« Le moral des directeurs d’école est pire que ce que l’on craignait. Il est au 36ème dessous ». Selon une dépêche AFP, une étude de la MGEN, réalisée par G. Fotinos, met en évidence leur surcharge de travail et une grande crise identitaire. 52% des directeurs sont satisfaits contre 74% des chefs d’établissement du secondaire.
Ceux-ci vont-ils mieux ? Leur principal syndicat, le Snpden, annonce une grève le 26 novembre. Les chefs d’établissement se plaignent de semaines de 48 à 50 heures, de réformes incohérentes et de n’être jamais consultés sur les textes alors qu’ils sont en première ligne pour les faire appliquer.
Ce malaise des chefs d’établissement rejoint celui des inspecteurs. En février 2006, le SIEN avait écrit au ministre » aider les enseignants à obtenir de meilleurs résultats en lecture est leur quotidien ; (les inspecteurs) continueront à s’engager dans cette démarche et rechercheront les moyens de progresser en ce domaine. Pour réussir, ils ont plus besoin de sentir votre confiance que d’entendre vos consignes. Vous leur avez récemment promis que leurs conditions de travail s’amélioreraient ; des évolutions significatives en ce domaine seraient d’un bon impact pour les mobiliser, mais à ce jour rien ne vient concrétiser vos propos ».
On aurait peut-être tort de ne voir dans ces manifestations que la traditionnelle défense d’avantages matériels. Dans l’atmosphère de guerre scolaire où baigne l’Ecole depuis deux ans, les corps intermédiaires, pris entre deux feux, se plaignent d’être mis à rude épreuve.
Mais on aurait tort aussi de réduire la crise de ces corps à un conflit aussi passager qu’un ministre. Le mal-être qu’ils éprouvent tient principalement à une évolution profonde du métier qui remet en cause sa légitimité et l’image de soi.
La crise qui affecte les directeurs d’école tient d’abord au fait qu’on leur demande de ne plus être seulement les premiers des maîtres sans pour autant les laisser devenir de véritables chefs d’établissement. Les difficultés de ces derniers font l’objet d’un ouvrage récent de Anne Barrère (Anne Barrère, Sociologie des chefs d’établissement, Puf).
Elle relève la profonde évolution du métier. « Diriger un établissement, ce n’est plus alors ni seulement faire ce que demande la hiérarchie ni se donner comme objectif une meilleure efficacité… Cela consiste toujours à le »faire tourner » mais c’est aussi et surtout le « faire bouger ». Les chefs d’établissement veulent encore réconcilier ce qui, pour d’autres, a définitivement divorcé : la modernisation et le projet républicain ». Ils incarnaient la République, on leur demande de représenter le management.
Dépêche AFP
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