Deux camps se font face. D’un coté les partis de droite qui dénoncent les faiblesses de l’école et invitent à modifier la loi sur l’école et à voter pour un projet déposé par l’association conservatrice Arle. Le projet de loi prévoit de rétablir le redoublement, d’instaurer des notes certificatives et d’évaluer les établissements. De l’autre, les partis de gauche qui appellent à améliorer l’école genevoise dans l’esprit des réformes précédentes largement inspirées de la pédagogie constructiviste. Ils sont soutenus par les chercheurs en sciences de l’éducation de Genève. Ainsi le belge Marcel Crahay est amené à rappeler que les notes traditionnelles apportent peu d’explications aux élèves et que toutes les études démontrent la nocivité du redoublement.
C’est que l’école genevoise a connu dans les années 90 une profonde rénovation, impulsée par Philipe Perrenoud. Les niveaux traditionnels sont remplacés par des cycles. Les notes sont remplacées par des évaluations formatives. Ou plutôt devraient. Car 15 ans après le lancement de la réforme seule une partie des écoles l’appliquent réellement.
Droite et gauche se renvoient les difficultés de l’école. Pour les uns, elles viennent des théories « pédagogistes ». Pour les autres, elles résultent de l’inapplication de la réforme. L’éditorialiste du Courrier souligne l’importance du vote du 24 septembre. » Qui ne voudrait pas de solutions simples à des problèmes en apparence inextricables? La droite s’est donc engouffrée dans la brèche. Car, non seulement il y avait à y gagner en termes de popularité – du moins les députés ont fait ce calcul – mais les mesures envisagées sont en accord avec leur ligne idéologique: que les meilleurs gagnent, que les autres se débrouillent seuls… Au-delà du débat actuel «sur les notes», aux allures souvent infantiles, se dessine un véritable choix de société. Laissera-t-on une seconde chance au Département de l’instruction publique pour rendre l’école plus égalitaire? » On aura compris que cette question résonne jusqu’ici.
Editorial du Courrier
http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=42170&mode=thread&order=0&thold=0
Article de M. Crahay
http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=article&sid=42147&mode=thread&order=0&thold=0
Dans le Café : documents de la votation etc.
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Les Genevois votent pour le retour à l’école traditionnelle
Selon Radio suisse romande, une large majorité des Genevois ont voté pour le retour à l’école traditionnelle. Le projet, soutenu par la droite, comprend le retour aux notes, au redoublement et l’évaluation des établissements.
Nul doute que cette victoire des conservateurs de l’Ecole n’encourage ailleurs les partisans du retour en arrière. Les partis de droite ont maintenant un nouveau cheval de bataille : la suppression des fonctionnaires.
http://info.rsr.ch/fr/rsr.html?siteSect=500&sid=7094657&cKey=1159098339000
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Après le 24
Après le référendum du 24 septembre, qui a adopté le retour des notes et du redoublement à l’école genevoise, les partisans de la réforme mise à mal gardent espoir.
« En choisissant de renforcer une école dont le moteur est la sélection, le peuple genevois vient de décider d’aller à contre-sens des pays qui réussissent à instruire le mieux tout en étant le plus juste pour tous ». Le Groupe romand d’éducation nouvelle revient sur les résultats de la votation sur l’école.
Pour lui la nouvelle loi aura des effets « pervers ». « Premier effet : Une école sélective dénature le sens des savoirs et supprime leurs véritables intérêts. Un savoir appris dans une école dont le moteur est la sélection devient synonyme de ticket de passage et pour beaucoup de jeunes, ce sens des savoirs à acquérir devient l’essentiel… Deuxième effet : Les enseignants vont devoir continuer à travailler dans une école qui biaise, souvent à leur insu, leurs meilleures intentions pédagogiques. Comment former, instruire et éduquer au mieux quand vous devez, dans le même temps, travailler à l’exclusion de certains enfants de leur groupe d’appartenance, de leur classe d’âge? Troisième effet : L’institution va continuer à voir ses choix opérés en matière d’organisation de lutte contre l’échec scolaire voués à l’échec. Lutter contre l’exclusion scolaire dans une école sélective est une aberration et un immense paradoxe. Car quoi que l’institution propose, elle se retrouve dans l’obligation de produire de l’échec. C’est le cercle vicieux le plus déprimant, le plus démobilisateur qui soit pour tous les acteurs de l’école conscients du phénomène. Quatrième effet : Les citoyens sont tous perdants. Qu’ils aient des enfants ou pas. Parce qu’une école sélective provoque l’exclusion tout court de beaucoup de jeunes. Avec son flot de dégradations du lien social pour tous et une probable prolifération des incivilités, qui ont un coût ».
Le GREN a des raisons de garder espoir. Il souligne l’incompatibilité entre le projet de loi adopté et les décisions nationales concernant les cycles d’apprentissage. « Ce vote cantonal devrait en toute logique n’aboutir à aucune mise en place sérieuse de ce qui vient d’être accepté par le peuple ».
http://www.gren-ch.org/
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/09/index250906.aspx