Face au taux d’échec en université, comment orienter les lycéens ? Le ministre semble avoir trouvé une solution acceptable. « Dès janvier, après la délivrance des bulletins du premier trimestre, tout élève de classe terminale qui envisage d’entrer à l’université est invité à adresser à l'(aux) établissement(s) de son choix et relevant de la zone dans laquelle il a vocation à être inscrit un dossier comportant, d’une part, ses bulletins scolaires de première et de terminale, d’autre part, la mention de la (des) licence(s) dans laquelle (lesquelles) il souhaite s’inscrire. En retour, l’établissement sollicité établi un bilan de compétence de l’intéressé et analyse sa demande en fonction de sa capacité à suivre un cursus universitaire (au moins jusqu’à bac +3), du degré d’exigence de la (des) filière(s) envisagée(s), des débouchés ou de l’existence éventuelle, comme en médecine, d’un numerus clausus ; elles peuvent, le cas échéant, proposer un entretien au lycéen. La réponse adressée à l’élève prend la forme soit d’un encouragement à s’inscrire dans l’une des formations envisagées, soit d’une recommandation à infléchir ses voeux en choisissant un autre cursus au sein de l’université, soit d’une incitation à s’orienter en direction des formations courtes professionnalisées, en particulier dans les STS qui ont vocation à accueillir prioritairement les bacheliers professionnels mais aussi les bacheliers technologiques tertiaires. Sur la base de ces éléments, l’élève prend sa décision en connaissance de cause ».
Le dispositif annoncé par le ministre fin septembre semble à première vue respectueux de la liberté des lycéens et du droit d’inscription lié à la possession d’un baccalauréat.
Est-il nécessaire ? Il est vrai que le taux d’échec en université est important. Ainsi, 5 ans après leur inscription en université 71% des bacheliers généraux ont pu entrer en second cycle universitaire contre 26% des bacheliers STT et 11% des bacheliers professionnels.
Le devenir des étudiants est aussi éclairant. Si 3% seulement des étudiants en STS se réorientent au bout d’un an, c’est le cas de la moitié des élèves des prépas littéraires ou de 16% des étudiants en université. Comment expliquer ces décalages ? Le type de bac joue fortement : ainsi en université 83% des bacheliers généraux ne changent pas d’orientation à la fin de la première année, contre la moitié des bacheliers technologiques ou professionnels. Comment expliquent-ils ces difficultés ? Plus d’un étudiant en université sur deux a du mal à s’organiser dans son travail et un sur trois manque d’intérêt pour les matières étudiées. Ces facteurs d’échec viennent bien avant les difficultés matérielles. On mesure là l’importance de dispositifs comme les TPE qui justement apprennent à gérer le temps et donnent du sens aux disciplines. Mais l’encadrement est aussi en cause. Ainsi seulement un étudiant en université sur cinq trouve du soutien pédagogique dans l’établissement.
La nouvelle procédure est-elle à même de répondre à ces difficultés ? Il apparaît clairement que les universités ne seront pas capables d’un suivi individualisé des dossiers mais traiteront les dossiers de façon automatique en appliquant les incitations ministérielles. Selon le texte, au vu du dossier, la réponse envoyée au lycéen prendra « la forme soit d’un encouragement à s’inscrire…, soit d’une incitation à s’orienter en direction des formations courtes professionnalisées, en particulier dans les STS qui ont vocation à accueillir prioritairement les bacheliers professionnels mais aussi les bacheliers technologiques tertiaires ».
On peut craindre que les universités prennent appui sur ces instructions pour décourager de façon systématique les inscriptions des bacheliers technologiques et professionnels en les invitant à s’inscrire en STS. La procédure ministérielle prévoit d’ailleurs, qu’au terme de l’échange avec le lycéen, si celui-ci ne se plie pas à toutes les formalités exigées, l’université puisse simplement lui claquer la porte au nez.
Or ce n’est déjà pas par hasard que ces lycéens des filières technologiques et professionnelles viennent s’inscrire en fac. Ce n’est pas par manque d’information. La majorité d’entre eux s’inscrivent en université parce que leur dossier a été refusé en STS ou en IUT. Des filières où les places sont chères et qui pratiquent depuis longtemps la sélection. On peut donc craindre que la procédure ministérielle permette seulement aux universités de diminuer leurs charges. Et que ce soit son seul objectif.
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