« D’après les chercheurs de l’Inserm, les délinquants en puissance sont à rechercher en couches-culottes et en culottes courtes, dès la crèche et la maternelle. Voleurs de cubes, tireurs de cheveux, gamins présentant, dixit l’institut, une froideur affective, une tendance à la manipulation, des signes de cynisme, de l’indocilité et même un « indice de moralité bas », tous ces affreux bambins doivent être listés, testés et traités, on ne sait comment d’ailleurs. Et si on soignait d’abord les adultes capables de telles énormités ? » C’est court mais incisif ! Dans Le Monde, Eric Fottorino renvoie les bons docteurs de l’Inserm à leurs éprouvettes.
Il fait allusion au rapport de l’Inserm sur « le trouble des conduites » présenté par L’Expresso le 23 septembre dernier. Un rapport en effet inquiétant. Inspiré par une école nord-américaine, il analyse des faits sociaux comme des symptômes maladifs et n’hésite pas à envisager le fichage et le « suivi » d’un dixième de la population. Une perspective qui fait vraiment froid dans le dos. Mais le rapport inspire une partie de la droite qui, avec N. Sarkozy demande le dépistage des enfants déviants.
Dans Libération, le pédopsychiatre Bernard Golse s’en inquiète. » Certes, c’est important de repérer des enfants à risque, le problème c’est la distinction entre prévention et prédiction. Personne au monde ne peut prédire qu’un enfant de 3 ans qui présente des troubles des conduites sera un délinquant douze ans plus tard. Ce saut épistémologique est inacceptable. Les tocs, les troubles des conduites correspondent à des descriptions comportementales alors que la délinquance est un concept compliqué. Pas seulement médical mais aux confins du juridique, de l’éducatif, du sociologique. La délinquance n’est pas une maladie en soi, c’est seulement la description d’une situation. Dire que l’on peut prédire le passage de l’un à l’autre est extrêmement abusif ». Il est un des premiers signataires de la pétition « Pas de 0 de conduite ».
Tribune du Monde
Article de Libération
Rappel : L’Expresso du 16 février