« L’objet de cette recherche est donc d’examiner les écarts de réussite en EPS au baccalauréat, contradictoires avec les bons résultats scolaires des filles décrits par ailleurs. Il s’agit notamment d’analyser les mécanismes scolaires qui conduisent les filles et les garçons à ne pas développer un même type de motricité ou qui limitent les filles dans l’exploitation de leurs réelles possibilités physiques ». La thèse de Cécile Vigneron s’attaque avec efficacité à un tabou de l’éducation nationale : l’absence de parité et, au-delà sa participation à la fabrication des genres.
S’appuyant sur une enquête auprès de plus de 1000 élèves, elle montre précisément comment les pratiques scolaires pénalisent les filles en EPS. » Par les choix de contenus enseignés en EPS, conçus à partir d’une analyse asexuée des techniques sportives, par les effets d’attente et les représentations spécifiques des enseignants à l’égard des élèves des deux sexes, l’école accentue les écarts de résultats entre garçons et filles initialement constitués par les effets de la socialisation familiale et de l’environnement culturel ». Par exemple, dans les apprentissages l’accent est mis toujours sur l’attaque, les apprentissages techniques sont relégués, les filles confinées sur le terrain dans des espaces périphériques, le rôle des défenseurs dévalorisé etc.
Ce qui amène C. Vigneron à poser la question d’une éducation sportive équitable. » L’EPS doit-elle se construire à partir des pratiques sportives, majoritairement masculines, marquées par la compétition et l’affrontement sous couvert de leur universalité en n’ignorant pas que derrière la mondialisation des pratiques sportives se dresse aussi une commercialisation des pratiques masculines ou doit-elle souscrire aux aspirations spécifiques des filles et édulcorer les pratiques culturelles pour préserver les filles de la compétition, de l’agressivité voire même s’en tenir à l’enseignement d’activités sportives typiquement féminines ? Une troisième voie est proposée ici qui s’intéresse réellement au sujet qui apprend, qui cherche à extraire des pratiques sociales de référence des éléments essentiels mais surtout diversifiés. Ne pas prendre en compte les différences génétiques et culturelles des filles au nom d’une égalité affirmée c’est en définitive appuyer et encourager une inégalité de fait. Construire une équité dans le cadre de la mixité c’est transformer les représentations et la motricité de tous, sans mettre en place un enseignement à deux vitesses. C’est aussi concevoir que des savoirs différents puissent être d’égale valeur même s’ils ne prennent pas la même expression ».
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