Bibliographie
« Le sans-culotte est le résultat d’une transformation complexe du Peuple de Paris, par une expérience politique dont l’étude sociologique prouve les variations… Ce que permet de comprendre Burstin, c’est comment on devient sans-culotte, c’est-à-dire comment a pu se vivre une notion protéiforme qui échappe aux définitions rigoureuses et aux catégories prédéfinies. » Dans sa préface à » L’invention du sans-culotte », Daniel Roche met en évidence l’intérêt du travail de Haim Burstin.
Depuis Soboul, l’historiographie française a enfermé le sans-culotte dans un schéma social précis, celui de l’artisan menacé par la montée de la bourgeoisie capitaliste. Haim Burstin a longuement travaillé sur le faubourg Saint-Marcel auquel il a consacré une thèse remarquable. C’est en se basant sur ce travail très documenté qui revisite l’image du sans-culotte. Pour lui, « le sans-culotte est… une abstraction, un personnage artificiel, une sorte d’idéal-type, conçu et élaboré dans le laboratoire de la politique en vue de représenter par métonymie un peuple idéal… Il parvient à jouer un rôle d’homogénéisation au niveau populaire en aplanissant des contrastes qui se manifestent justement sur le plan économique et social… (Il) accomplit une autre fonction de grande importance : celle de fournir aux couches populaires un modèle d’identification ».
Pour H. Burstin, notre sans-culotte parisien est une sorte d’habitus politique; « un moule inventé par les élites révolutionnaires pour contenir le mouvement populaire parisien ». C’est davantage un produit révolutionnaire qu’une avant-garde. A l’appui de sa thèse, H. Burstin peut citer les héros de Saint-Marcel, tel Stanislas Lazowski, ancien gentilhomme polonais, inspecteur des manufactures royales devenu héros du quartier au point que Robespierre supervisa son enterrement. Pour H. Burstin il y a du Tartuffe chez les héros révolutionnaires…
Dans cette optique, la question des relations entre le sans-culotte, les élites politiques et le peuple devient centrale. H. Burstin avait consacré une bonne partie de sa thèse aux relations entre le Faubourg et le pouvoir central et mis en évidence le rôle clé joué par les leaders de quartier. Il nous invite également à analyser leurs relations avec les intellectuels et à réfléchir à la naissance et aux usages de la violence révolutionnaire.
L’ouvrage fait plus qu’éclairer la période révolutionnaire : il recadre à la fois le phénomène révolutionnaire et l’apprentissage de la politique en France.
Haim Burstin, L’invention du sans-culotte. Regards sur le Paris révolutionnaire, Paris, Odile Jacob, 2005, 234 pages.
Sur Parutions.com
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A voir également :
Haim Burstin, Une révolution à l’oeuvre : le faubourg Saint-Marcel (1789-1794), Seyssel, Champ Vallon, 2005, 989 pages.