Bibliographie
L’Ecole primaire expliquée aux parents en 80 questions.
Laure Dumont, Retz, 2006, 150 pages, 15,90 €
Ce genre d’ouvrage n’est pas toujours une réussite, mais celui de Laure Dumont tranche favorablement. On pourra toujours regrettrer quelques impasses pour comprendre les enjeux de l’Ecole (la partie sur les pratiques pédagogiques se limite à évoquer Steiner, Freinet ou Montessori) ou un regard un peu limité sur les maths, mais l’exercice est une gageure. L’auteure est au fait des grands dossiers éducatifs, parle une langue accessible à tous sans céder au politiquement correct, et n’hésite pas à donner son avis sur les polémiques en cours. Un outil à conseiller aux parents d’élèves lors de la réunion de rentrée…
Partie 1 : Qu’apprend-on à l’Ecole ? (programmes, disciplines)
Partie 2 : Comment apprend-on ? (motivation, évaluation, handicap…)
Partie 3 : L’élève hos la classe (BCD, classe découverte, assurance, rythmes…)
Partie 4 : Qui fait quoi à l’Ecole (les rôles des différents adultes)
Partie 5 : Qui paie quoi, qui décide ? (rôle des acteurs, coopérative scolaire, carte scolaire…)
Vous pouvez aussi conseiller le dossier « Parents » de la rentrée du Café :
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/r2006_index.aspx
Potions contre-Robien ?
Puisqu’on en est aux parents, signalons deux publications destinées à réagir aux tentatives médiatiques de M. De Robien sur l’apprentissage de la lecture :
– les syndicats enseignants et les associations pédagogiques diffusent en masse un « 4 pages » destiné à expliquer leur version des faits aux parents (diffusion militante)
– Sylvie Cèbe et Roland Goigoux publient, à destination des parents d’élèves, un petit opuscule de 80 pages chez Retz, « Apprendre à lire à l’Ecole », qui reprend et développe les arguments des deux chercheurs suite à la polémique sur la lecture. Au sommaire, les nouvelles directives 2006, apprendre à lire et écrire des mots, apprendre à comprendre des textes, aider l’enfant à la maison. (bénéfices reversés à une ONG « InterAide » qui soutient la scolarisation des jeunes enfants dans les pays en voie de développement)
Apprendre et comprendre : la FNAME frappe de nouveau
Une fois de plus, la FNAME (fédération des maîtres E) réussit un bon coup en publiant un ouvrage synthètisant les contributions des conférenciers invités à ses initiatives nationales. Centré sur une thématique dont on sent bien qu’elle devient centrale dans les préoccupations des enseignants, spécialisés ou non, cet ouvrage s’intéresse à l’apprentissage, la compréhension, mais aussi interroge le rôle de la métacognition dans l’aide à l’apprentissage avec les éclairages des meilleurs :
Apprendre, comprendre :
– Rémi Brissiaud : comment favoriser la conceptualisation ?
– Gérard Chauveau : apprendre, comprendre la lecture et les « choses de l’école ».
– Franck Jamet, Denis Legros, Emmanuelle Maître de Pembroke : aides et remédiation aux difficultés de compréhension de textes.
Metacognition, remédiation :
– Britt-Mari Barth : construction du sens, approche socio-cognitive de la médiation.
– Anne-Marie Doly : la métacognition, définition, mise en oeuvre à l’Ecole
– Armelle Balas-Chanel : aider à apprendre, métacognition et explicitation
– Jean-Michel Zakhartchouk : la compréhension des consignes
– Philippe Cormier : quel fondement pour l’aide psychopédagogique ?
– Sylvie Cèbe : pas de métacognition sans cognition
– Marie-Thérèse Zerbato-Poudou : la réflexion sur l’action est-elle une réflexion métacognitive ?
Retz, 2006, ISBN : 272562469X, 15 €
Que peut la sociologie pour l’Ecole ?
« Les élèves qui réussissent ne sont pas forcément les plus capables, mais ceux qui étaient destinés à des études longues de par leurs origines sociales ». C’est à partir de ce brutal constat issu des enquêtes de l’INED des années 50 que c’est constituté la sociologie de l’Education, qui a tenté, à la suite des Grands Maîtres Boudon et Bourdieu, d’inventer des cadres d’analyses qui permettent de ne pas succomber au désespoir des déterminismes.
Cette troisième édition de « l’Ecole à l’épreuve de la sociologie » (Anne VanHaecht, De Boeck, 256 p., 25 €) vise à retracer les grandes étapes de la discipline, en soulignant des rapports avec la sociologie en général. Si vous faites partie de ceux qui ont dejà lu quelque chose de Rochex, Duru-Bellat, Derouet, VanZanten, Weber, Isambert-Jamati, Prost, Passeron, Plaisance, Crozier ou Dubet, mais sans toujours remettre tout dans le bon ordre, cet ouvrage vous donnera un cadre historique et philosophique qui vous permettra de mieux vous repérer entre le « handicap socio-culturel », le capital culturel, la socialisation ou la violence symbolique… Certes, on peut vivre sans, mais dans nos métiers toujours tourneboulés par mille urgences, prendre un peu de recul peut éviter de déployer une folle énergie à lutter contre des moulins à vent…
Ne pas manquer la préface de Jean-Louis Derouet qui retrace en quelques pages l’actualité de cette démarche, dans un système éducatif qui ne serait pas loin d’être tenté de répondre aux justes critiques de la sociologie de l’Education par des réformes de plus en plus libérales qui, sous prétexte de redonner le pouvoir aux acteurs, risqueraient bien de ne le donner qu’à ceux qui, dans les classes moyennes, en tirent déjà largement bénéfice…
A feuilleter d’urgence.
Léon Miffre : Se former avec Vigotski
Etonnant et intéressant ouvrage que celui de Léon Miffre, professeur en sciences de l’Education à l’IUFM d’Aquitaine. « Se former avec Vygotski » propose non seulement de s’approprier les concepts d’un auteur désormais incontournable dans la littérature pédagogique, mais aussi d’utiliser ces concepts en situation d’enseignement pour « organiser la tâche », « mobiliser les potentiels de l’élève », « conduire l’apprentissage scolaire » ou « aider l’élève à entrer dans la culture écrite ». Conçu comme un véritable « plan de formation », l’exercice pourra paraître un peu suspect dans ces certitudes (si… alors…), mais formille d’exemples à vivre en formation d’enseignants comme dans sa classe. Il décortique également les compétences professionnelles de l’enseignants référentiels (suis-je capable de…) qui peuvent être des points d’appuis intéressants pour envisager de nouvelles directions de travail personnel. La « cohérence entre les progressions » (p. 168) est notamment un exemple concret permettant d’interroger la trivialité du quotidien… pour le théoriser !
http://www.numilog.com/fiche_livre.asp?id_livre=26125