« Il s’agit là d’un acte refondateur. Pour la première fois depuis les lois scolaires de Jules Ferry, en 1882, la République va indiquer clairement le contenu impératif de la scolarité obligatoire ». Gilles de Robien présentait le 10 mai à la presse le projet de décret sur le socle commun des connaissances et compétences. Le socle est une obligation de la loi Fillon et a fait l’objet fin mars de recommandations du Haut Conseil de l’Education. Pour le ministre son décret ouvre une ère nouvelle, fondatrice, puisque le socle « ne décrit pas l’ambition maximale de notre système éducatif ; il décrit ce qu’il a l’obligation absolue de transmettre à tous les adolescents avant 16 ans, quel que soit le parcours de l’élève, y compris l’apprentissage. Et quand je dis obligation, je veux dire obligation de résultat, dont le ministre de l’Education nationale sera directement comptable ! C’est cela, la nouvelle gestion publique ! »
Conformément aux recommandations du HCE, le socle comporte 7 piliers. Le premier concerne « la maîtrise de la langue française » réduite à la lecture, l’apprentissage de l’orthographe et la grammaire, c’est-à-dire aux dictées et à la leçon de grammaire, des procédés dont la performance est contestée. Le pilier mathématique concerne les 4 opérations, le calcul mental, les théorèmes de la géométrie plane, les équations du premier degré. Le troisième pilier concerne « la culture humaniste » : « il s’agit de donner des repères solides. Ce qui suppose évidemment un apprentissage de la chronologie en histoire et de la cartographie en géographie ». Viennent ensuite la langue étrangère, la maîtrise des TIC, des compétences civiques et sociales, enfin, à la demande du HCE, le développement de l’autonomie et l’initiative de l’élève.
Pour le ministre, « la définition du socle commun est un acte capital pour l’avenir de notre système éducatif ! Ce socle sera la base culturelle commune à tous les Français, en même temps que la première étape du processus de formation tout au long de la vie. Il engagera très fortement l’Education nationale, à commencer par le ministre. Car il lui imposera une véritable obligation de résultat ».
Oui mais comment passer de l’objectif au résultat ? Le ministre annonce des évaluations régulières en Ce1, Cm2 et au brevet. Et une réforme des programmes du collège. Le socle sera atteint par tous les élèves parce que les enseignants pour la première fois seront « responsabilisés ». A croire que les professeurs jusque là ne travaillaient pas. Pourtant, par exemple, les repères en géographie et histoire sont évalués au brevet depuis déjà quelque temps…
Autonomie, initiative : comment les promouvoir quand le ministère s’attaque aux IDD et aux TPE ? « Il n’y a pas de lieu pour l’apprentissage de l’autonomie, c’est un principe qui peut se retrouver partout ». Ou bien nulle part s’il n’a pas de place reconnue dans le système éducatif.
Le socle permettra-t-il d’assurer un niveau minimum à tous les élèves ? Le Café a demandé au ministre comment il comptait assurer la réussite des apprentis juniors. Ces jeunes de 14 ans, issus de milieu populaire, en échec scolaire, ne disposeront que de 15 heures de cours pendant deux trimestres sur trois durant leur première année de formation. Encore moins l’année suivante. Ils auront deux fois moins de cours que leurs camarades. Comment dans ces conditions rattraper leur retard et atteindre les objectifs du socle ? Le ministre affirme « Oui c’est possible ! ». Il semble que le socle soit simplement incantatoire ou pas si commun.
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=200651096
decret
ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/actu/2006/projet_decret_annexe.pdf
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/04/index030406.aspx
Les réactions au décret sur le socle commun
Pour la FSU, selon l’AFP, « ce projet reste marqué par les faiblesses et les contradictions du concept même de socle contenu dans la loi Fillon sur l’Ecole et la volonté de renoncement qu’elle traduit ». La fédération critique « les choix de contenus contestables ».
Le Se-Unsa, « apprécie l’importance donnée à la résolution de problèmes en mathématiques, à l’observation, la manipulation et l’expérimentation dans le domaine scientifique. Par contre, le SE-UNSA conteste la vision trop compartimentée de l’enseignement de la langue. L’apprentissage de la grammaire et de l’orthographe est en effet indissociable de la maîtrise de l’expression écrite. Il désapprouve également la place insuffisante faite dans ce projet aux compétences liées à la pratique de l’éducation physique et sportive et des arts ». Pour le syndicat, « les choix de renoncement de ce gouvernement (abandon des TPE, rétablissement de l’apprentissage à 14 ans, asphyxie budgétaire…) vont à l’opposé de l’ambition affichée ».
http://www.se-unsa.org/presse/comm/page.php?id=060510b
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060510152903.xvj3w69n.html
Le HCE approuve le décret Robien sur le socle commun
« Le Haut Conseil constate que le Ministre a très largement retenu les recommandations qui lui ont été transmises le 23 mars dernier.. (Il) émet un avis favorable au projet de décret qui lui a été soumis ». A ce satisfecit du Haut Conseil de l’Education répond celui du ministre : « Gilles de Robien, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, se félicite de l’avis favorable rendu le 22 mai 2006 par le Haut Conseil de l’éducation sur le projet de décret définissant le socle commun de connaissances et de compétences ».
Pourtant, le HCE ajoute que le décret doit permettre « un soutien efficace, assurant l’acquisition du socle commun, sans filière de relégation ». Une allusion aux apprentis juniors ?
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20065231725
http://www.hce.education.fr/index.php?p=6&art_id=11&args=Y29tcF9pZD0xMyZhY3Rpb249dmlld0RldGFpbCZpZD05JmlzTGFzdD0xfA%3D%3D
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2006/05/index110506.aspx
Socle commun : pas de nouveaux programmes annonce Robien
« Il ne faudra pas reprendre les programmes à zéro. A travers ces piliers, ça veut dire que chaque professeur, qu’il enseigne le français, l’histoire-géographie, les mathématiques ou les sciences, aura à coeur de donner ces valeurs de la République ou, en même temps, l’épanouissement de la personnalité ». Selon l’AFP, Gilles de Robien a annoncé que l’instauration du socle commun n’entraînerait pas la mise en place de nouveaux programmes.
Le ministre avait annoncé de nouveaux programmes pour le collège le 10 mai en présentant son projet de décret sur le socle commun…
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060521183431.rbpkuerc.html