« Du point de vue du contenu, nos résultats montrent clairement que des activités systématiques qui développent des automatismes sont fondamentales pour les apprentissages. On peut citer à cet égard des activités systématiques d’orthographe et surtout de calcul mental. Le fait que les élèves puissent mobiliser ces mécanismes et les rendre automatiques constitue certainement une aide majeure pour la réalisation de tâches scolaires de nature diverse. Ceci ne signifie pas que de telles activités ne sont pas pratiquées à l’école, elles demandent sans doute simplement à être développées, sachant qu’elles devront prendre place dans une contrainte d’arbitrage temporelle. Il s’agit donc ici d’un choix pédagogique que l’enseignant doit réaliser en accordant plus de temps à ce type d’activités. L’institution peut aussi jouer un rôle à cet égard en encourageant les initiatives de cette nature.
Conjointement à la réflexion sur la nature des activités scolaires et de leur organisation, il est central de s’interroger sur la période de la scolarité la plus propice à l’action. Les résultats sont nets sur ce point dans la mesure où le niveau de compétences des élèves à l’entrée en CE2 est fortement prédicteur des progrès à venir. C’est donc principalement avant le cycle III que doivent être mises en place ces activités systématiques afin de mieux armer les élèves dans les dimensions des acquisitions les plus prédictives de la réussite ultérieure ».
L’étude de Sophie Morlaix et Bruno Suchaut (Iredu) analyse les résultats aux évaluations nationales pour mieux comprendre les acquisitions scolaires. Elle permet de mieux en saisir les mécanismes et de faire quelques propositions.
Elle insiste sur l’importance du développement des automatismes (orthographe et calcul) et de la mémoire de travail. » L’information la plus importante pour saisir le processus d’évolution des acquisitions des élèves au cours du cycle III est la place centrale accordée aux habiletés en calculs numériques. En effet, les compétences des élèves à l’entrée en 6ème se rapportant à ce domaine sont en premier lieu fortement déterminées par les compétences en calcul mental évaluées trois années auparavant. En second lieu, ces habiletés numériques entretiennent de forts liens avec les performances dans le domaine de la compréhension à la fin du cycle III. Ceci est fondamental dans la mesure où ces compétences en compréhension se révèlent être les dimensions les plus prédictives du niveau global des élèves à l’entrée en 6ème. Le classement des compétences les plus prédictives fait en effet apparaître qu’une variable mesurant la compréhension (en français et en mathématiques) explique à elle seule plus des trois-quarts des écarts des scores entre les élèves à la fin du cycle III. En résumé, l’accès au collège se fera d’autant mieux que les élèves auront développé, et ceci dès la fin du cycle II, des habiletés élevées en calcul en général et plus particulièrement en calcul mental ».
Comment développer de façon précoce ces automatismes et la mémoire de travail ? » L’influence de l’origine sociale sur les acquisitions scolaires transitant principalement par les capacités cognitives, on peut alors s’interroger sur les caractéristiques de l’environnement familial discriminantes à cet égard. Dans ce cas, la réflexion peut s’orienter vers des activités pouvant être organisées dans un cadre périscolaire, tôt dans la scolarité, activités proches de celles évoquées auparavant dans le cadre scolaire ».