« Il ne fait aucun doute que ces résultats, même limités d’un point de vue géographique, doivent déboucher sur des décisions de politique de santé publique intégrant des mesures sociales fortes ». C’est que l’enquête publiée par l’Institut de veille sanitaire fait honte à la France.
Selon cette étude, réalisée auprès d’un millier de bénéficiaires de l’aide alimentaire, » 46 % des personnes interrogées déclaraient avoir assez à manger mais pas toujours les aliments qu’elles souhaitaient, et 49,6 % déclaraient ne pas avoir assez à manger, parfois ou souvent ». L’enquête révèle également les carences alimentaires dont souffrent les habitués de l’aide alimentaire (l’aide alimentaire est la première source d’approvisionnement des bénéficiaires, la durée moyenne d’utilisation de l’aide alimentaire est de 25 mois). Seulement 1% des bénéficiaires ont une consommation conforme au programme national nutrition santé en ce qui concerne les fruits, 9% pour les produits laitiers. La moitié des bénéficiaires n’a pas une ration conforme de viande ou de poisson.
Les pauvres le payent donc par une santé dégradée. « La description de l’état nutritionnel des personnes recourant à l’aide alimentaire… montre une situation défavorable pour une proportion élevée des sujets, en ce qui concerne de nombreux facteurs de risque de maladies chroniques. Les résultats de notre étude confirment les prévalences élevées du surpoids et de l’obésité chez les femmes de faible statut socio-économique par rapport au reste de la population ; la proportion d’obésité chez les femmes était deux à trois fois supérieure aux proportions observées en population générale ».
« Compte tenu du nombre élevé de personnes considérées comme pauvres en France (en 2003, selon l’Insee, entre 3,7 millions et 7,1 millions selon le seuil utilisé), le problème de leur état nutritionnel constitue une réelle priorité dans les actions de santé publique » affirme l’enquête. Elle invite donc également à revoir l’organisation même de l’aide alimentaire. » Alors que l’aide alimentaire n’est généralement pas conçue pour subvenir à l’ensemble des besoins nutritionnels, les personnes y recourant la décrivent, que ce soit dans le volet épidémiologique ou socioanthropologique, comme étant leur source d’approvisionnement quasi-unique ».
http://www.invs.sante.fr/beh/2006/11_12/beh_11_12_2006.pdf