Dossier spécial
10 avril : La victoire des anti-CPE
Le Cpe abrogé par l’Assemblée
La proposition de loi sur l' »accès des jeunes à la vie active en entreprise » a été adoptée par l’Assemblée nationale le 12 avril. Elle annule le CPE. « Après avoir écouté les représentants de dix-neuf organisations impliquées dans le débat suscité par l’article 8 de la loi précitée, les auteurs de la présente proposition de loi considèrent qu’il convient de remplacer ce dispositif par des mesures immédiates de soutien en faveur de l’accès à la vie active, pour les jeunes qui connaissent des difficultés particulières d’insertion. Ils proposent également l’ouverture, à l’initiative du Gouvernement, d’une large concertation avec les partenaires sociaux et les représentants des organisations étudiantes et de jeunesse sur l’insertion professionnelle des jeunes ».
Selon l’AFP, L’Humanité devrait lancer le 13 avril une pétition demandant l’arrêt des poursuites engagées contre les manifestants anti-Cpe.
http://www.assemblee-nationale.fr/12/propositions/pion3013.asp
http://www.assemblee-nationale.fr/12/dossiers/acces_jeunes_entreprise.asp
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060412174342.ojzw4qaj.html
CPE : La victoire sonne-t-elle la fin du conflit ?
« Sur le rapport des présidents des groupes parlementaires et des responsables de la majorité, j’ai proposé au président de la République, qui l’a accepté, le remplacement de l’article 8 de la loi pour l’égalité des chances par des mesures en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes les plus en difficulté. La nouvelle proposition de loi sera présentée dès ce matin ». Le premier ministre a annoncé le 10 au matin la suppression du Cpe. Une proposition de loi devait être déposée par l’Ump à l’Assemblée nationale le 10 au soir. Elle sera examinée le 11.
Pour le syndicat des chefs d’établissement, Snpden, cité par l’AFP, « c’est une sage décision qui, prise plus tôt, aurait évité le développement d’une longue crise de deux mois dont nous avons mesuré l’ampleur et la gravité en même temps que les effets ». Les syndicats crient victoire. Pour l’Unsa, « après plus de deux mois de mobilisation intense les douze organisations syndicales d’étudiants, de lycéens et de salariés viennent de remporter une grande victoire… Cette victoire a été possible grâce à l’unité exemplaire des douze organisations syndicales durant cette période. Cette unité reposait moins sur un accord total que sur un rapport de force. Mais désormais se pose une question : que faire de cette victoire ? Au-delà du refus du CPE, le syndicalisme doit désormais imposer ses réflexions et travailler à des propositions de réforme visant à transformer notre modèle social. Plus ces propositions seront communes, plus elles seront fortes et crédibles ». Pour le Snes, « cette victoire renforce notre détermination et notre capacité à agir pour remettre en cause les autres aspects régressifs de la politique gouvernementale en matière économique et sociale ( loi sur l’école, loi sur la recherche, CNE, « apprentissage junior »,loi sur « l’égalité des chances »,… .) ».
Pour les lycéens de l’Unl, « c’est une grande victoire… historique face à une attaque qui elle-même était historique contre les jeunes… Aujourd’hui, il faut qu’on revienne sur les mesures imposées de la même manière que le CPE ». La Fcpe estime aussi que » certaines mesures de la loi dite pour « l’égalité des chances » sont à combattre. La FCPE continuera à se battre dans les collèges contre l’apprentissage à 14 ans et son corollaire le travail de nuit dès 15 ans. Elle engage ses représentants dans tous les établissements à être particulièrement vigilants sur le contrat de responsabilité parentale, véritable dispositif de répression des familles en particulier des plus démunies ».
Après une mobilisation de cette ampleur, le conflit va-t-il s’arrêter ? Lycéens et étudiants maintiennent leur appel à manifester aujourd’hui 11 avril. Certains députés Ump ont déjà annoncé qu’ils ne voteraient pas l’abrogation du Cpe.
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=2066
http://www.premier-ministre.gouv.fr/acteurs/interventions-premier-ministre_9/discours_498/allocution-premier-ministre-matignon_55717.html
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=503
Le mouvement démobilise
« Après plus de deux mois d’intenses mobilisations pour obtenir le retrait du CPE, les organisations syndicales de lycéens, d’étudiants et de salariés, se félicitent de la décision enfin annoncée de faire disparaître le CPE de la loi. C’est un authentique succès ». Les 12 organisations syndicales (Unef, Cé, Unl, Fidl, Cfdt, Cgc, Cftc, Cgt, Fo, Fsu, Solidaires, Unsa) qui ont mené ensemble le mouvement anti-Cpe ont manifesté… leur satisfaction. « Ce succès remporté sur le CPE donnera à tous la confiance et la dynamique nécessaires pour permettre que les questions de l’emploi des jeunes, de la formation et de la précarité du travail trouvent rapidement des réponses, ainsi que les questions posées par toutes les organisations syndicales concernant le Contrat Nouvelles Embauches ».
La manifestation du 11 avril, organisée par les syndicats étudiants et lycéens, a marqué en creux ce succès. Les cortèges étaient minces. La police les estime à 41 000 personnes, soit dix fois moins que le 23 mars. A Marseille on est passé de plusieurs centaines de milliers de manifestants à quelques centaines. C’est aussi une réponse à ceux qui doutaient que la mobilisation soit mûrement réfléchie. L’abrogation du Cpe était bien la condition pour que le calme revienne. Il reste maintenant au gouvernement à tenir compte du nouveau rapport de forces créé début avril.
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article.php3?id_article=1072
Vos photos des manifestations
De Toulon à Dunkerque, en passant par Amiens, la ville dont le maire est G. de Robien, vos photos des cortèges anti-CPE le 4 avril. Des barbus vénérables aux jeunes filles en fleur, tout un peuple dans la rue… Un grand merci et un coup de chapeau aux photographes.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/CPE_040406_index.aspx
De mars à avril : deux mois de protestation
23 Mars
Avec la violence arrive la peur
Mobilisation réussie aujourd’hui pour les anti-CPE. Les cortèges étudiants et lycéens ont réuni de 220 000 à 450 000 manifestants. On estime qu’il y avait de 20 000 à 50 000 personnes à Paris, 10 à 50 000 à Marseille, 10 à 16 000 à Toulouse, 7 à 15 000 à Bordeaux, 6 à 12 000 à Grenoble, 5 à 10 000 à Clermont-Ferrand par exemple. La mobilisation gagne de nouveaux lycées : à Paris la moitié des établissements sont perturbés.
Parallèlement le mouvement se radicalise. Depuis mardi plusieurs établissements ont été attaqués (mardi Camille Sée à Paris, mercredi et jeudi à Savigny sur Orge ou à Nantes par exemple). Des violences ont émaillé les cortèges jeudi 23 à Paris, où des manifestants ont été agressés et dépouillés par des « casseurs », et en banlieue (93, 91 et 95). Le spectre d’une relance du mouvement des banlieues s’est éveillé.
Le premier ministre semble céder et propose aux syndicats « une réunion de travail à votre convenance le plus rapidement possible… avec un ordre du jour nullement limitatif ». Rendez-vous a été pris entre la Cgt, FO, la Cftc, la Cfdt et la Cgc vendredi après-midi. La Fsu ,les syndicats étudiants et lycéens n’étaient toujours pas conviés le 23 au soir.L’UNL est invitée par Robien.
http://www.lefigaro.fr/france/20060323.WWW000000386_cpe_la_rue_gronde_a_nouveau.html
http://www.lefigaro.fr/france/20060323.FIG000000143_les_banlieues_franciliennes_placees_sous_etroite_surveillance.html
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060323115742.o6l4gxds.html
Les parents divisés sur la journée d’action
Alors que la FCPE, première organisation de parents d’élèves, appelle les parents « à accompagner lycéens et étudiants dans les manifestations » ou à garder leurs enfants à la maison, la Peep « s’inquiète pour la sécurité des lycéens qui participent aux manifestations » et rappelle quels examens approchent…
Les deux organisations ont lancé des actions bien différentes. La Peep, qui avait invité le 25 mars G. de Robien, a lancé une pétition contre le blocage des établissements.
La Fcpe propose aux parents un modèle de lettre pour contester auprès des autorités académiques d’éventuelles sanctions qui seraient prises par des chefs d’établissement contre des lycéens absents pour manifestation.
L’Unapel, qui regroupe des parents de l’enseignement privé appelle au dialogue. » Il faut d’urgence… retrouver le chemin de la confiance qui est nécessairement celui du dialogue ».
http://www.fcpe.asso.fr/article.aspx?id=495
http://www.peep.asso.fr/actualite.php?id_actu=73&PHPSESSID=ad59612f724e3a77af2147b30e47e1ab
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060327092703.tj4umewa.html
28 Mars
La France en grève mardi 28 mars
Le Snuipp estime à 60% le taux de grévistes dans le primaire, avec des pointes à 80% dans certains départements (Dordogne, Puy-de-Dôme par exemple). Douze organisations syndicales (Cgt, Cfdt, Fo, Cgc, Fsu, Unsa, Unef, Confédération étudiante, Fidl, Unl) appellent à la grève interprofessionnelle. Plus de 130 manifestations sont prévues dans toute la France. La plus importante pourrait partir de la Place d’Italie à Paris à 14 h 30. Les transports, la poste, EDF devraient être perturbés ainsi que les banques, la métallurgie, les télécoms. Pour les anti-CPE la journée devrait être décisive.
http://actu.voila.fr/Article/mmd–francais–journal_internet–une/060327055705.bm6oma5q.html
Des manifestants par millions
1 055 000 manifestants selon l’Intérieur, plus de 3 millions selon les syndicats : l’intersyndicale Cgt, Cfdt, Fo, Unef, Cftc, Fsu, Unsa, Solidaires, Unl, Fidl a relevé le défi. Les cortèges anti-cpe ont accueilli près de deux fois plus de manifestants que le 18 mars. Le cortège parisien a réuni entre 300 000 et 700 000 personnes. On notait dans ses rangs de nombreux lycéens (la moitié des lycées parisiens étaient fermés) et professeurs. Participation énorme également en Province : à Marseille de 30 000 à 250 000 manifestants, Bordeaux de 30 à 100 000; Lille et Nantes de 40 à 60 000; Nancy, Rennes et Grenoble Toulouse de 20 à 50 000; Rouen, Lyon, Limoges et Pau de 20 à 40 000.
« Nous sommes plus de 3 millions aujourd’hui dans les rues, c’est historique, il est impensable que le premier ministre reste arc-bouté sur sa position » déclare au Monde le secrétaire général de la CGT. Pourtant D. de Villepin construit son personnage de présidentiable dans le costume du chef d’une droite inflexible.
Celle-ci veut-elle endosser l’habit ? Il semble que non. Selon l’AFP, les députés UMP, par la bouche de leur président de groupe, appellent le gouvernement et les syndicats au dialogue.
Du côté syndical, Gérard Aschieri (FSU) parle d’aveuglement « On est devant une mobilisation d’ampleur exceptionnelle, ce qui nous permet de dire qu’il y aura des suites. Si le Premier ministre ne prend pas la mesure de ce qui se passe dans la population, il va au devant d’une crise sociale d’ampleur… Un tel aveuglement me laisse pantois. »
Le reportage du Café
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/CPE_280306_index.aspx
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-755248@51-725561,0.html
Dépêche AFP
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060328120117.1gr5glg8.html
Grève et fermetures d’établissement
Selon le ministère de l’éducation nationale, 42% des professeurs des écoles étaient en grève le 28 mars, 42% des professeurs en collège, 37% en lycée et 32% en lycée professionnel. Le Snuipp estime lui que 60% des professeurs des écoles ont fait grève. De toute façon ces chiffres sont très supérieurs à ceux du 7 mars : selon le ministère, 15% en lycée, 16% en collège et 11% dans le primaire.
Un lycée sur trois (1372) est officiellement touché par le mouvement ainsi que 69 universités (sur 83). Pour Karl Stoeckel (UNL), « plus de la moitié des lycées sont bloqués en France. La mobilisation va s’amplifiant, on a encore beaucoup de marge avec les lycéens. Villepin devra réagir après cette journée, il ne peut pas être en décalage avec ce qui se passe dans le pays ».
Dépêche AFP
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060328170334.us6ie1b8.html
Communiqué
http://www.education.gouv.fr/actu/element.php?itemID=20063281111
Dépêche AFP
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060328132003.y871bxtq.html
La manif du 28 mars
Photos et morceaux choisis de la manifestation du 28 mars.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/CPE_280306_index.aspx
31 Mars
J. Chirac choisit la stratégie du désordre
» Le Parlement, les élus de la Nation, ont voté la loi sur l’égalité des chances et le Conseil constitutionnel vient de juger cette loi en tout point conforme aux principes et aux valeurs de la République. En démocratie, cela a un sens et doit être respecté. C’est pourquoi j’ai décidé de promulguer cette loi mais aussi parce que je pense que le contrat première embauche peut être un instrument efficace pour l’emploi. Mais j’ai entendu également les inquiétudes qui s’expriment, chez de nombreux jeunes et chez leurs parents. Et je veux y répondre. C’est pourquoi je demande au Gouvernement de préparer immédiatement deux modifications de la loi sur les points qui ont fait débat. La période de deux ans sera réduite à un an. En cas de rupture du contrat, le droit du jeune salarié à en connaître les raisons sera inscrit dans la nouvelle loi. Enfin, je demande au Gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’en pratique, aucun contrat ne puisse être signé sans intégrer pleinement l’ensemble de ces modifications ».
Le discours présidentiel du 31 mars a-t-il une chance d’apaiser la rue ? Dès le 31 au soir des manifestations spontanées, hostile au CPE, ont éclaté dans les grandes villes françaises. Le Monde publie les réactions, « irritées », des organisations syndicales. Pour l’éducation retenons celles-ci. « Ubuesques », c’est l’adjectif utilisé par la FCPE pour qualifier les propos présidentiels. « Après avoir récusé toute idée de retrait d’une loi votée par le Parlement au motif du respect des institutions, le Président de la République promulgue la loi en demandant qu’elle ne soit pas appliquée ». L’association de parents d’élèves appelle donc les parents à manifester le 4 avril. Pour le Snes, « le Président de la République ne répond pas à l’attente des millions de jeunes, de salariés et de citoyens qui sont dans l’action pour le retrait du CPE. Décidant de promulguer la loi, il rejette l’exigence portée massivement par le mouvement en cours. Il a même développé un nouveau plaidoyer en faveur du CPE. De façon contradictoire, il propose de ne pas appliquer la loi et de la modifier immédiatement ! Pourquoi alors promulguer ce texte ? ». Pour Karl Stoeckel, de l’UNL, premier syndicat lycéen, « »cette promulgation va renforcer la mobilisation et la radicalisation du mouvement… On continue, le gouvernement reste isolé et Jacques Chirac est déconnecté de la jeunesse et de la population ».
Les syndicats organisateurs de la journée d’action du 4 avril, Unef, Cé, Unl, Fidl, Cfdt, Cfe Cgc, Cftc, Cgt, Fo, Fsu, Solidaires, Unsa, maintiennent l’appel à manifester et à faire grève le 4 avril. Ils doivent se rencontrer lundi 3 avril.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-756936@51-734527,0.html
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060331222124.6lraijzg.html
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=2049
2 avril
La loi « pour l’égalité des chances »est promulguée
Le Journal Officiel du 2 avril publie la « loi pour l’égalité des chances » qui devient donc exécutoire. Du fatras que constituent les 52 articles du texte (qui concernent aussi bien les cafetiers que le code des impôts), trois points concernent directement l’Ecole.
La loi institue l’apprentissage dès l’âge de 14 ans (article 2). Elle instaure le Contrat Première Embauche (CPE) (article 8). Enfin elle crée le « contrat de responsabilité parentale » (article 48). » En cas d’absentéisme scolaire, tel que défini à l’article L. 131-8 du code de l’éducation, de trouble porté au fonctionnement d’un établissement scolaire ou de toute autre difficulté liée à une carence de l’autorité parentale, le président du conseil général, de sa propre initiative ou sur saisine de l’inspecteur d’académie, du chef d’établissement d’enseignement, du maire de la commune de résidence du mineur, du directeur de l’organisme débiteur des prestations familiales ou du préfet, propose aux parents ou au représentant légal du mineur un contrat de responsabilité parentale ou prend toute autre mesure d’aide sociale à l’enfance adaptée à la situation. Ce contrat rappelle les obligations des titulaires de l’autorité parentale et comporte toute mesure d’aide et d’action sociales de nature à remédier à la situation… Lorsqu’il constate que les obligations incombant aux parents ou au représentant légal du mineur n’ont pas été respectées ou lorsque, sans motif légitime, le contrat n’a pu être signé de leur fait, le président du conseil général peut : 1° Demander au directeur de l’organisme débiteur des prestations familiales la suspension du versement de tout ou partie des prestations afférentes à l’enfant ».
Ce texte, présenté « pour l’égalité des chances », est globalement contesté par de nombreux mouvements éducatifs pour qui il stigmatise et menace les familles populaires et instaure davantage d’inégalité sociale.
http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=SOCX0500298L
4 fédérations de l’Education appellent à la grève le 4 avril
» Ignorant totalement la mobilisation exceptionnelle du 28 mars avec d’importants taux de grévistes dans l’Éducation et la Recherche publique, le gouvernement continue envers et contre tous de maintenir le CPE. Les provocations du ministre de l’Éducation, minimisant la mobilisation ou voulant rouvrir des établissements scolaires par la force ne peuvent qu’aggraver la situation ». Quatre fédération de l’éducation, Ferc-Cgt, Fsu, Sgen-Cfdt et Unsa Éducation, » appellent l’ensemble des personnels de l’Éducation et de la Recherche publique à une nouvelle grève et aux manifestations avec les jeunes et les salariés le 4 avril ».
Communiqué
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article.php3?id_article=1055
4 Avril
Le printemps des anti-Cpe
Plus fort que le 28 mars ! Les manifestations du 4 avril ont réuni 935 000 manifestants hors Paris selon la police, plus de 3 millions selon les syndicats ! Le discours du président de la République, les menaces du ministre de l’éducation nationale n’ont fait qu’augmenter la mobilisation.
A Paris, la manifestation a réuni autant de monde que le 28 mars (entre 350 et 700 000). Marseille a connu un énorme cortège d’environ 250 000 personnes. A Bordeaux et Nantes ils étaient de 50 à 110 000; à Nancy, Rennes et Toulouse de 25 à 50 000; à Grenoble 30 à 60 000; et à Lyon, Clermont-Ferrand et Rouen de 15 à 50 000. Le Havre, Tours, Poitiers, Angers, Perpignan ont aussi connu des cortèges imposants (de 10 à 20 000). Manifestations aussi à La Réunion avec de 5 à 12 000 personnes.
Le taux de grévistes est lui légèrement en recul mais reste important. Le ministère annonce 24% de grévistes en lycée (contre 39% le 28 mars), 27% en collège (41%), 28% dans le primaire (43%). La Fsu indique un taux moyen de 42% (56%), le Se-Unsa de 45% et le Snuipp pour le primaire parle de 50% (60%).
Ce mardi 4 avril, 60 universités étaient bloquées ou perturbées (sur 84. ) ainsi que 559 lycées, selon le ministère. Des chiffres en progression. Pendant ce temps, les premiers CPE étaient signés par des employeurs. Le Cpe n’est pas abrogé…
Article du Monde
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-734511,36-757737@51-725561,0.html
Une carte
http://www.lemonde.fr/web/infog/0,47-0@2-734511,54-757969@51-725561,0.html
Les réactions
« La première réponse c’est d’abroger le CPE si on veut revenir à un pays qui ouvre le dialogue social, et organiser l’entrée des jeunes dans le monde du travail » a déclaré à l’AFP le président de la Fcpe, M. Dupon-Lahitte. Pour Tristan Rouquier (Fidl), « nous restons sur la seule et même voie : continuer à manifester jusqu’à son retrait ». François Chérèque, de la CFDT, estime que « on voit bien que le gouvernement et les politiques sont en train de lâcher, il faut aller jusqu’au bout ». Pour Jean-Claude Mailly (FO), « il faut que le Cpe soit zappé. Il faut qu’ils dévoilent leurs positions rapidement pour ne pas qu’ils nous amènent jusqu’au mois de mai parce qu’alors ce serait une entourloupe ».
Selon l’Unsa Education « le gouvernement est désormais dessaisi du dossier. Les parlementaires du parti majoritaire à l’Assemblée nationale sont érigés, faute de mieux, en interlocuteurs des partenaires sociaux. Un seul message leur est adressé par l’ensemble des organisations : pour sortir de la crise, le CPE doit être retiré. Il faut cesser de louvoyer et d’utiliser, afin de ne pas contrarier des ambitions personnelles, les faux semblants ». Le Snes propose des Etats Généraux de la jeunesse. « Le SNES propose avec la FSU qu’une fois l’abrogation du CPE décidée, soient organisés des Etats Généraux pour l’avenir de la jeunesse qui permettraient de discuter et traiter tous les problèmes posés à l’occasion de la crise du CPE comme de celle des banlieues, notamment l’emploi, la formation et la qualification des jeunes. Le SNES s’adressera dans ce sens aux groupes parlementaires ».
http://actu.voila.fr/Depeche/ext–francais–ftmms–emploieducation/060404130450.funr5t9b.html
http://www.snes.edu/snesactu/article.php3?id_article=2054
Vos photos des manifestations
De Toulon à Dunkerque, en passant par Amiens, la ville dont le maire est G. de Robien, vos photos des cortèges anti-CPE le 4 avril. Des barbus vénérables aux jeunes filles en fleur, tout un peuple dans la rue… Un grand merci et un coup de chapeau aux photographes.
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/CPE_040406_index.aspx
Des mises en perspective
Alain Touraine
» Deux crises graves viennent de se succéder presque coup sur coup et on ne voit pas pourquoi la décomposition ne s’accélérerait pas ». Dans Le Figaro, Alain Touraine estime que » La plupart des embauches de jeunes concernent des emplois précaires ; le CPE n’y fait pas exception ; même s’il ouvre une possibilité de solution, mais qui est laissée à la seule décision de l’employeur. On ne peut cependant pas dire qu’il aggrave la situation actuelle… La vérité est que la France et ses gouvernements successifs se sentent impuissants devant les problèmes d’éducation. Cette impuissance est une des raisons pour lesquelles s’est tellement répandue l’idée que notre société est divisée entre deux camps dont les intérêts et les objectifs sont inconciliables : ceux qui défendent l’économie de marché, le capitalisme et la globalisation s’opposent nécessairement à la recherche de la justice sociale et aux luttes contre l’inégalité ».
Pour lui, « il faut, certes, résoudre les problèmes un par un, par des compromis, des reculs ou des remises à un avenir indéfini des problèmes qui semblent insolubles. Mais il faut en même temps comprendre que la France – et donc chacun de nous – court de graves dangers, s’isole dans une pensée et des méthodes dont tous nos voisins se sont débarrassés depuis longtemps ».
http://www.lefigaro.fr/debats/20060324.FIG000000186_eviter_le_face_a_face_de_l_etat_police_et_des_citoyens_emeutiers.html
François Dubet
Dans Ouest-France, François Dubet évoque « l’incroyable hypocrisie du système scolaire piège les jeunes… L’école ne tient plus ses promesses. Depuis trente ans, faire des études passe pour être la meilleure garantie contre le chômage. Mais cela dépend du diplôme que l’on obtient. Les filières « de masse », lettres-sciences humaines et sociales-langues-droit, ne marchent que pour une minorité, ceux qui vont au bout du parcours ».
Et il prône son ouverture au monde. « Soit elle est capable de se saisir de cette culture zapping, soit elle reste cantonnée au Lagarde et Michard et considère que le reste du monde est barbare. Or, le reste du monde propose une puissance, une jouissance, un sentiment de liberté face auxquels le monde scolaire est toujours perdant. D’ailleurs, dans les bons établissements, les élèves vivent avec un ordinateur du matin au soir ».
http://www.ouest-france.fr/ofmagazine.asp?idDOC=290192&idCLA=3639
DSK et Rocard proposent
« L’emploi des jeunes passe par une réforme en profondeur de notre système éducatif. Dans une économie de la connaissance, la clé de la réussite, c’est la capacité à apprendre, la « capacité cognitive ». Elle s’acquiert dès la petite enfance. C’est pourquoi j’ai proposé la création d’un service public de la petite enfance, sur le modèle nordique. L’autre clé, c’est le niveau de qualification. La France est très en retard : seulement 25% d’une classe d’âge est diplômée de l’enseignement supérieur, contre 50% aux Etats-Unis, 80% en Corée. Nous investissons peu dans l’enseignement supérieur : à peine 1.4% de notre richesse nationale, contre 3% aux Etats-Unis… Nous continuons à former les contremaîtres de l’usine de 1945, pas les cadres et les ingénieurs du monde de demain. C’est une véritable révolution éducative que nous devons mettre en oeuvre : démocratisation de l’enseignement supérieur et concentration financière prioritaire sur l’université ». Sur son blog, Dominique Strauss-Kahn propose « une alternative au CPE ». Outre l’effort éducatif, il s’agit d’un triptyque : « ne laisser aucun jeune sur le bord de la route grâce un contrat de transition vers l’emploi ; développer de façon massive la formation en alternance ; inciter par la fiscalité les entreprises à embaucher des jeunes ».
Pour Michel Rocard « le sauvetage de l’Europe et celui de nos emplois et de notre cohésion sociale sont un seul et même combat. Il est urgent de le comprendre et de le livrer. Faute de quoi, la société de la peur aura eu raison de toutes nos espérances depuis un demi-siècle, et de notre destin ». Pour lui la lutte contre la précarité ne peut plus se livrer au niveau national. » A vouloir régler en France le problème de la précarité contemporaine du travail, on s’interdit de la combattre là ou il le faudrait, c’est-à-dire au niveau mondial et en usant de l’énorme puissance potentielle de l’Europe. Cette précarité du travail, elle est à l’évidence le fruit de la mutation profonde qu’a subi le capitalisme depuis trente ans… (Ces évolutions) font du droit du travail une peau de chagrin, du travail une marchandise dont il faut abaisser le coût et des travailleurs des objets interchangeables dont le besoin de sécurité n’est qu’un empêchement à faire du profit. Tel est l’étau dont il faut se dégager. Mais ce jeu pervers est mondial. Vouloir s’en dégager par l’isolement national, c’est à coup sûr ne plus pouvoir exporter, s’attirer la défiance des marchés financiers, voir sa propre croissance locale ralentie et son chômage augmenter. Personne ne peut se le permettre… La seule bataille qui ait du sens c’est de modifier la régulation du système. Limiter les paradis fiscaux, contrôler strictement les OPA, donner plus grand poids aux salariés et aux syndicats dans les décisions des entreprises, limiter par la taxation le champ de la spéculation, relancer la croissance par un endettement sage et limité puisque l’Europe n’a pas de dettes, telles sont quelques pistes qu’il est urgent d’explorer ».
http://www.blogdsk.net/
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-755756,0.html
Jean Baudrillard : Place aux événements voyous (Libération du 14 avril 2006)
» Rendons grâce à M. de Villepin de se sacrifier sur l’autel du pouvoir, non seulement par ambition personnelle mais pour faire la preuve qu’il y a encore du pouvoir, et en sauver l’idée, dans une scène politique en pleine décomposition. Et, dans son cas, cela est d’autant plus pathétique qu’il le fait au nom du libéralisme mondial, celui-là même qui, justement, met fin un peu partout à l’exercice du pouvoir proprement politique. En face, et c’est toute l’ironie de la situation, les jeunes et les étudiants se battent eux aussi pour sauver une vieille idée, celle de la révolte, et laisser croire qu’il y a encore, au fond de cette société stagnante et croupissante, dont les seuls idéaux sont devenus ceux du confort, de la performance et de la sécurité, une force vive et irréductible, de refus et de subversion. Mais le plus drôle et le plus pathétique là aussi, c’est qu’ils le font en revendiquant exactement les modèles de vie et de société, de programmation économique de travail et d’existence qui sont à l’origine de l’ennui et du désenchantement de cette même société.
Donc, à ce niveau d’interprétation, le bilan est plutôt consternant : on a affaire à un événement farce, où l’un se joue le mélodrame du pouvoir et les autres, celui de la révolte, sans que personne fasse véritablement figure d’acteurs historiques ».
http://www.liberation.fr/page.php?Article=374785
Félouzis, Fize et Roudet dans La Croix
La Croix du 14 mars interroge trois sociologues, Michel Fize, Georges Felouzis et Bernard Roudet, sur la signification du mouvement anti-CPE.
« Il faut parler d’individualisation plutôt que d’individualisme. L’individualisme renvoie à une attitude qui pourrait s’exprimer comme suit : “Je ne pense qu’à moi et je suis prêt à marcher sur les pieds des autres pour arriver.” Ce n’est pas le cas de cette génération. Mais elle a tendance à faire des choix et à affirmer ses valeurs en dehors de ce que pourraient vouloir leur imposer les institutions traditionnelles que sont la famille, l’école, l’Église ou les organisations politiques. De ce point de vue, on assiste, c’est vrai, à une certaine déconnexion intergénérationnelle.
Cela ne veut pas dire pour autant que les jeunes ne sont pas engagés et qu’ils n’ont pas une forme de conscience collective. Leur prise de distance avec le monde politique les a rendus paradoxalement souvent plus compétents sur les grands problèmes de société et de relations internationales. Mais leur système de valeurs est plus hétérogène et leur engagement prend des formes différentes. Ce n’est plus un engagement à long terme fondé sur la défense d’un idéal. Il est plus ponctuel, plus axé sur un projet particulier, et prend une forme essentiellement protestataire avec une recherche d’efficacité immédiate ».
http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2261866&rubId=4076