2006 marque le centenaire de la réhabilitation du capitaine Dreyfus. Plusieurs événements le commémorent. Deux colloques, les 19 juin et 28 juin, étudient le fonctionnement de l’appareil judiciaire et les sources de l’affaire Dreyfus. Du 14 juin au 1er octobre, le Musée d’art et d’histoire du judaïsme organise une exposition » Alfred Dreyfus Le combat pour la justice ». En suivant le capitaine Dreyfus depuis sa brutale arrestation du 15 octobre 1894 jusqu’à sa réhabilitation du 12 juillet 1906, grâce à de multiples documents, issus principalement du fonds Dreyfus du musée, on mesure pourquoi le combat d’Alfred Dreyfus est un exemple emblématique pour la démocratie : pour la première fois, un Juif a été défendu comme Juif, comme citoyen symbole de l’injustice, marquant ainsi le deuxième acte de l’intégration civique des Juifs de France. L’exposition se poursuit jusqu’à nos jours en présentant la difficile postérité de l’Affaire Dreyfus, depuis l’oubli du milieu du siècle jusqu’à l’ère de la commémoration.
Elle s’appuie sur le un important fonds familial offert par la famille Dreyfus au MAHJ en 1997. Plus de 3000 documents parmi lesquels l’inhumaine consigne de l’île du Diable qu’un gardien réussit à conserver, les autorisations données à Lucie de revoir son mari, l’original de la superbe lettre adressée par Dreyfus à son épouse, les galons de capitaine qui furent arrachés à Alfred Dreyfus lors de sa dégradation dans la cour de l’École militaire le 5 janvier 1895, les observations rédigées en prison par Dreyfus sur diverses dépositions du procès de Rennes.
Ce fonds a été mis enligne par le MAHJ. Il dispose d’un moteur de recherche qui permet de naviguer parmi une exceptionnelle collection de cartes postales et d’affiches. Le MAJH propose également une histoire de l’Affaire, une chronologie et promet prochainement un dossier sur les dreyfusards et antidreyfusards. On tient donc avec le site du MAHJ un bon support pédagogique. Reste, dans les établissements, à lui faire passer le crible des outils de filtrage…
http://www.mahj.org/fr/02_en_ce_moment/expo_dreyfus_alfred.php
http://dreyfus.mahj.org/docs/index.php
Rappel : L’excellent site de L. Boyer
http://www.ac-poitiers.fr/hist_geo/ressources/drey/index.htm
Les 100 plus belles images de l’Affaire Dreyfus
« C’est un crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de mort cette opinion qu’on a pervertie, jusqu’à la faire délirer. C’est un crime d’empoisonner les petits et les humbles, d’exaspérer les passions de réaction et d’intolérance, e s’abritant derrière l’odieux antisémitisme, dont la grande France libérale des droits de l’homme mourra si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter le patriotisme pour des oeuvres de haine ». Cet extrait du J’accuse ! de Zola situe l’objectif du livre de Raymond Bachollet.
En s’appuyant sur une sélection unique de caricatures de la presse française, R. Bachollet montre remarquablement comment s’est construite la campagne antisémite contre le capitaine Dreyfus. On voit comment le thème de l’officier juif traître s’est construit avant même que Dreyfus apparaisse. On suit ensuite les innombrables péripéties de l’Affaire à travers le crayon féroce des dreyfusards et des antidreyfusards. Trente périodiques ont été dépouillés et laissent voir les travaux d’une cinquantaine de dessinateurs : Caran d’Ache, Gill, Grandjouan, Jossot, Steinlein, Vallotton, Willette par exemple. Chaque dessin est situé dans son contexte et on a souvent l’occasion de voir comment les dessinateurs se reprenaient et se répondaient d’un camp à l’autre.
Pour l’enseignant ce petit livre est un trésor à la fois pour mieux connaître l’Affaire et pour y puiser des documents rares et magnifiques. L’ouvrage est aussi accessible aux lycéens qui voudraient travailler sur l’Affaire.
Raymond Bachollet, Ls Cent plus belles images de l’Affaire Dreyfus, Paris, Kharbine – Tapabor, 2006, 112 pages.