« Si l’on en croit les enquêtes réalisées en Europe, les sciences font aujourd’hui partie des matières scolaires les moins appréciées. En ne répondant pas à leurs questions, en traitant les sujets de manière abstraite, cet enseignement provoque le désintérêt des jeunes. Plus grave encore, l’éducation scientifique fabrique de l’exclusion ; de nombreux adolescents et jeunes adultes ne voient en elle qu’un facteur de sélection scolaire par l’échec ». André Giordan ouvre ce numéro 443 des Cahiers pédagogiques consacré à « La culture scientifique » sur cette évocation de la crise des sciences à l’Ecole.
Une crise qui est d’abord questionnée sur son principe même : comment réconcilier l’homme moderne et une science qui apparaît autant destructrice que créatrice. « Le rétablissement de liens organiques entre l’activité scientifique et la vie culturelle me paraît une condition indispensable à une réorientation de la première, qui serait un approfondissement de la seconde » affirme Jean-Marc Lévy-Leblond. Pour lui c’est la condition d’une société démocratique : « si aujourd’hui nous sommes en mesure de choisir nos dirigeants,…, les choix en matière de technosciences échappent très largement au débat démocratique ». Bertrand Delamotte (Cnrs) dénonce un enseignement des maths décalé : « existe-t-il une culture mathématique ? On pourrait en douter dans le cadre scolaire où elles sont trop souvent enseignées comme un produit fini au lieu de participer à la formation de l’esprit critique ».
Alors comment faire accéder à cette « culture scientifique » ? De la main à la pâte à l’apprentissage du monde en 3ème, la revue soumet aux lecteurs, parfois de façon critique, des pratiques innovantes. Elle pose aussi la question des lieux de la culture scientifique ateliers, clubs, tout est bon pour ouvrir à la culture scientifique.
La culture scientifique, Cahiers pédagogiques n°443,mai 2006.
http://www.cahiers-pedagogiques.com/numero.php3?id_article=2370