L’ordre donné par le ministre de l’éducation nationale aux proviseurs de rouvrir les lycées, y compris en usant de la force, a été rarement appliqué. Par exemple à Paris un seul établissement, le lycée Fénelon, a été dégagé par la police sans incidents. Mais l’annonce a réussi à réunir lycéens, parents et chefs d’établissement. Ainsi Le Monde signale en Seine Saint-Denis tel proviseur qui ne prévoit d’obéir qu’à un ordre écrit ou tel lycée où les parents se sont spontanément mobilisés à 8 heures pour protéger leurs enfants contre une éventuelle intervention policière. Selon le ministère, 556 lycées et 58 universités restaient bloqués ou perturbés jeudi 30 mars.
Le pire a peut-être eu lieu à Nantes où une milice parentale a attaqué violemment un piquet de grève lycéen. Dans un communiqué, le président du Conseil régional des Pays de la Loire, Jacques Auxiette, dénonce les « provocations de certains leaders de la droite et en premier lieu du ministre de l’Education Nationale qui appellent les parents à contre manifester contre les étudiants en grève ». Estimant la situation « explosive », il demande au président de la République d’intervenir. « Il est indispensable de trouver des solutions permettant aux jeunes d’avoir leur place dans la société. Manifestement le CPE n’est pas à la hauteur de l’enjeu et les conditions dans lesquelles le gouvernement l’a élaboré et imposé le condamnaient d’entrée. Il est indispensable aujourd’hui de l’abandonner et, en concertation avec les organisations syndicales et professionnelles, de reprendre l’ensemble de ce dossier pour apporter des réponses de nature à redonner confiance à la jeunesse ».
Bertrand Delanoë, maire de Paris, a manifesté également ses inquiétudes. « En demandant aux proviseurs de rouvrir tous les lycées, quitte à recourir à l’intervention de la police et à affronter les jeunes manifestants, le Gouvernement a pris un risque irresponsable. Je l’invite à revenir à plus de lucidité… Je m’inquiète profondément de cette tension croissante ».
Un peu partout en France, les cortèges lycéens et étudiants ont bloqué des voies de communication : gares, autoroutes, rocades. La police est parfois intervenue, ainsi à Paris où le responsable de l’UNL a été arrêté un moment. De provocation en incident, le conflit se radicalise et s’aggrave. C’est la stratégie retenue par le gouvernement.
Article du Monde
Le Monde : témoignage d’un proviseur