L’intégration des TIC en éducation et en particulier dans le monde scolaire est depuis longtemps un bon révélateur des problèmes que rencontrent ceux qui oeuvrent quotidiennement dans leur classe. Moyens, formation, temps, accompagnement sont parmi les quatre plus fréquentes récriminations des enseignants dès lors qu’un changement est annoncé.
L’observation des pratiques quotidiennes montre que les choses sont plus complexes et qu’il faut mettre en système et en contexte ces demandes. Il suffit de regarder ce que d’aucuns appellent les « bonnes pratiques » après avoir parlé souvent « d’innovations réussies » pour se rendre compte que celles-ci sont très difficiles à généraliser, voire simplement à partager, parfois au sein même de l’établissement scolaire. Dès lors que vous observez une réussite on s’étonne de voir que les moyens, la formation, le temps, et l’accompagnement ne sont ni meilleurs ni pires que dans d’autres lieux qui eux ne parviennent pas à cette même réussite.
C’est le cas pour le B2i qui, depuis bientôt six années, intègre lentement le système scolaire. La prochaine refonte du référentiel, sur lequel le ministère avait invité à se prononcer en ligne, devrait donner de sérieuses indications sur les axes privilégiés, mais ne résoudra pas, malgré toutes les bonnes volontés, d’un seul coup toutes les réticences.
C’est pourquoi le Café Pédagogique ouvre jusqu’au début de l’été un blog dédié au B2i. Vous êtes invités à y exprimer vos hésitations, vos essais, vos réussites, vos difficultés. ( http://www.cafe-b2i.net )
Il nous a semblé important, au moment où B2i et C2i concernent l’ensemble de l’enseignement scolaire et universitaire, de permettre une expression publique sur ce qui se fait dans les établissements, et surtout un partage, une mutualisation des pratiques. Certes ce qui a marché ici ne marche pas forcément là, mais c’est toujours enrichissant de comprendre ce qui dans un contexte donné à permis une réussite, ou a généré un échec voire une frustration. Vous êtes donc invité à participer à ce blog.
Au-delà de cette opportunité, questionnons l’arrivée du socle de compétence pour la rentrée prochaine, dont le B2i a été en quelque sorte un prototype. Il est intéressant de rechercher comment mettre en place cette approche, certes controversée dans la forme, mais dont le fond fait depuis longtemps débat en France et ailleurs, comme le socle commun de Belgique francophone mis en place en à la fin des années 90.
Développer cette approche semble mettre en tension deux approches contradictoires de l’enseignement et de l’apprentissage. Au-delà de cette opposition, c’est la recherche d’une amélioration de la qualité des systèmes éducatifs qui est en jeu et le maintien d’un réel niveau d’exigence. Toutefois les chemins peuvent être variés, mais le but, en terme de société est bien le même : permettre une intégration des jeunes dans les meilleures conditions possibles.
Les récentes rencontres francophones sur le E-portfolio ont implicitement été un révélateur d’une tendance qui traverse l’ensemble du monde de l’enseignement et de la formation et plus largement de l’éducation : « permettre à chacun de valoriser ses compétences ». Les notions de socle de compétences, de compétences de base, de compétences clés, évoquées dans différents pays et dans les instances internationales (OCDE, UNESCO, Union Européenne) convergent pour construire un paysage global. Chaque personne disposerait de repères pour elle-même (je sais ce que je sais faire) mais aussi pour les autres (ce que je peux dire que je sais faire et que je peux proposer aux autres).
Aux deux extrémités de ces logiques, auxquelles le E-portfolio apporte un prolongement technique important (diffusion, continuité, souplesse) on trouve d’une part les « Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs » (chers à Claire et Marc Heber-Suffren : http://www.mirers.org/ ) et les nouveaux systèmes de gestion sociale (le site Viaduc http://www.viaduc.com/connexion/ ). Des deux côtés un échange et une mutualisation, la question fondamentale étant de savoir au service de quel projet humain et social.
Bruno Devauchelle