» Ces spécialistes vous ont-ils dit que c’est raisonner de façon trop « globale » de penser que l’application de la méthode analytique est une chose facile et sans danger ? Utilisée sans expérimentations préalables, elle risque de renforcer les inégalités et de créer une école à trois vitesses encore plus inégale que l’actuelle. Ne faisons pas comme Gribouille qui, pour éviter la pluie, décide de se jeter à l’eau. Pensons aux 40% du milieu de la classe que nous appelons les « pourraient mieux faire », chez lesquels on risque d’accroître des fonctionnements mécaniques et l’illusion d’un savoir lire. Pensons aux 8 ou 10 % d’enfants candidats à l’illettrisme pour lesquels on risque d’approfondir le sentiment de fossé qui les sépare des autres. On compte habituellement sur la vertu de la répétition des exercices. C’est méconnaître qu’ils peuvent avoir des effets plus pathogènes que bénéfiques. Il ne suffit pas d’exiger pour obtenir ». Dans une Lettre ouverte au ministre, Jacques Lévine, Geneviève Chambard et Bernard Delattre font part de leurs inquiétudes devant l’approche ministérielle de l’apprentissage de la lecture.
Ils demandent autre chose : « Ce que nous proposons, Monsieur le Ministre, c’est qu’en premier lieu les enseignants soient formés à la relation, qu’ils sachent comment se construit le Moi d’un enfant, qu’ils soient, au cours de leur carrière, constamment accompagnés pour qu’ils puissent comprendre pourquoi ils ont souvent l’impression, au cours des situations d’apprentissage, de se trouver dans des impasses, devant des murs et dans une grande solitude, face à des difficultés pour lesquelles on ne les a pas préparés ». L’Association des groupes de soutien au soutien (Agsas) réunit des enseignants, des pédagogues et des analystes.
Agsas