Ils sont nombreux à trouver dangereuse et liberticide l’alliance de la science et de la politique.
Ouest-France titrait le 10 mars: « Enfants turbulents : une étude qui fâche. L’Inserm consacre une étude à la détection précoce des troubles de conduite chez les enfants. Le document plait à Nicolas Sarkozy pour son plan de lutte contre la délinquance. »
Le journaliste Bernard Solleu rapporte les inquiétudes des milieux médicaux.
En effet, dans un communiqué du 8 mars, le syndicat des médecins scolaires (SNMSU) s’indigne: les médecins scolaires travaillent depuis des années à l’accueil des enfants avec des besoins particuliers: handicaps, maladies chroniques, difficultés scolaires, souffrance psychique, troubles de conduite…[…]Mais ils ne veulent pas être les auxiliaires d’une police sociale ou médicale et à une utilisation politique de l’expertise de l’Inserm. Ils resteront vigilants face à tout usage déviant de leurs missions ».
Le sénateur PS Jean-Pierre Sueur condamne dans une tribune de Libé du 9 mars le recours aux conclusions de la science pour asseoir des décisions ou projets politiques: méthode de lecture, prévention de la délinquance. Il dénonce:« il s’agit de présenter des choix politiques singuliers comme découlant nécessairement d’une vérité scientifique dont l’évidence s’imposerait absolument. Ce néoscientisme gouvernemental est inquiétant parce qu’il instrumentalise la science au profit de thèses qui sont autant de choix politiques a priori qui ne résultent en rien de données scientifiques qui sont produites comme des justifications a posteriori ».
http://www.ouest-france.fr/offaitjour.asp?idDOC=286723&idCLA=3631
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2005/09/index230905.aspx
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/
D’un rapport Benisti à l’autre
Vaste et insaisissable projet qui traîne de tiroirs en commission parlementaire depuis 2003: la prévention de la délinquance.
Du rapport préliminaire Benisti de 2004, à la version définitive de septembre 2005, le projet prend forme et soulève bien des indignations dans les milieux médicaux, sociaux et éducatifs.
Principe retenu: « Nous devons sortir de l’ aspect simplement social et caritatif de la prévention pour mettre en place une politique ambitieuse fondée sur une politique d’ intérêt général et de résultats ».
Un des moyens de cette politique, « l’échange d’information »: « La politique de prévention doit remplir un objectif d’efficacité qui passe par le renforcement des échanges d’information entre les différents acteurs qui entourent les jeunes : les parents, le corps enseignant, les éducateurs, les élus locaux, la police… . »
Et cet échange d’information bouleverse un des piliers de la confiance patiemment tissée entre les travailleurs sociaux, mais pas uniquement eux! et les personnes suivies: le secret professionnel. En effet, le rapport énonce: « Beaucoup de structures existent et pourraient servir une politique efficace si elles entraient en contact les unes avec les autres, au lieu de vivre chacune indépendamment sans jamais mutualiser ses informations : Il faut redéfinir la notion de secret professionnel et créer une culture du secret partagé. »
Les mesures-phare proposées par le rapport sont de l’ordre du dépistage et de la médicalisation des comportements difficiles.
Pour l’école, quelles sont les principales propositions ? «nous proposons donc de constituer un groupe de coordination d’aide et de suivi de l’enfant le GCASE composé d’un équipe comprenant, un pédopsychiatre affecté à l’établissement scolaire, le médecin scolaire ou l’infirmière, le chef d’établissement, le conseiller d’éducation, l’assistante sociale de rattachement, le représentant du corps enseignant, la directrice du CCAS, et pour chaque cas l’enseignant de l’élève concerné.»
Rapport Benisti 2004:
http://cirdel.lyon.free.fr/IMG/pdf/rapport_BENISTI_prevention.pdf
Le rapport Benisti, septembre 2005:
http://www.abri.org/antidelation/IMG/pdf/RAPPORT_BESNISTI.pdf
Le rapport de l’INSERM, septembre 2005: http://ist.inserm.fr/basisrapports/trouble_conduites/trouble_conduites_synthese.pdf
http://www.pasde0deconduite.ras.eu.org/