» J’ai décidé de lancer un plan de développement des technologies de l’information appliquées à l’éducation ». C’est à Poitiers, au Cned, que Gilles de Robien a présenté le 14 septembre son plan. Il s’articule autour de leur inscription dans le socle commun : « la maîtrise des nouvelles technologies numériques devient un des piliers de la scolarité obligatoire ». Ainsi, le B2i sera pris en compte au brevet des collèges dès la session 2008.
Le plan s’appuie sur trois axes : le premier concerne le développement des espaces numériques de travail, qui favorisent la communication entre parents, enseignants, et repose surtout sur les collectivités locales. Le ministre se fixe un objectif : « généraliser le livret scolaire électronique, en commençant par un livret scolaire des compétences en langues vivantes, appelé « portfolio ». Le « portfolio » est un dossier scolaire numérique qui permet la validation progressive, par le professeur, des compétences de l’élève.[…] En 2008, tous les élèves, de l’école primaire au collège, devront avoir leur portfolio numérique. »
Le second axe porte sur l’utilisation des TICE pour l’accompagnement scolaire. Il comporte deux volets : l’un repose sur la Caisse des dépôts et son nouveau service en ligne baptisé « Mon enfant à l’école primaire » qui « offre aux parents un ensemble de services utiles, comme l’inscription à l’école, au gymnase, et aux activités parascolaires offertes par les mairies » ; l’autre est assumé par le CNED : sous couvert d’égalité des chances, celui-ci se voit confier la mise en place d’un dispositif de soutien scolaire en ligne, en partenariat avec un prestataire privé : « on estime que ce marché croît de 20% par an », explique le ministre.
» Pour sensibiliser tous les jeunes enseignants aux ressources numériques, j’ai donc décidé de donner une clé U.S.B. à chaque professeur stagiaire sortant de l’I.U.F.M. » Le dernier axe de ce plan pour les TICE est le seul qui engage véritablement le ministère : il s’agit de la mise à disposition, annoncée pour ce trimestre et pour tous les nouveaux enseignants de SVT, d’histoire-géographie et de physique-chimie (en attendant d’intégrer les autres disciplines), d’une clé USB qui « contiendra des productions numériques validées au plan national » et qui permettra aux enseignants « de télécharger des contenus susceptibles d’illustrer leurs cours ».
Pour G. de Robien, avec ce plan « l’Education nationale prend le virage du numérique ». Soulignons quand même la grande modestie du train ministériel. Les chiffres du B2i dévoilés par le ministre (67.000 écoliers et 92.000 collégiens) sont très faibles (il y a presque 3 millions de collégiens et autant d’écoliers). Les ENT et les dispositifs d’accompagnement sont conçus, dirigés et financés par les collectivités locales. L’idée de la clés USB est sympathique (bien que limitée aux seuls nouveaux enseignants !). Mais est-elle susceptible de remplacer un dispositif de formation et d’accompagnement ? On s’interroge sur cette vision de la formation qui invite à se débrouiller tout seul alors qu’existent des outils et des mouvements de mutualisation.
L’offre a aussi un autre trait déroutant. Il y a quelques années un ministre de l’éducation nationale avait promis à chaque professeur un ordinateur portable. Avec Robien, il faut se contenter d’une clé USB.
Le discours